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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Effondrement" commence par une scène de ménage d'anthologie.
Nous sommes au Honduras en 1963, dans une famille bourgeoise aisée et bien comme il faut. C'est le jour du mariage de Teti, 25 ans, fille unique des Mira Brossa.
Mais quel peut donc bien être l'objet de la dispute, dans ce milieu feutré ? le mariage lui-même, pardi ! Teti va épouser Clemente, deux fois son âge, divorcé, salvadorien et, last but not least, communiste. C'en est trop pour Doña Leña, la mère, qui refuse d'assister à cet événement proprement scandaleux qui jette la honte sur son nom et la réputation de la famille. Et comme cela ne suffit pas, elle décide que Don Erasmo, son mari, accessoirement père de la mariée, avocat et président du parti nationaliste hondurien, n'y assistera pas non plus. Ni une ni deux, Doña Leña l'enferme dans la salle de bain. S'ensuivent des dialogues d'une drôlerie et d'une violence inouïes, menés par une harpie enragée, paranoïaque, hystérique et asphyxiante. C'est tendu et jouissif.
Nous sommes ensuite en 1969, au Salvador, où Teti et son mari ont déménagé juste après leur mariage pour échapper à l'emprise de Doña Leña. Pourtant, la sérénité n'est pas de mise : la situation entre les deux pays est électrique, et la relation mère-fille est à peine plus calme. Pendant que la guerre se prépare de chaque côté de la frontière, celle des Mira Brossa n'a jamais cessé. A travers les lettres échangées par Teti et son père, on apprend que Doña Leña, toujours aussi hystérique, harcèle sa fille pour qu'elle rentre au pays en raison du contexte politique de plus en plus compliqué, tout en la traitant de façon odieuse. Malgré l'assassinat de Clemente dans des circonstances étranges, la candide Teti résiste. C'est un peu moins tendu, un peu moins jouissif, un peu plus dramatique.
Nous sommes enfin en 1991, au Honduras, dans la propriété de Doña Leña, désormais vieille, veuve, isolée, et hystérique comme jamais. Un des domestiques, Mateo, retrace le fil des événements de la dernière décennie, au cours de laquelle Doña Leña, perfide vipère jusqu'au bout, aura fait le vide autour d'elle, provoquant la dispersion du patrimoine familial et l'éparpillement définitif des derniers Mira Brossa. C'est encore un peu moins tendu, plus dramatique, et surtout plus triste.

Trois parties, trois genres, du théâtre de vaudeville, du roman épistolaire, et du roman plus classique et linéaire. La tension baisse au fil du temps, mais on ne va pas vers l'apaisement. On assiste à un effondrement progressif et inexorable d'une famille et d'une femme qui aura causé sa propre perte au cours d'une vie vouée au ressentiment, aux frustrations, à la méchanceté et, à nouveau, à l'hystérie. La triste fin de Doña Leña, riche mais seule et sans amour, contraste avec la joie simple de Mateo, son domestique, tout heureux de fêter en famille son petit héritage.
Chronique d'une vie gâchée à pourrir celle des autres, "Effondrement" dresse un portrait mordant de la classe possédante hondurienne, avec en toile de fond l'un des innombrables épisodes de violence qui ont secoué l'Amérique centrale.
Au fil de ses romans, Castellanos Moya construit une oeuvre dans laquelle il observe les névroses d'individus coincés dans des sociétés tourmentées par des conflits en tous genres. "Effondrement" en est une nouvelle pièce maîtresse.

En partenariat avec les éditions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Au début des années 60 au Honduras, la fille d'un politicien de renom se marie avec un Salvadorien, bien plus âgé. Ce que n'accepte pas Lena, la mère de la mariée. Insultant tout ce qui passe à sa portée , elle fait tout pour empêcher son mari d'assister à la cérémonie mais également tout pour éviter le départ de son petit fils Eri "avec sa trainée de mère et cette ordure de salvadorien".

Roman construit de façon originale puisqu'il se décline en trois parties.
La première au début des années 60 dans la capitale hondurienne dont j'ai la flemme de chercher l'orthographe exacte, la seconde sous forme de roman épistolaire entre 1969 et 1972 et enfin la troisième au début des années 90 , à nouveau au Honduras sous forme de récit d'un jardinier. le tout reste harmonieux et finalement apporte une plus valu à l'ensemble.
Ce livre , au delà des relations mère enfant et de la folie qui peut en résulter, au delà des complots politiques , est une porte ouverte à la compréhension de la guerre dans cette partie du globe (si l'on se donne un peu de volonté pour se renseigner). L'auteur, à travers les lettres de la mariée, plutôt pleine de candeur, décrit la bêtise humaine d'une guerre fratricide qu'aucun compromis ne semble pouvoir éviter. La description de la montée des rancoeurs autour d'un pauvre match de foot renforce le sentiment général de connerie humaine !

