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A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, j'ai voulu en savoir davantage sur la relation complexe de la France avec le bloc de l'Est et les efforts du Général, dès avant la fin de la seconde guerre mondiale, pour redonner à la France son rang de grande puissance, malgré la défaite de 1940.

Dans une perspective de temps long, l'intérêt du livre est de confronter la vision et l'expérience de De Gaulle quant à la permanence des Etats et des Nations, et de rappeler les fondements de la relation séculaire - et changeante voire complexe - entre la France et la Russie.

Le premier voyage du général en URSS se déroule du 24 novembre au 11 décembre 1944.

La négociation est engagée sur la fixation des frontières occidentales de l'Allemagne, la représentativité du gouvernement polonais de Lublin affidé à Moscou, et marquée par les interférences de Churchill qui souhaite imposer un pacte tripartite.

Le général a bien perçu la nature terrible des rapports de Staline avec ceux qui l'entourent et qu'il terrorisait. Mais il reste ferme. Un pacte sera signé aux dernières heures de la visite, et sera bien accueilli. La France, grâce à cette négociation, retrouve une place indiscutée dans le monde. Mais ça, c'était avant. Avant Yalta où la France n'est pas conviée car Roosevelt continue à fermer à la France la porte des « grands ».

Après le retour du général en 1958, le monde communiste a changé, mais selon lui, aucune idéologie ne dissimule la permanence de la Russie éternelle dont il admire l'histoire, la culture, le patriotisme exceptionnel, sans oublier qu'elle est aussi un pays communiste, dominateur et impérialiste.

Le rapprochement avec l'Allemagne d'Adenauer irrite Khrouchtchev. Il veut briser cette entente en remettant en cause le statut de Berlin, 10 ans après l'épisode du blocus et du pont aérien.

Le rapprochement avec l'URSS intervient lorsque De Gaulle retire la France du commandement intégré de l'OTAN (en 1966), tout en conservant l'alliance comme ultime précaution. De Gaulle entreprend alors une politique de relations bilatérales avec les pays de l'Est tout en dotant la France de la puissance nucléaire. Il veut montrer aux Etats-Unis comme à l'URSS que la France agit de son propre chef et non comme « second » des Etats-Unis.

Il est convaincu que toutes les négociations avec l'URSS sont vaines car elle ne connaît que le coup de force – comme l'érection du mur de berlin en 1961. Rien n'a changé depuis … le général pressent les tiraillements au sein du bloc de l'est : en Roumanie, Pologne, Tchécoslovaquie … et surtout en Chine.

Le second voyage du général en 1967 sera triomphal, mais il ne reconnaitra jamais la RDA en tant qu'Etat. En revanche, il est très impliqué dans la diffusion du procédé français de télévision en couleurs SECAM auquel la RFA s'oppose … La politique gaullienne de détente va inspirer Kiesinger et aussi Willy Brandt dans son « Ostpolitik », ouvrant une voie favorable au dépassement des idéologies, un modèle de « soft power » pour déstabiliser Yalta.

L'analyse à long terme du Général était fondée sur la certitude que les mentalités et les sentiments profonds des hommes et des peuples sont les principaux leviers de l'histoire, et non la pure compétition de puissance et de moyens matériels.

Une analyse toujours d'actualité pour ce qui concerne le conflit russo-ukrainien …

 
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Livre très intéressant, capable de conter et commenter des événements survenus il y a plus de 70 ans avec une précision et une vision de leur enchaînement d'une grande pertinence.
Trois parties qui voient le général De Gaulle confronté à des interlocuteurs russes complexes et dangereux, Staline d'abord, puis Khrouchtchev et enfin Brejnev , chacun secondé par leur état-major.
Hélène Carrère d'Encausse sait mettre en perspective ces trois relations exceptionnelles avec un homme, d'abord démuni en 1940, mais déjà convaincu de son devoir pour la France, puis par la suite, établi dans une dimension déjà historique qui lui permettait de tenir le rang de la France. Elle analyse également avec un oeil perspicace les intérêts des russes à chaque époque et la manière dont De Gaulle a souvent réussi les concilier avec ceux de la France.
Enfin, elle dépeint le visionnaire qui, il y a plus de cinquante ans, anticipait l'avenir du bloc soviétique et les enjeux européens. Dommage que ceux qui lui ont succédé en France, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Russie n'ait pas revêtu la dimension de ces géants du XXème siècle.
Un livre excellent qui se dévore comme un roman passionnant dont on ne se lasse à aucun instant.
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Hélène Carrère d'Encausse, avec le talent que nous lui connaissons, nous livre là un ouvrage très précieux sur la politique du général De Gaulle avec l'URSS.

Ennemi de tous les totalitarismes, De Gaulle est un réaliste et un pragmatique : il doit cependant discuter avec l'URSS.

En 1944, il a pour principal souci de faire entrer la France dans le "club" des vainqueurs du nazisme. Nous savons que pour De Gaulle la France était tout. Son honneur, son avenir étaient entre ses mains à la fin de la Seconde guerre mondiale. Il va donc rencontrer Staline, et malgré la paranoïa, la cruauté du dictateur soviétique, il va négocier pour les intérêts de la France.
Son grand regret sera l'absence de la France à la réunion de Yalta.

