Animé d’un désir mimétique, un réformateur opère des choix entre différents modèles à sa disposition. Néanmoins, l’imitation ne conduit jamais à une exacte duplication du modèle initial mais toujours à une reproduction plus ou moins fidèle. En effet, la véritable mise en pratique d’un modèle de réforme suppose son adaptation aux réalités locales et son acclimatation aux particularités du pays récepteur. Dès lors, les réformes inspirées de la physiocratie contrastent fortement avec ses spéculations abstraites et sont rarement à la hauteur des réussites promises par les disciples de Quesnay.
Circulant à travers des lieux et des époques différents, les textes de l’école [des physiocrates] n’importent pas avec eux les circonstances particulières de leur création et sont alors réinterprétés en fonction du contexte propre à leur réception. Ces acclimatations et appropriations de certains concepts physiocratiques, isolés de leur champ de production originel, peuvent même être mises au service d’objectifs politiques radicalement différents de ceux pour lesquels ils ont vu le jour.
Au mépris du temps et des frontières, les idées innovantes s’émancipent des limites contextuelles de leur création pour partir à la conquête du monde.