Citations sur Laura Brams (13)
Elle en était sûre maintenant : une vie n'était qu'un vie, une étincelle entre deux moments, un passage fugace et réel qui jamais ne se retrouverait, telle était la loi et telle sa grandeur. Laura Brams une fois et une seule.
Les hommes fuyaient lançant à la désespérée des ponts d'hypothèses pour aborder les rivages d'éternité... J'amais ils n'admettraient de ne pas être éternellement présents... Le vieux rêve lâche et imbécile : malheureux, humiliés, souffrants et torturés mais éternels surtout, surtout ne pas mourir, ne jamais n'être rien...
Je vivrai cette vie parce qu'elle finira et tout son suc, toute sa joie contenue, je l'extrairai de toutes mes forces, car je sais qu'elle n'a de sens que parce qu'un jour elle ne sera plus.
Ils avaient bondi dans une pièce pleine de tentures jaunissantes et de meubles en bois blanc. C'était l'intérieur d'un homme qui savait que ce que l'on appelle son intérieur est en fait ce qui lui est extérieur et n'a donc qu'une importance réduite...
Quel mot valait Laura ? Combien de milliards et de milliards de phrases fallait-il entasser pour qu'elles finissent, au terme d'une obscure alchimie, par former cette femme présente, là, entre ses bras, cet équilibre parfait d'âme et de chair, riche de tant de rires, de tendresse, de vie... Peut-être était-ce vrai après tout que l'écriture était proche de la mort... Les paragraphes s'entassaient là-haut, chez lui, sur les feuilles blanches, il changeait la cartouche de son stylo et il ne rendait pas compte qu'il tenait entre ses doigts une arme mortelle, chargée, dont il était la lente victime, combien d'années passées sans Laura ? Combien de nuits semblables auraient-elles pu avoir lieu ? Tant d'années à écrire pour venir à cet instant aveuglant où il savait que rien de compterait jamais davantage que de tenir cette femme entre ses bras, que rien n'avait été et ne serait plus important.
- lorsque j, avais quinze ans, dit blazier,
j, avais un truc qui ne marchait jamais mais
dont je me servais toujours:
( ne nous sommes nous pas déjà rencontré?)
- très usé, en effet, dit Laura, mais cette fois-ci vous avez raison.
- quand cela?
- il y a environ trois mille cinq cents ans, dit elle.
- exact, dit il, mais le temps passe si vite....
La mort est tout de même une grande et insupportable affaire... On peut penser que ceux qui tentent d'en percer le secret, même s'ils s'y prennent de façon apparemment bizarre, ne sont pas si insensés qu'il y paraît...
Je n'ai rien contre les médiums, astrologues, cartomanciennes et autres joyeux devins, tous ceux qui s'adonnent à ce genre de sports y trouvent d'une certaine façon leur équilibre, voire leur bonheur. De toute façon, que l'on pratique le basket-ball, la théologie, la voile ou la chiromancie, il s'agit toujours d'échapper au néant.
"On ne saura jamais assez que la littérature, et c'est là son mérite à mon avis le plus grand, est l'une des activités les plus reposantes qui soient et qu'étant donné l'aura qui l'entoure elle vous dispense de la plupart des autres : comment mettre un balai dans les mains d'un lascar qui tient une plume avec des yeux rêveurs ? "
- Il n'y a pas à tergiverser, dit Laura, c'est demain mon anniversaire et j'ai prévu depuis toujours que ça m'arriverait la veille.
- Tu n'as pas l'air de te soucier du fait que si ça t'arrive, ça m'arrive aussi.
Laura s'assit sur le lit et regarda son boy-friend abasourdie. C'était la meilleure ! Weissler, le plus grand espoir national du décathlon, 1 mètre 95, 94 kilos, diz-neuf ans et demi, puceau comme un nourrisson !
- Mais enfin, s'exclama-t-elle, c'est tout de même moins pénible que de lancer le marteau !
Karl réfléchit une demi-seconde et lança le résultat de ses cogitations.
- C'est différent, dit-il.
Elle l'aima pour cette réponse.
- Ecoute, tu n'as pas à te tracasser : on ferme tout, on fait le noir, tu rentres le premier dans la chambre, tu te couches, j'arrive après et ça se passe sous les couvertures, tu ne vas pas m'en faire une névrose !
Elle le regarda : un bloc de muscles empêtrés. Eviter les sportifs, c'était une chose à savoir plus tard.
Il avait l'air tellement lamentable que l'envie l'effleura de tout laisser tomber. Elle soufflerait ses diz-huit bougies d'une haleine toujours aussi virginale et voilà tout. Quelque chose en elle se révolta.
- C'est incroyable, on dit toujours que les types ne pensent qu'à ça, qu'ils cherchent toute leur vie à faire l'amour, qu'ils le font à n'importe qui, n'importe où, n'importe quand et souvent n'importe comment, et moi je me ramène sans problème chez toi et tu fais le dégoûté.
"Quel mot valait Laura ? Combien de milliards et de milliards de phrases fallait-il entasser pour qu'elles finissent, au terme d'une obscure alchimie, par former cette femme présente, là, entre ses bras, cet équilibre parfait d'âme et de chair, riche de tant de rires, de tendresse, de vie... Peut-être était-ce vrai après tout que l'écriture était proche de la mort... Les paragraphes s'entassaient là-haut, chez lui, sur les feuilles blanches, il changeait la cartouche de son stylo et il ne rendait pas compte qu'il tenait entre ses doigts une arme mortelle, chargée, dont il était la lente victime, combien d'années passées sans Laura ? Combien de nuits semblables auraient-elles pu avoir lieu ? Tant d'années à écrire pour venir à cet instant aveuglant où il savait que rien de compterait jamais davantage que de tenir cette femme entre ses bras, que rien n'avait été et ne serait plus important. "
Un romancier doit écrire avec un stylo tordu...(...) ... Si je dis: " Dupont avait la migraine ', je ne peux pas l'écrire par ce que ça fait moche. Il faut alors que je me torde le stylo, c'est-à- dire que je fabrique une pâtée pour lecteur, un kit kat digeste et sophistiqué bref écrire c'est faire des manières.
Je vivrai cette vie parce qu'elle finira et tout son suc, toute sa joie contenue, je l'extrairai de toutes mes forces, car je sais qu'elle n'a de sens que parce qu'un jour elle ne sera plus.