Livre intéressant dans sa structure , dans son apport historique mais aussi pour tout ce qu'il contient d'autre en 200 pages
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En Amérique centrale, une famille déchirée par les soubresauts de l'histoire, un auteur né au Honduras qui a passé sa vie au Salvador.

Le livre raconte l'histoire d'une riche famille du Honduras, une mère névrosée (zut, encore une!), désespérée que sa fille épouse un Salvadorien divorcé. Après le mariage, la fille ira vivre au Salvador d'où elle correspondra avec son père.

Au-delà des chicanes de famille, le roman est témoin de l'histoire. Des pays voisins qui semblent pourtant avoir tout en commun, mais où surgit un nationalisme belliqueux, alimenté par le fanatisme sportif et les médias qui attisent la haine. On expulse les Salvadoriens du Honduras, et c'est la guerre. Une petite guerre de cent heures, mais quand même trois mille morts et des pertes matérielles importantes. Et surtout, des pays alliés devenus ennemis, des économies qui s'effondrent, toujours à la merci des grandes entreprises étrangères…

Un roman qui incite à chercher à en savoir plus sur ces petits pays dont on ne sait souvent que très peu de choses.
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Agréable surprise que ce livre de Horacio Castellanos Moya ! Quelle verve ! le ton est donné dès les premières pages dans lesquelles nous découvrons Dona Lena dans toute sa splendeur : insultes plus colorées les unes que les autres envers sa fille qui ose se marier avec un communiste salvadorien, "déshonorant la réputation de cette bonne famille hondurienne" dont le père est le chef du parti nationaliste.
J'ai beaucoup aimé la première partie qui se présente sous forme de pièce de théâtre et est particulièrement drôle, avec cette femme hystérique prête à tout pour empêcher son mari d'aller au mariage de leur fille. Plusieurs termes pourrait définir Dona Lena : hystérique, névrosée, vulgaire (il faut voir les insultes qu'elle dit!) et égoïste entre autres.
La deuxième partie sous forme épistolaire est beaucoup plus sombre : nous y découvrons les conflits entre le Honduras et le Salvador, la montée des tensions et l'absurdité humaine. Nous y voyons également l'hystérie grandissante de cette mère qui risque de compromettre sa fille et son gendre à tout moment. La jeune Teti est touchante dans sa candeur et sa profonde affection pour son père.
La troisième et dernière partie estt triste puisque nous assistons à la déchéance de cette fameuse mère, qui a fait le vide autour d'elle par sa méchanceté et ses insultes. C'est l'effondrement de sa famille, de ce qu'elle a bâti mais aussi de ses espoirs. Je suis vraiment attristée par son sort, mais surtout par son comportement : pourquoi tant de haine et de méchanceté ? Qu'est-ce que cela lui a apporté au final ? J'ai tout de même été touchée par son attente inassouvie de voir sa famille se réunir pour les fêtes tous les ans.

Ce livre est donc très intéressant de par les différentes formes qu'il prend en si peu de pages que par son contenu. Nous en apprenons plus sur l'histoire de ces pays que je connaissais très mal, tout en abordant des thèmes qui sont finalement universels.
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Honduras, 1963.
C'est jour de mariage dans la famille Mira Brossa.
Mais Doña Lena, la mère, refuse de s'y rendre. Car sa fille Téti épouse un Salvadorien et sûrement un communiste !..
Accablant son mari, le Président du Parti National Erasmo Mira Brossa, sous un châpelet d'insultes et de reproches, Doña Lena en vient même à l'enfermer dans les toilettes pour que celui-ci n'assiste pas au mariage de sa fille...
De nombreuses années plus tard, l'hystérie mauvaise de Doña Lena a distendu les liens familiaux et causé le démantèlement du patrimoine familial.

