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En refermant ce roman, je m'étonne des bonnes évaluations qu'il a reçues. Mais bon, deux lecteurs deux avis, d'autres ont su lui trouver un charme que j'y ai cherché en vain.
J'ai pourtant aimé l'écriture, clairement plus poétique que romanesque. Mais je l'ai trouvée un peu creuse, et un peu vain l'usage symbolique que l'autrice fait de la ponctuation.
Inventer des prénoms à des personnages du Paléolithique, normal, mais en revanche les surcharger d'accents et de trémas, pourquoi, mais pourquoi ? (Je me suis crue chez les Mamounes de la Ligue des officiers d'état-civil*).
Quant à l'histoire… On est au Paléolithique, dans la région de Vallon-Pont-d'Arc peut-être. Maÿtio, une Néandertalienne seule et gravement blessée, retrouve la force de vivre dans sa fascination pour une jument pleine de vitalité. Abritée dans une grotte, elle commence à tracer le profil de l'animal sur les parois.
L'histoire est invraisemblable, là est le problème. Raconter la naissance de l'art, c'est beau, mais la science s'accorde à la placer dans une société nombreuse, prospère, organisée, où l'on a pu dégager du temps pour d'autres activités que la simple survie : le contraire d'une personne seule.
Et puis, une Néandertalienne ? Il reste beaucoup de choses à découvrir sur Néandertal sans doute, mais les peintures rupestres sont toutes les oeuvres de Sapiens, là-dessus il n'y a pas de contestation me semble-t-il.
Bref, malgré ses qualités d'écriture, une oeuvre qui m'a déçue.
Challenge Départements (Haute-Vienne)
*La Ligue des officiers d'état-civil recense les prénoms et les orthographes les plus improbables attribués à de malheureux bébés.
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Il y a exactement un an, je rédigeais mon avis séduit sur Aÿmati, roman traçant un fil entre un clan néandertalien d'il y a 30000 ans et un monde de plus en plus en perdition dans les années 2000 et 2030-2040. J'ai découvert ces jours-ci avec bonheur la Femme-Maÿtio. Béatrice Castaner narre l'histoire de ce personnage central dans la vie de son clan, rencontré dans le premier opus : celle qui, portée par des divinités relevant des Furies et des Parques du monde gréco-romain, crée l'art rupestre.

Le récit se fait mythe des origines, création du monde, naissance de l'art, puissance de la représentation, adoption dans le quotidien préhistorique. de nouveau, le phrasé de l'autrice, se jouant parfois des règles de syntaxe et de ponctuation, au style imagé et au léger souffle épique, m'a emportée et envoutée dans cet autre temps. Mon seul conseil pour en prendre la mesure est que vous tentiez l'expérience !
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La Femme-Maÿtio est un livre-hommage aux Néanderthaliens disparus il y a 30 000 ans sans qu'on sache vraiment pourquoi. Sapiens serait-il responsable ?
Béatrice Castaner place les femmes et les arts au centre de son roman. C'est une merveille d'originalité, de beauté, de poésie. Elle ne cache rien des violences, des peurs, des souffrances endurées pourtant elle fait la place belle à l'Humain, au Partage, à la Spiritualité.
Son premier roman m'avait un peu décontenancée. Ici j'ai laissé le flot de poésie m'emporter et comme je regrette d'avoir déjà fini, je crois que je vais le relire dans la foulée.
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Majestueux, d'une écriture millénaire au souffle rare. le Femme-Maÿtio est un récit grotte ancestrale, époustouflant.
