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Godland tome 1 sur 1

Tom Scioli (Illustrateur)
Image Comics (07/02/2006)
5/5   1 notes
Résumé :
This is how it all began! The cosmic superhero epic is back and this collection is chock-full of all the "cosmic" you could ask for! Experience the glory of Commander Adam Archer, the enigmatic alien Maxim, the wacky Basil Cronus, the evil Discordia, the confusing Freidrich Nickelhead and that's just scratching the surface! If you want cosmic, we've got cosmic!
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Ce tome est le premier d'un récit complet en 6 tomes. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2005, écrits par Joe Casey, dessinés et encrés par Tom Scioli, avec une mise en couleurs de Bill Crabtree.

De nos jours, sur Terre, le centre spatial Kennedy (à Cap Canaveral) a détecté la chute d'un corps céleste sur Terre. Ils préviennent l'armée. Un général relaie l'information à la Tour de l'Infini à New York, pour qu'Adam Archer se rende sur place et utilise ses fabuleux superpouvoirs pour prendre la mesure de ce mystère. Sur place (en Chine), il découvre qu'il s'agit d'un extraterrestre dont la forme évoque celle d'un chien géant.

La prise de contact est brutale mais semble s'acheminer vers une compréhension mutuelle, quand arrive Basil Cronus (une tête flottant dans un bocal relié à un corps mécanique), bien décidé à capturer l'extraterrestre par la force, pour l'asservir. Dans sa forteresse arctique, Discordia retient captif Crashman (un superhéros) et le soumet à la torture régulièrement.

À la découverte de la couverture (et en feuilletant l'intérieur), le lecteur est frappé par l'aspect graphique qui ressemble de très près à du Jack Kirby en mode cosmique. le lecteur identifie facilement les emprunts faits aux dessins de Kirby. le premier qui saute aux yeux est les points d'énergie (Kirby crackles), ces gros points noirs assemblés en agrégat qui évoquent l'énergie bouillonnante qui habite certains personnages, ou qu'ils émettent.

De même, le lecteur reconnaît les ombres portées aux formes plus conceptuelles que réalistes, les bouts de doigts carrés, et les postures de personnages (le bras tendu en avant vers le lecteur). Il y a aussi le registre limité des expressions de visage, avec la bouche entrouverte, le vide de l'espace encombré par des corps céleste sphérique, la forme de l'extraterrestre qui évoque Lockjaw (le chien des Inhumains), la forme simplifiée des canons des armes à feu, la combinaison antiradiation des scientifiques (qui évoquent les combinaisons de l'AIM), etc.

À la lecture, il apparait des différences notables, comme les ombres portées conceptuelles inexistantes sur les décors (alors que très présentes chez Kirby), la représentation de la technologie (plus concrète chez Scioli, plus abstraite chez Kirby), les piercings d'Angie Archer (impensable chez Kirby), les épaules hypertrophiées (tics graphiques spécifique à Scioli). de même Scioli développe plus ses arrières plans que Kirby. Par contre c'est avec plaisir que le lecteur constate que Scioli n'a pas peur de faire sourire ses personnages, comme pouvait le faire Kirby.

Du point de vue du récit, Joe Casey emprunte tout autant à Jack Kirby, qu'il s'agisse des éléments de science-fiction de la série Fantastic Four, ou de l'influence de "2001, l'odyssée de l'espace" (film de Stanley Kubrick, dont Jack Kirby avait réalisé l'adaptation en comics). L'influence de Kirby ne s'arrête pas là. Casey a également repris les modalités narratives telles que les personnages qui parlent à haute voix pour expliquer ce qu'ils font et leurs motivations, quelques bulles de pensée (pas très nombreuses), et un langage un peu écrit et emphatique.

Oui, mais pourtant ce n'est pas du Jack Kirby des années 1970, ou 1980. Tom Scioli ne donne pas entièrement le change. C'est comme s'il maîtrisait le vocabulaire de la langue Kirby, sans en maîtriser totalement la grammaire. Ça ressemble à du Kirby, mais ça n'a pas le goût du Kirby, ce qui au final est plutôt un compliment qu'un reproche. Scioli réalise des dessins mémorables : des pas d'Adam Archer sur le sol de Mars, à la tête flottante dans son bocal de Basil Cronus, en passant par l'assurance arrogante de Discordia.