Au détour d'une scène conjugale, à travers la correspondance entre une fille et son père et par le témoignage de l'homme à tout faire de la maison, c'est au lent délitement d'une famille hondurienne auquel on assiste.
En trois parties, de 1963 à 1992, l'effondrement de cette riche famille est l'occasion pour l'auteur de montrer une certaine image de l'Amérique Centrale entre hystérie collective, conflits politiques, guerre (Honduras-Salvador) et coups d'état.
La scène initiale, géniale et déjantée, est le meilleur moment de ce roman qui manque toutefois d'un brin de mordant en comparaison des autres oeuvres de l'auteur, toujours très acides et vitriolées à l'image du "Bal des vipères" le roman qui a fait connaître Castellanos Moya au public français.
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" Effondrement " d'Horacio Castellanos Moya (192p)
Ed. Métailié.
Bonjour les fous de lectures...
C'est toujours avec un grand plaisir que je retrouve cet auteur et là pourtant un léger bémol….
1963..
Vent de panique dans la famille hondurienne Mira Boss.
Leur fille unique s'apprête à épouser non seulement un salvadorien beaucoup plus âgé mais qui de surcroit serait communiste.
La mère en devient folle et se transforme en véritable harpie.
Le père joue l'appaisement et essaye d'arrondir les angles .. en vain.
Voici la première partie.
La suite du livre est sous forme épistolaire.
Le temps est passé, la fille est partie au Salvador et y a fondé sa famille.
A travers les échanges entre père et filles, nous suivons les tensions existant entre les deux pays et ce sur fond de crise de la mère toujours aussi déchainée.
La guerre est inévitable … aussi bien entre les deux pays qu'au sein de cette famille.
Les années apaiseront les conflits diplomatiques , à peines les familiaux malgré la mort du gendre maudit.
La dernière partie, la harpie est veuve, se meurt… meurt en ayant fait le vide autour d'elle.
C'est l'effondrement.
Si l'on retrouve l'excellente verve d'Horacio Castellanos Moya, j'ai été moins captivée par ce récit .
Est-ce du à la forme épistolaire d'une grande partie du livre ?
N'empêche que, comme tous les récit de cet auteur, le livre en reste intéressant.
Nous apprenons beaucoup sur la situation délicate entre ces deux pays voisins, leur histoire et les moeurs de l'époque.
De plus la plume de Castellanos Moya reste un régal.
Joli portrait - au vitriol- de la société "honduro-salvadorienne" qui fait largement référence à" la guerre de cent heures". qui a opposé ces deux pays à l'occasion d'une représentation de football.
Horacio Castellanos Moya reste un incontournable de la littérature sud américaine.
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Honduras 1963. Doña Lena n'accepte pas le mariage de sa fille Teti avec un salvadorien divorcé, plus âgé et peut-être même communiste. Sa colère ne connait pas de limites et elle va jusqu'à enfermer son mari dans la salle-de-bain pour l'empêcher d'assister à la noce. Elle sait aussi qu'une fois mariée, Teti voudra récupérer Eri, petit-fils qu'elle vénère et traite comme un prince. Plutôt résigné, Don Erasmo laisse passer l'orage, ou plutôt la tempête. Doña Lena hurle, invective, insulte et laisse parler sa nature hargneuse, vindicative, nationaliste et sûre de son bon droit.

Salvador 1969. Teti a quitté le Honduras et vit désormais avec son mari, Clemente, et ses deux enfants, Eri et Alfredito, au Salvador. Quand la "guerre du football" éclate, elle ne peut plus communiquer que par lettres avec son père. Pour Doña Lena, cette guerre est le prétexte tout trouvé pour un retour de sa fille auprès de ses parents, dans la patrie qui est la sienne. Ses coups de fils insultants et ses propos racistes mettent une Teti, bien décidée à rester aux côtés de son mari, très mal à l'aise.
Plus tard, lorsque Clemente est assassiné, Teti qui a fait sa vie dans son pays d'accueil, trouvera moultes prétextes pour y rester,au grand dam de sa mère toujours aussi insistante.

Honduras 1991. Les années ont passé, Don Erasmo est mort et Doña Lena vit désormais seule dans sa grande propriété. Mattéo, son jardinier, chauffeur, homme à tout faire, raconte les dernières années d'une femme acariâtre qui, à force d'avoir voulu régenter la vie de ses proches, a fait le vide autour d'elle. Teti a fait sa vie au Salvador, Eri vit au Mexique, Alfredito s'est perdu dans l'alcool et la drogue. Ceux que Doña Lena a passé sa vie à attendre se sont éloignés d'elle...