Le détenir est lumière. le lire c'est vivre. Retourner la terre noble et s'émouvoir des racines qui résistent au temps. Dans cet entre monde littéraire Béatrice Castaner oeuvre à la beauté. D'une dualité raffinée, ce récit mi -conte mi -légende en touches mémorielles est un chant langoureux. Une incantation pour la première femme. Symbole fécondée par trois déesses. Maÿtio est seule. Dans cet espace où ne surgit que le néant, les bêtes sauvages, l'hostile aux abois. Hymne Néandertal, la trame est une envolée de chevaux sauvages, de puissance et de grâce. « Maÿtio reste ainsi des heures à l'arrêt, à aiguiser son regard à la vie du troupeau, à éprouver la sérénité des chevaux sous la brise du matin, leurs craintes aiguës à l'odeur furtive d'un prédateur et leur puissance dans les brusques galops à la tombée du jour. » L'émotion est vive. L'attrait, une ferveur. Béatrice Castaner délivre une histoire dont on se souviendra toujours. Ce culte travaillé à l'orée d'une préhistoire qui devient flammes et attentions. « Elle fixe cette trace qu'elle vient de laisser sur la pierre et ne comprend pas encore le geste accompli. » Maÿtio résiste aux proies des ténèbres, apprivoise les chevaux, retourne dans la matrice fécondante et nourricière. Première femme qui dessine sur les parois d'une grotte enfantant sa destinée. Tracés d'une existentielle survivance. La parabole fait pleurer. L'art est résurrection. Béatrice Castaner délivre l'emblème d'une transmission où s'entrechoquent le vide du Néandertal et les prémices des sensations et des sens. « Jusqu'au soir, ils tracent, gravent, dessinent, effacent, recommencent, jusqu'à ce que le mouvement prenne vie. Maÿtio se tient avec Seÿna, Oùmlan, Néjh, et les guide dans leur apprentissage. » Maÿtio libre, sachant lire le devoir de mémoire avant tous. Métaphore du sceau invincible, gravures sur les roches, filigranes historiques. « La Femme-Maÿtio » est le pictural d'orfèvre. Un récit initiatique, superbe, inoubliable, poétique. L'humanité est un feu de joie. Nos regards se tournent vers ces fresques immortelles. Ce grand livre est une louange à l'art, à la préhistoire. Publié par les majeures Editions Serge Safran.
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Merci aux Editions Serge Safran et à Masse Critique de Babelio pour cette lecture épatante !
Pour apprécier pleinement ce roman parfois un peu déroutant, il faut justement accepter de prendre des chemins atypiques en laissant de côté les repères narratifs habituels. Après tout, plus de 30 000 ans nous sépare de la Femme-Maÿtio ! Certes cet écart ne représente sans doute qu'un millionième de seconde au regard de l'histoire du monde, mais pour une lectrice-lambda d'aujourd'hui (moi en l'occurrence) ça ne se parcourt pas en deux coups d'accélérateur de particules ! La proximité, la familiarité ne sont pas données d'emblée et pénétrer dans le monde de Maÿtio nécessite donc que l'on fasse quelques pas vers elle. le fort beau roman de Béatrice Castaner nous permet ce rapprochement par un ensemble de moyens qui donnent cohérence, crédibilité et force à l'histoire qu'elle nous raconte.
Cette histoire c'est celle d'une très jeune Néandertalienne qui a vu le massacre de son clan par un autre. Seule survivante, elle ne doit son salut qu'à deux des trois divinités qui tissent la destinée des hommes. Agonisante, Maÿtio est emmenée dans une grotte "à mi-hauteur de la falaise" et "la vie reprend peu à peu ses droits. Une vie autre, coupée de la précédente, d'où plus rien ne peut croître." (p.34). Ses journées solitaires se passent à observer un troupeau de chevaux sauvages, en contrebas. Parmi eux, elle élit E'wa "une pouliche à la robe brune et blanche" (p.35). Comme si à travers l'animal la jeune femme vivait par procuration, Maÿtio se fond dans le corps d'E'wa pour mieux renaître dans son propre corps martyrisé. La disparition du troupeau pourrait être la cause d'un nouvel effondrement, fatal celui-ci. Mais l'imagination de Maÿtio prend le relais...
En utilisant la matière qui l'entoure, le calcaire des parois, le charbon de bois, elle qui ne sera jamais mère peut "donner corps" à la réalité comme à ses rêves. "Avec comme seules armes une torche et un morceau de bois calciné, Maÿtio déclare la guerre au proche anéantissement de son monde" (p. 50) en dessinant E'wa au plus profond des entrailles de la terre. Après "d'innombrables saisons", une autre tribu rejoint Maÿtio à chaque printemps et ainsi se poursuit la transmission des histoires et de l'expérience. La silhouette d'E'wa est maintenant accompagnée par des troupeaux d'animaux qui s'animent à la lueur des torches devant les tribus réunies, suscitant l'émerveillement, l'effroi, la joie.
