Le chant de l'alouette/ The song of the lark 1915
Willa Cather
Roman
Traduit de l'américain par
Marc Chénetier
Rivages, 2007, 528p
C'est un roman-feuilleton. Un bon roman-feuilleton, fondé sur la vie de son auteur. Mais l'héroïne devient moins sympathique au fur et à mesure qu'elle grandit et se durcit pour s'accomplir, réaliser ses ambitions. Par exemple, elle ne vient pas voir sa mère mourante parce que, à Dresde, elle a une occasion formidable de faire connaître la puissance de sa voix.
Et pourtant quelle petite fille attachante, qui est le soleil de son prof de piano, un Allemand abîmé par la vie, donne au Docteur Archie, qui l'accompagnera toute sa vie de son soutien et de son affection, la force de supporter sa vie routinière et sans espérance, fait le bonheur du serre-frein, qui lui léguera à sa mort ce qu'il a de fortune pour qu'elle suive des études musicales, et enchante les oreilles et le coeur de Johnny l'Espagnol et de tous ses amis avec qui elle chante. Elle s'occupe de son tout petit frère. C'est une petite fille courageuse, extrêmement curieuse, qui aime écouter les autres, des gens plus âgés qu'elle.
Thea Kronborg est douée pour la musique. Elle est l'aînée d'une famille pauvre de sept enfants, d'origine suédoise et installée dans la petite ville de Moonstone dans le Colorado. Elle n'habite pas loin du désert accablé par la chaleur. Elle est la fille d'un pasteur méthodiste aux idées étroites et d'une femme forte à qui elle ressemble. Elle sait trouver un lieu à elle.
A seize ans, elle part pour la grande ville de Chicago. La séparation d'avec sa terre d'enfance est difficile, mais ses ambitions d'artiste l'exigent. Tout en suivant ses études musicales, elle doit travailler. Son professeur hongrois découvre qu'elle est d'abord une voix. Revenue chez elle au bout d'un an, elle se rend compte à quel point les préoccupations de sa famille sont étrangères aux siennes, elle décide de rompre avec elle. Elle rencontre un jeune homme riche et passionné par l'opéra, qui lui offrira des vacances au grand air et dans la solitude qui lui permettront de faire le point. Elle se ressourcera dans l'Arizona en faisant connaissance avec les maisons sur les falaises d'anciens peuples indiens.
Contre elle-même presque, elle s'éprendra de ce jeune homme dont elle apprendra qu'il est déjà marié. Elle poursuivra ses études, et connaîtra le succès. Elle a l'intelligence des rôles. Elle donne tout à sa vocation.
Ce qui intéresse l'auteur, c'est surtout sa formation et la nostalgie qu'elle garde de sa terre natale.
Les caractères des personnages, nombreux et pittoresques, sont très bien construits. On a bien l'atmosphère de la ville de Moonstone à la fin du XIX°. La religion est aussi un sujet qui marque l'héroïne.
C'est un roman d'apprentissage qui retient bien l'attention, mais qui est un peu trop long.
Jean-Philippe Blondel se souvenait avec émotion de ses lectures de
Willa Cather, pour qui elle est une des plus grandes écrivaines de tous les temps. Je suis contente d'avoir partagé cette émotion.