Trois parties et trois styles pour un livre qui raconte l'histoire d'une femme, d'une famille, d'un pays. Effondrement commence très fort avec une Doña Lena au mieux de sa forme et de ses certitudes, cela continue plus en douceur avec la correspondance un peu naïve de Teti, pour finir tristement à la mort d'une Lena solitaire et amère. Original et très étonnant, ce roman a été pour moi une découverte de la littérature du Honduras que je ne connaissais pas du tout. Il m'a permis, outre le plaisir de la lecture, d'en apprendre plus sur ce pays et de m'inciter à me renseigner sur cette partie du monde, en particulier sur cet épisode de la guerre du football dont je n'avais aucune idée. Divertir, faire découvrir et ouvrir sur le monde; que demander de plus à un livre?

Merci à Babelio et aux éditions Les allusifs pour cette belle découverte.
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J'ai un faible pour cet auteur. Je le trouve intelligent et toujours intéressant. Dans ce roman, il raconte l'histoire d'une famille hondurienne aisée. Erasmo Mira Brossa est avocat et chef du Parti national du Honduras. Sa femme Lena est journaliste, poétesse et porte-drapeau de la cause nationaliste. le couple a une seule fille en la personne d'Esther surnommée Teti. La soeur jumelle d'Esther est décédée encore bébé suite à la maladresse d'une infirmière qui l'a laissée tomber au sol. le roman s'ouvre sur le mariage d'Esther avec un homme beaucoup plus âgé qu'elle et dont les activités professionnelles sont assez floues. le couple partira vivre au Salvador, emmenant avec lui leur fils unique Eri mis en pension chez ses grands-parents pendant deux ans. Lena est furieuse et refuse ce mariage. de plus, elle veut garder pour elle son petit-fils qu'elle adore et surnomme « mon prince ». Elle va jusqu'à enfermer son époux dans la salle de bain afin qu'il rate la cérémonie du mariage de sa fille. Et ce n'est que le début des nombreuses péripéties familiales qui mettent à rude épreuve les nerfs de Lena qui se consume de haine pour tous les membres de la famille qu'elle accuse de traîtres, de lâches et de vauriens excepté son cher et tendre Eri.

Le roman est divisé en trois parties. Dans la première qui se passe en 1963, un narrateur relate les faits de l'extérieur alors que la deuxième est constituée d'un échange épistolaire entre Esther, partie vivre au Salvador avec son mari, et son père à qui elle demande souvent une aide financière pour la sortir du bourbier dans lequel elle se débat. le conflit entre le Salvador et le Honduras la met en danger elle ainsi que ses deux enfants. La troisième partie qui se passe en 1991 et 1992 donne la parole à un domestique de la famille qui observe les événements avec sang-froid et circonspection.

C'est une chronique familiale avec pour toile de fond le conflit entre les deux pays voisins que sont le Honduras et le Salvador. Avec Moya, la politique est toujours présente ce que j'apprécie beaucoup car j'aime les écrivains qui accordent une place importante à cet aspect de la vie de leurs personnages. Nous assistons donc aux divers drames et conflits parsemant la vie de cette famille possédante dominée par une femme intelligente mais complètement paranoïaque et hystérique.

L'écriture de monsieur Moya est efficace, directe, sans fioritures inutiles. Il décrit tous les petits faits quotidiens et les allées et venues avec une minutie parfois un peu lassante mais si peu. Ce style d'écriture me plaît bien. Il est très proche de l'écriture journalistique. Cette minutie du détail a pour effet de nous faire pénétrer en profondeur dans la vie de la famille et de nous la rendre très proche. Nous assistons donc à l'effondrement de cette famille qui se démantèlera irrémédiablement suite à la mort de Lena et à l'éparpillement de ses membres, chacun suivant sa propre voie et renonçant à préserver cet héritage familial auquel Lena accordait tant de prix. Très bon roman d'un auteur que je lis toujours avec énormément de plaisir et qui ne m'a encore jamais déçue.
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Toute sa vie à la limite de la folie, dona Lena, épouse du président du Parti National hondurien, bascule définitivement lorsque sa fille décide d'épouser un salvadorien. Elle enferme son mari dans la salle de bains pour qu'il ne puisse assister au mariage, puis entreprend de pourrir lentement mais sûrement la vie de sa fille sur fond de guerre civile entre le Honduras et le Salvador. C'est un petit roman dynamique et cynique sur les relations familiales et sur les mères et leurs filles, c'est très drôle par moments et, surtout, ça ne verse pas dans le misérabilisme de bas étage. On explore en profondeur une « upper-class » qui prend soin de n'être au courant de rien de ce qui se passe autour d'elle, et au final c'est jouissif.
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