Comme dans "Aÿmati", la transmission et l'art sont au coeur du roman de Béatrice Castaner. Racontée ainsi, cette naissance de la création artistique au tréfonds d'une caverne il y a 30 000 ans a quelque chose de profondément émouvant. L'histoire de Maÿtio n'est pas seulement celle, bouleversante, de la fin des Néandertaliens, mais elle rejoint aussi celle de toutes les résiliences, de toutes les résistances humaines et de la part irréductible que prennent toutes les formes d'art dans ce cheminement permanent. La narration nous fait passer de l'individuel à l'universel, de l'intime au social, avec une infinie subtilité. La langue alterne un rythme syncopé, au moyen d'une syntaxe minimale, avec des périodes descriptives, plus amples, plus poétiques. Les phrases semblent s'apurer pour ne garder que l'essentiel de ce que discernent les personnages. La musicalité de l'écriture ainsi que sa force évocatrice créent une sorte d'envoûtement, une proximité troublante avec ces personnages temporellement si lointains et humainement si familiers.
Voilà vraiment un très beau roman, à l'écriture et à la construction parfaitement maîtrisées et qui a su me transporter 30 000 ans A.P. auprès de Maÿtio, ma petite-soeur, mère, aïeule, fille, "arpenteuse des chemins de l'art".
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Bonjour à tous aujourd'hui une plongée dans la préhistoire, dans l'histoire de l'art avec "La femme Maÿtio" de @beatrice castaner chez Serge Safran éditeur.
Une femme se meurt mais elle est sauvée par les divinités de son camp. Nous vivons sa résurrection, son attachement à la nature, son impulsion à dessiner dans les grottes ce qu'elle voit, la transmission de son savoir et le choix de l'héritier ou héritière. La place des femmes, des sages, des divinités dans ces clans qui se regroupent. le rapport à la mort, à la vie, à la continuité. Un petit livre fort.
Quatrième de couv. Il y a trente mille ans environ, Maÿtio, jeune femme de la tribu de Neandertal, est sauvée de la mort par l'une des trois divinités qui veillent sur son destin. Suite à la disparition tragique de son clan, il ne lui reste plus que les animaux sauvages pour compagnons qu'elle passe des jours à contempler, à s'imprégner de leur fougue. Maÿtio jette alors son dévolu sur une jument, E'wã, qui lui redonne la force de vivre, avant que celle-ci ne lui soit arrachée.
Un jour, désespérée, Maÿtio se met à dessiner sur la paroi d'une grotte. Ce geste s'avère être son premier pas sur le chemin de l'art. Rejointe par d'autres femmes et hommes de sa tribu à chaque printemps, elle leur transmet sa vision du monde qui éveille en eux la joie, la mélancolie, la peur ou l'espoir.
Grâce à l'originalité du tracé, du phrasé, de la forme, et au fil de la mélodie de ses mots, Béatrice Castaner fait revivre par son imaginaire toute une époque d'une splendide et sauvage beauté.
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J'avoue que je me sentais a priori très loin de ces personnages néandertaliens, et pourtant. Difficile d'expliquer l'envoûtement que réussit à produire le style si particulier de l'autrice. Celle-ci invente une forme d'expression digne de l'originalité de son sujet, avec une ponctuation qui lui est propre. Pour autant, ces étrangetés linguistiques ne constituent jamais un obstacle à la lecture, car on finit par s'habituer aux petits symboles et par les intégrer comme autant de virgules ou de tirets. Ce que produisent ces éléments, c'est une sorte de musique de la langue, un style très aéré, entrecoupé de respirations, et une lecture particulière qui prend les phrases moins comme éléments de narration que comme strophes de poèmes voire incantations ou prophétie. On n'est pas loin de la sphère mystique, et finalement Maÿtio et les trois divinités qui la maintiennent en vie ou attendent sa mort m'ont fait l'effet de sorcières telles que celles évoquées dans le livre d'Isabelle Sorente (Le complexe de la sorcière) : des femmes fortes, à la puissance vitale insoupçonnée, capable de changer le cours du monde.