Il rencontrera également, dans les années 50 et 60, Kroutchev et Brejnev pour des échanges concernant tant la paix dans le monde, les échanges commerciaux que la culture.

Hélène Carrère d'Encausse nous relate avec précision l'organisation des voyages de de Gaulle en Russie et les voyages des dirigeants soviétiques en France, ainsi que la teneur des discussions.

Un excellent livre d'Histoire.
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Qui n'a pas entendu ou lu cette célébrissime phrase « L'Europe, de l'Atlantique à l'Oural » prononcée par le général de Gaulle le 14 juin 1963 ? Ces mots prémonitoires nécessitaient une explication et le diplomate Hervé Alphand avait obtenu des précisions : « Pour que cette Europe soit possible, il faut de grands changements. D'abord que l'Union Soviétique ne soit plus ce qu'elle est, mais la Russie. Ensuite, que la Chine menace ses frontières orientales, donc la Sibérie. Et que peut-il advenir dans un certain nombre d'années ? La formule permet de montrer aux Russes que la création d'une union européenne occidentale n'est pas dirigée contre eux, n'est pas un acte de guerre froide ; elle entretient un certain espoir chez les Allemands de l'Est, les Tchèques, les Polonais, les Hongrois. Elle ne constitue cependant qu'une anticipation historique ».

Anticipation historique, on ne peut dire mieux ! De Gaulle aura été l'un des bâtisseurs de la chute de l'empire soviétique au début des années 90. le fondateur de la V° république a vu le mur de Berlin s'ériger en août 1961, l'un de ses successeurs, François Mitterrand, le verra s'effondrer en novembre 1989 aux côtés de l'initiateur de la perestroïka, Mikhaïl Gorbatchev. C'est « le triomphe de l'idée de De Gaulle » comme le souligne si justement Hélène Carrère d'Encausse.

L'académicienne part sur le constat historique des relations tumultueuses entre la France et la Russie, avec cette mauvaise image de ce pays dans les yeux des Français, et ce, depuis le duc de Sully ou, plus tard, d'Astolphe de Custine avec son ouvrage pamphlétaire sur Nicolas Ier « La Russie en 1839 », pour revenir sur l'actualité qui remet en avant la Russie dans le « nouveau désordre mondial », les Etats-Unis n'étant plus le seul et unique pays à pouvoir prendre des décisions. Ainsi, elle interpelle indirectement le président actuel, Emmanuel Macron, sur la nécessité de renouer avec la politique de l'illustre général à l'heure où résonnent quelques sons de guerre froide avec Vladimir Poutine.

Le document revient sur les heures intenses des échanges et des points de vue de Charles de Gaule avec ses homologues soviétiques : Joseph Staline, Nikita Khrouchtchev et Léonid Brejnev. de refroidissements à l'entente parfois quasi cordiale, De Gaulle n'a cessé de projeter l'avenir tout en garantissant la France et ses alliés d'une paix à long terme. Ses difficultés à entretenir des relations amicales avec l'Angleterre et les Etats-Unis ont sans aucun doute privilégié une forme de relative confiance de la part des soviétiques. Malgré la visite de Khrouchtchev en 1960 (l'auteure signale que la dernière d'un chef d'état russe remontait en 1896 avec Nicolas II) il faudra attendre 1966, année charnière avec le début de la transformation du paysage politique est/ouest, l'un des évènements principaux étant notamment le retrait partiel de la France au sein de l'Otan.

Hélène Carrère d'Encausse offre une brillante leçon d'histoire pour la géopolitique d'aujourd'hui, avec un regard objectif sur De Gaulle : autoritaire, visionnaire mais certainement pas naïf. En 1969, il quitta le pouvoir avec amertume, avec des regrets mais la certitude qu'il avait vu juste sur « la nécessité de briser le monde des idéologies ».

Reste maintenant à espérer que cesse un jour ce tissage de la toile de Pénélope entre la France et la Russie…

Lien : http://squirelito.blogspot.f..
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Décevant !
Avec un tel sujet, un tel personnage et un tel auteur, je m'attendais à un livre passionnant.
Eh bien pas du tout ...
C'est long ) lire malgré le faible volume de pages. Les phrases n'en finissent pas comme les chapitres.
Cela donne peu à penser, peu à réfléchir, sauf peut-être la conclusion en 5 pages.
Mais cela reste maigre...
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Au cours de ce parcours qui s'étend sur plusieurs décennies, notre Charles a pratiqué trois époques et trois dirigeants, de Staline à Brejnev (on serait curieux de sa pratique de Poutine !). Pour comprendre les enjeux et la portée visionnaire du personnage, l'auteur replace les événements dans le contexte international : deuxième guerre mondiale, guerre froide, guerre “tiède”… On y voit un homme imbibé de culture historique qui lui donne une vision à long terme qui lui a permis de ne pas se tromper, l'Histoire a jugé, en sa faveur. On n'aura pas la méchanceté de le comparer avec nos politicards actuels !
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