Quand on risque de perdre quelque chose, on n'arrive pas à se faire une raison. Quand on risque de tout perdre, on s'aperçoit qu'en réalité on n'a rien à perdre...
La salle n° 13 de la morgue était le cercle des dormeurs.
Elle se trouvait au quatrième et dernier sous-sol, l’enfer glacé des salles frigorifiques. L’étage était réservé aux cadavres sans identité. Les visites y étaient rares.
Calmann-Levy, P.72
"Par certains aspects, les livres constituaient un lest pour rester ancrée à la vie, parce qu'ils avaient une fin.
Peu lui importait qu'elle soit heureuse ou non, cela restait un privilège dont ne jouissaient pas toujours les histoires dont elle s'occupait au quotidien.
Et puis, les livres étaient un excellent antidote au silence parce qu'ils remplissaient son esprit des mots nécessaires pour combler le vide laissé par les victimes. Surtout, ils représentaient une échappatoire. Sa façon de disparaître.
Elle se plongeait dans la lecture et tout le reste - y compris elle-même - cessait d'exister.
Dans les livres, elle pouvait être n'importe qui.
Ce qui revenait à n'être personne.
Quand elle rentrait chez elle, seuls les livres l'accueillaient."
De toute façon le malheur des autres ne nous intéresse que quand il nous renvoie au nôtre…
Comme dans un flash, elle avait vu les quatre corps, le sang sur les murs et sur le sol, s'étalant comme une tache d'huile. Elle avait senti l'odeur. Ce miasme féroce qui semble nous reconnaître et nous dire, moqueur, qu'un jour notre mort aura la même odeur.
Le truc pour passer inaperçu était de se faire remarquer.
Au lieu de forcer la confession ou de la lui extorquer, il s'était mis à son niveau et avait transformé la discussion en bavardage. Le secret de son succès résidait en un simple constat.
Les gens n'aiment pas parler mais, sans aucun doute, ils aiment être écoutés.
On nous apprend à compter les secondes, les minutes, les heures, les jours, les années...mais personne ne nous explique la valeur d'un instant
L'amour contamine tout par le souvenir. L'amour est une radiation.
Les livres représentaient un excellent antidote au silence parce qu'ils remplissaient son esprit des mots nécessaires pour combler le vide laissé par les victimes. Surtout, ils représentaient une échappatoire. Sa façon de disparaître. Elle se plongeait dans la lecture et tout le reste - y compris elle-même - cessait d'exister. Dans les livres, elle pouvait être n'importe qui. Ce qui revenait à n'être personne.
(NDR : Elle = Mila, flic du service des personnes disparues, "les Limbes".)