Parfois les gens nous déçoivent, et parfois nous nous décevons nous-mêmes ; mais ce qu'il faut, c est continuer à vivre coûte que coûte
- Chère enfant!" Pour la première fois depuis sa longue absence, il la prit dans ses bras. " Oui, quelque chose de bon m'est bel et bien arrivé! Et quelque chose de bon, aussi, m'est revenu."
La vie de certaines gens se ressent de ce qui arrive à leur personne ou à leurs biens : mais pour d'autres, le destin est ce qui survient dans leurs sentiments et leurs pensées - cela et rien d'autre.
Qu'était-ce, après tout, que "la ville d'où on était", à part l'endroit où l'on avait connu ses déceptions et appris à vivre avec ?
Haine personnelle et affection familiale ne sont pas incompatibles ; il est fréquent qu'elles s'épanouissent et se fortifient ensemble.
Dans les petites villes, les existences se déroulent tellement près les unes des autres ; amours et haines planent alentour, leurs ailes se touchent presque. Sur les trottoirs où chacun va et vient, vous ne pouvez faire autrement, pour peu que vous sortiez de chez vous, que de passer à quelques centimètres de l'homme qui vous a trompée et trahie, ou de la femme que vous désirez plus que tout au monde. Le jupon de sa robe vous caresse les jambes. Vous lui dites bonjour et poursuivez votre chemin. Il s'en est fallu de peu. Dans le vaste monde, il est bien rare que le coup passe si près.
Rien n'a vraiment d'importance que de vivre.
[...]
Les succès sont les ornements de la vie, ils passent en second. Parfois les gens nous déçoivent, et parfois nous nous décevons nous-mêmes ; mais ce qu'il faut, c'est continuer à vivre coûte que coûte.
Une jolie maison avec un jardin dans une petite ville, avec assez d'argent pour ne pas avoir à s'en soucier, une famille - c'est ça la plus belle vie.
En ville, il y avait toute la place qu'on voulait pour se sentir seule, et personne ne s'en apercevait, songea-t-elle. Et si vous brûliez, les autres faisaient de même ; vous ne vous consumiez pas toute seule à l'orée de la prairie.