Citations sur Pourquoi nous aimons les femmes (13)
La plus merveilleuse femme au monde est celle qui vous aime vraiment et que vous aimez également. Rien d'autre ne compte.
(page 133)
Nous ne sommes pas des objets mais des processus. Je suis finalement ma propre recherche de moi-même. J'existe parce que je me recherche je ne me cherche pas pour me trouver : le fait que je me cherche moi-même et le signe que je me suis déjà trouvé.
(page 99)
D. n'était pas très intelligente, beaucoup la prenaient carrément pour une oie et ils compatissaient théâtralement aux insuccès de notre relation. Elle n'était pas du tout fidèle non plus. Au contraire, elle flirtait avec les autres jusqu'à l'exaspération et elle me faisait toujours, avec sadisme, le rapport de ses rencontres. Mais, comme rêveuse, elle jouait dans une catégorie supérieure à la mienne et m'écrasait à chaque confrontation. Jamais, chez personne (including Nerval, Jean-Paul et tous les autres susnommés) je n'ai trouvé de rêve plus... forts, plus structurés, à la présence terrestre de lourdes pattes de lion et toutefois construits sur les nuages et l'azur. Quand elle me racontait un rêve, je le visualisais avec tant de détails qu'il me semblait, plus tard, l'avoir rêvé moi.
(page 21)
La voute était inclinée, soutenue par le mur aveugle et noir du château. En dehors de cette zone maçonnée rectangulaire et sombre, le ciel débordait d'étoiles. C'était écrasant, il y avait plus de points de lumières que d'ombre entre eux, saupoudrés de manière diffuse, tassés dans un coin, plus espacés ailleurs, concentrés en taches de lumière ou dissous dans l'air glacé. Un froid terrible s'était abattu, et pourtant nous ne nous hâtions pas vers la porte d'entrée. Nous demeurions là, près de la voiture, à regarder ce ciel lumineux et magique, ce cosmos courbé sur la terre parfaitement sombre. Des glaçons et des icebergs de lumière glissaient là haut, ils se brisaient au dessus de nos têtes.
L'orgasme est au corps physique ce que le bonheur est à notre corps spirituel. C'est la sensation brève et accablante, l'illumination que recherchent les mystiques et les poètes. On ne peut être heureux pendant des jours ou des années entières. Pas même quelques heures de suite. Dostoïevski le décrit comme un prélude à l'épilepsie, Rilke parle de son "comble": c'est la beauté à la limite du supportable, au-delà de laquelle commence la douleur. Goethe a peut être eu la meilleure intuition des critères du bonheur: nous sommes réellement heureux lorsque nous voulons arrêter le temps, conserver l'instant pour toute l'éternité.
Nous faisons l'amour avec un cerveau d'adulte, mais nous aimons avec un cerveau d'enfant, confiant, dépendant, désireux de donner et de recevoir de l'affection.
Dans les dix années qui suivirent, j'ai du sentir au moins sept ou huit fois, en divers endroits, le parfum qui me dispersait la cervelle. [...] Chaque fois, je me disais que j'allais courir après la fille au parfum aussi enivrant et monstrueux, la prendre par l'épaule, la retourner et lui demander: "D'où on ce connait?" ou "Comment s'appelle votre parfum ?" ou "Voulez vous m'épouser?", toutes questions qui me semblaient, dans mon exaltation, parfaitement équivalentes.
La fille n''était pas belle, mais elle représentait l'exacte image sensible de la beauté. Il m'est impossible de dire si elle était seulement un objet esthétique, dépourvu de toute psychologie, ou si au contraire, elle n'était que psychologie, irréelle, projection des regards fascinés de ceux qui l'entouraient.
D'une certaine manière, notre vie prend un sens quand, dans la suite interminable de moments ordinaires, ternes, tristes, honteux, indignes, misérables et ennuyeux dont chacune de nos vies est faite, s'allume cependant, à plusieurs reprises ou une seule fois, la touchante étincelle du bonheur.
Je me souviens d'une blague stupide de mon enfance qui définissait la femme comme "ce à quoi on s'accroche quand on fait l'amour". Sans intimité réelle, la femme autant que l'homme est cela, au sens littéral : une sorte de barre d'exercice de gymnastique. Cela peut parfois être distrayant (surtout pour les hommes), comme se bercer sur une balançoire, mais c'est une manière primitive, gamine, frustrante, de faire l'amour. En fait, nous n'arrivons réellement à la maturité sexuelle qu'en vivant un étrange solipsisme à deux qui nous fait dire : il n'existe dans tout l'univers que deux êtres qui font vraiment l'amour : mon aimée et moi