Et en effet, au-delà de sa trajectoire individuelle que l'on suit dans le roman, Maÿtio apparaît comme un personnage-clé dans l'histoire de l'humanité : la toute première artiste, celle qui inventa les peintures rupestres. Elle est ensuite rejointe par Hadjé, la première musicienne qui de sa flûte en os tire des sonorités qui hypnotisent ses semblables.

Beau et mystérieux, le récit est aussi l'histoire d'une transmission : non contente de créer et donner en spectacle son et lumière son oeuvre à découvrir aux tribus qui se pressent dans la grotte, Maÿtio est une passeuse de savoir qui initie les jeunes générations à son art.

Plus sur le blog :
Lien : https://lilylit.wordpress.co..
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Elle s'appelait Maÿtio, était néandertalienne et vivait il y a plus de 30000 ans sur la terre. « La femme-Maÿtio » c'est son histoire, une histoire d'un autre âge, d'un autre temps, c'est le récit d'une vie et d'une mort, d'une renaissance et de créations avec toute la souffrance, la cruauté qu'elles impliquent.
C'est juste un roman, peut-on me dire, mais est ce certain ? Il me semble que l'histoire de Maÿtio a traversé les millénaires dans l'esprit des créateurs de rêves, des conteurs pour nous être transmise aujourd'hui. C'est un peu notre passé, un retour à la genèse de l'humanité, au moment où l'instinct prenait le pas sur la raison, où nous entendions les divinités guider nos destins.
« La femme-Maÿtio » sort des sentiers battus, s'adresse à notre part primitive, émeut nos sens. On se plaît à croire en son existence passée, elle est si réelle dans notre inconscient. Elle éveille en nous des légendes mythologiques : les mystères de l'arc-en-ciel qui s'ouvre sur un autre monde, les trois nornes fileuses du destin, le cheval E'wã (Ehwaz, rune du cheval)...
Voici un roman qui se vit plus qu'il ne se lit. Mille merci à l'auteure pour ce récit magique et son talent.
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Le monde à ses origines. A une époque où la vie et la mort cohabitaient comme les membres d'une seule et même famille. le monde des origines dans toutes ses forces primaires face à l'humanité. Face à l'éternité. Face à l'immortelle mortalité. C'est le monde qui régit la vie mortelle ou la mort vitale de la femme Maÿtio.
Maÿtio vit sa mort. Elle se meurt de sa jeune vie. Elle se laisse emporter dans le territoire des déesses soeurs. Pour renaître à sa souffrance. Pour renaître à sa mort. Pour vivre éternellement sa mort? Alors, elle laisse aller ses sens. Dans un corps meurtri et froid. Dans ses membres raides d'une chaleur qui donne vie à travers ses premières esquisses au sein de la caverne intemporelle. Ses doigts engourdis par la post-mort donnent vie à des fresques. Maÿtio renaît de sa vive mort pour faire revivre les mémoires des humains. Des clans. de la vie. Pour faire revivre la vie à travers ses esquisses. Pour unir les clans à travers les destinées. Pour s'unir à la fougue passionnée des chevaux, dans leur cavalcade mortelle. Elle transmet une histoire, une sagesse, à une époque appelée à disparaître. A travers elle, le monde se recrée. Elle représente la nature. le monde astral.
Dans un lecture fluide, nous accompagnons la femme Maÿtio dans toutes les époques de sa vie. de ses vies. de ses morts. Dans sa création des mondes. Elle donne naissance à l'art. Au culte. Elle devient la sagesse. L'ancêtre du monde en devenir. Elle devient transmission. Elle, la femme-Maÿtio.
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Un magnifique poème hommage à l'humanité, à ses efforts pour trouver sa place dans la nature, sa beauté et sa cruauté, à son intimité avec le vivant avec lequel elle peut se fondre et se confondre, à sa découverte de l'art pictural, de la musique, de ce mystère qui deviendra sacré, dans une langue fragile, segmentée à l'image de la conscience des premiers humains. Magistral!
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