À condition de supporter cette apparence très années 1970, le lecteur se plonge confortablement dans un récit dont il connaît les codes sur les bouts des doigts. C'est comme de revêtir un vieux pull, ou de s'installer dans son vieux canapé un peu défraîchi. Il sourit même devant ce bouton d'appel au secours, dissimulé dans la botte de Crashman.

Derrière cette tonalité globalement d'un autre âge, le lecteur commence par être saisi de l'intensité de certaines séquences. Casey et Scioli ne font pas que rendre hommage à Jack Kirby, ils s'abreuvent à la même source d'inspiration que lui. Ils transcrivent avec la même intensité que lui l'émerveillement un peu terrifié du cosmonaute sur Mars, saisi par la conscience de la beauté de l'univers et par son insignifiance et sa fragilité d'être humain. Même dans les affrontements physiques, les auteurs capturent l'énergie de Kirby, montrent l'implication totale des combattants dans l'instant présent, et la réalité du danger qu'ils affrontent.

Enfin presque parce qu'il y a un ou deux clin d'oeil indiquant que les auteurs jouent avec les conventions des comics de superhéros. Il peut s'agit de cette flottant dans un bocal, avec toujours une forte inclinaison, lui donnant une allure comique. Il y a également Friedrich Nicklehead en train de manger du popcorn devant sa télé, pendant le procès de Discordia. Ils ne se moquent pas des personnages qu'ils mettent en scène, ou des conventions des comics. Ils montrent qu'ils savent qu'ils s'adressent à des adultes, eux-mêmes conscients du caractère enfantin des comics de superhéros.

Néanmoins, Casey et Scioli ne se cantonnent pas à réaliser un comics de superhéros à la manière de Jack Kirby (ce qui n'est déjà pas une mince affaire). Ils conservent leur propre identité, ce qui aboutit à un comics qui est à ranger dans les hommages récits, et non dans les plagiats insipides. En outre, ils développent plusieurs thèmes sur la base d'opinions différentes de celles exposées par Kirby dans ces comics.

Cela commence avec ce conclave de têtes flottantes qui ont donné des pouvoirs à Adam Archer, qui ont artificiellement accéléré son évolution pour le faire passer au stade supérieur. Pris au premier degré, il s'agit d'une intervention similaire à celle du monolithe dans "2001 l'odyssée de l'espace". Mais par la suite, les auteurs pointent du doigt le côté anthropocentrique du dispositif, accordant une importance démesurée à la race humaine, par le biais d'un cadeau désintéressé.

Il y a également les tortures infligées par Discordia qui sonnent faux, et qui sont justifiées par une inclination à faire le mal (une motivation classique et idiote dans les comics de superhéros). L'issue du procès montre que ces motivations n'ont que peu de poids face à un criminel endurci. Casey s'amuse également beaucoup avec Maxim (l'extraterrestre dont la forme évoque celle de Lockjaw) car il est capable de lire les motivations réelles et intimes de chaque personnage, disant tout haut ce qu'ils préfèreraient rester tu.

Par le biais de ces exagérations ou de ces remarques, Joe Casey interroge les conventions des comics de superhéros, non pas en s'en moquant, mais en les rendant apparentes. Il incite le lecteur à être critique face à ces éléments auxquels il attribue sa suspension consentie d'incrédulité de manière mécanique à la lecture de comics de superhéros. Il ne s'agit pas d'une déconstruction à proprement parler puisque Casey utilise ces conventions au premier degré. Il s'agit plus de leur redonner du sens grâce à un point de vue conscient de ce qu'elles sont.

Joe Casey et Tom Scioli réalise un hommage impressionnant aux comics de Jack Kirby, appartenant au registre de la science-fiction. Cet hommage fait honneur au maître, et il contient également des idées propres aux auteurs qui explorent les en douceur les conventions admises des comics de superhéros.
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