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Citations sur Poesie (50)

La montre de Kafka (Kafka’s Watch, 1986)


J’ai un boulot pour un petit salaire de 80 couronnes, et
huit à neuf heures infinies de travail par jour.
Je dévore le temps hors du bureau comme une bête sauvage.
J’aimerais pouvoir être assis sur une chaise dans un autre
pays, et regarder par la fenêtre des champs de canne à sucre
ou des cimetières mahométans.
Je ne me plains pas tant du travail que de
la torpeur du temps marécageux. Les heures de bureau
ne peuvent pas se fractionner! Je sens le poids
de la totalité de ces huit ou neuf heures même dans la dernière
demi-heure de la journée. C’est comme voyager en train
jour et nuit. A la fin on est complètement
écrasé. On ne pense plus du tout à l’effort
de la locomotive, ni aux collines ni
à la plaine mais on attribue tout ce qui arrive
à sa seule montre. La montre que l’on tient continuellement
dans la paume de sa main. Que l’on secoue. Et porte lentement
à son oreille avec incrédulité.

***
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Dans le silence soudain, la petite chambre
s’emplit d’une étrange solitude, tandis qu’il lui séchait ses larmes.
Elle devint semblable à toutes les autres petites chambres de la Terre
où la lumière a du mal à pénétrer.

Des chambres où les gens hurlent et se blessent l’un l’autre.
Et ressentent après coup douleur, et solitude.
Incertitude. Le besoin de consolation.

(p.261)
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Dimanche soir

Sers-toi des choses qui t’entourent.
Cette petite pluie
De l’autre côté du carreau, et d’une.
Cette cigarette entre mes doigts,
Ces pieds sur le divan.
Ce faible écho de rock and roll,
La Ferrari rouge dans ma tête.
La femme soûle qui titube
Et se cogne ça et là dans la cuisine…
Mets-y tout ça,
Sers-t’en.

(p.427)
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Le grenier

Son cerveau est un grenier où les choses
se sont entassées au long des années.

De temps en temps elle montre son visage
aux petites fenêtres près du faîte de la maison.

Le triste visage de celle qui est restée enfermée
et qu'on a oubliée.

(p.465)
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Ce mot amour

Je n'irai pas quand elle appellera
même si elle me dit et
surtout si elle dit,
Je t'aime,
même si elle jure
et ne promet rien
que l'amour l'amour.

La lumière dans cette chambre
couvre toute
chose également ;
même mon bras ne projette pas d'ombre,
lui aussi est consumé de lumière.

Mais ce mot amour -
ce mot devient sombre, deveint
lourd et s'ébroue, se met
à ronger, en frissonnant et se convulsant
un chemin à travers ma feuille
jusqu'à ce que nous aussi nous estompions dans
sa gorge transparente sans cesser
d'être fendus, luisants, hanche et cuisse, tes
cheveux défaits qui ne connaissent
nulle hésitation.
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Est-ce que je revivrais ma vie ?
Commettrais les mêmes erreurs impardonnables ?
Oui, à la moindre occasion. Oui.

(p.59)
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les jours semblaient passer seulement pour revenir / encore. Comme lorsqu'en rêve on pense, / J'ai déjà fait ce rêve-là. // Rien, de ce qui se produit, ne demeurera. / Avec son couteau il pela / une pomme. La pulpe blanche, corps / de la pomme, s'assombrit / et vira au brun, puis au noir, / sous ses yeux. Le visage exténué de la mort ! / La vitesse foudroyante du passé.
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on passait tous les quatre cet après-midi-là ensemble. / Caroline racontait son rêve. Elle s'était réveillée / en aboyant cette nuit-là. Et avait découvert son petit chien, / Teddy, à côté du lit, qui la regardait. / Celui qui était son mari à l'époque / la regardait aussi pendant qu'elle racontait son rêve. / Écoutait attentivement. Et même souriait. Mais / il y avait quelque chose dans ses yeux. Une façon / de regarder, et un regard. On l'a tous eu... / Il était déjà amoureux d'une autre femme / qui s'appelait Jane, mais je ne juge personne. / Ni lui, ni Jane, personne. Chacun a / raconté un rêve. Moi, je n'en avais pas. / J'ai regardé tes pieds, l'un contre l'autre sur le canapé, / en pantoufles. Tout ce que j'ai pensé à dire, / sans le dire, c'est que ces pantoufles étaient encore tièdes / un soir quand je les ai ramassées / là où tu les avais laissées. Je les ai posées près du lit. / Mais un édredon tomba et les recouvrit / pendant la nuit. Le lendemain matin, tu les as cherchées / partout. Puis tu t'es écriée vers le rez-de-chaussée, / «J'ai trouvé mes pantoufles !» n'est qu'une petite chose, / je le sais, et c'est entre nous. N'empêche, / ce n'est pas rien. Ces pantoufles égarées. Et / ce cri de délice. / Peu importe que ça se soit passé / voilà un an ou plus. Ç'aurait pu être / hier, ou avant-hier. Qu'est-ce que ça change ? / Le délice, et un cri.
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ce matin je me suis éveillé au son de la pluie / sur la vitre. J'ai compris / que depuis longtemps déjà / j'ai choisi le vice quand / j'avais le choix. Ou alors, / simplement, la facilité toute bête. / Plutôt que la vertu. Ou la difficulté. / Cette façon de penser survient / lorsque j'ai été seul des jours durant. / Comme en ce moment. À passer des heures / dans l'abrutissement de ma propre compagnie. / Des heures et des heures / fort semblables à une petite chambre. / Avec un bout de carpette pour tout chemin.
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ce matin, c'était quelque chose. Un peu de neige / sur le sol. Le soleil flottant dans un clair / ciel bleu. La mer était bleue, et bleu-vert, / à perte de vue. / A peine une ride. Le calme. Je me suis habillé / pour aller / me promener - résolu à ne pas rentrer / avant d'avoir engrangé ce que la nature avait à offrir. / Je suis passé devant de vieux arbres penchés. / J'ai traversé un champ caillouteux / semé de congères. Ai poursuivi / jusqu'à la falaise. / D'où j'ai contemplé la mer, et le ciel, et / les mouettes virant au-dessus de la plage blanche / loin en contrebas. Tout était ravissant. Tout / baignait dans une froide / et pure lumière. Mais, comme d'habitude, mes / pensées se sont mises à vagabonder. J'ai dû me / contraindre / à voir ce que je voyais / et rien d'autre. J'ai dû me dire voilà / ce qui compte, pas le reste. (Et je l'ai bel et bien vu, / l'espace d'une minute ou deux !) Une minute ou deux / cela n'a pas laissé de place aux rêvasseries / habituelles sur / ce qui est bien, et ce qui est mal - le devoir, / les tendres souvenirs, la pensée de la mort, / comment je devrais traiter / avec mon ex-femme. Toutes les choses / dont j'espérais être débarrassé ce matin. / Les trucs avec lesquels je vis tous les jours. Ce que / J'ai dû piétiner piétiner pour rester en vie. / Mais une minute ou deux j'avais réussi à oublier / moi-même et tout le reste. Je le sais. / Car en rebroussant chemin je n'ai plus su / où j'étais. Jusqu'à ce que des oiseaux s'envolent / des arbres noueux. Et filent / dans la direction qu'il me fallait prendre.
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