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Citations sur Le parlement des instincts (23)

Étendu dans l’ombre et le silence, je n’aurais su dire si j’étais revenu dans la matrice qui m’avait porté ou enseveli déjà dans ma sépulture. Certes, mes yeux étaient ouverts, et pourtant c’était comme si j’étais aveugle. Ma poitrine se soulevait, mais c’est à peine si je respirais. Mon esprit lui-même réagissait encore, cependant nulle pensée ne s’y formait. Où étais-je ? À quel moment était-ce ? Tant d’années vides s’étaient écoulées depuis que j’avais fui la comtesse Bátoriová que j’avais perdu toute notion de l’espace et du temps. À ne point avoir émis de paroles depuis si longtemps, ma bouche ne savait plus que grogner. Ma langue avait oublié les mots et mes lèvres le sourire, et si ma mâchoire s’ouvrait encore, ce n’était que pour dévorer la viande que déposait à mes pieds mon seul compagnon au retour de sa chasse.
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l’existence est un nuancier de tons mêlés, et non une palette aux couleurs tranchées.
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_ Nous sommes tous vagabonds sur cette terre ! Et parfois de curieuse façon. Tenez, nous, par exemple ! Certes, nous avons connu nos petites pérégrinations lorsque nous étions jeunes, je vous l'accorde. Cependant, j'ai pour ma part l'impression de n'avoir jamais autant voyagé depuis notre établissement dans ce pavillon, alors que, depuis trente années que nous l'avons fait édifier, nous n'en avons pas bougé !

_ ...C'est un sentiment que je partage. Si notre corps est retranché du monde, notre esprit, lui, ne s'est jamais mieux affranchi des limites du temps et de l'espace que dans ces murs. C'est le miracle de l'étude !
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Il est curieux que la mémoire ne retienne rien de notre commencement. À quel âge nos plus anciens souvenirs remontent-ils ? Lorsque nous avons trois ans ? Ou plutôt cinq ? Bien plus tard encore pour beaucoup d’entre nous, ai-je appris. Quoi qu’il en soit, cela est trop tardif et c’est un grand dommage. Si j’avais pu conserver quelques images de mes premiers instants, sûrement j’y aurais compté les visages de ma mère et de mon père. Étaient-ils, comme moi, nabots ? Non, j’en suis convaincu, car tout est là pour en témoigner : je suis né rabougri et froissé d’un homme et d’une femme pourtant sans tares. Je me suis souvent demandé quelle avait été la réaction de mes géniteurs lorsque leur fils était apparu, si mal proportionné, au sortir de la matrice. J’imagine la déception, les larmes, les frissons et les regrets… J’imagine ma mère, si répugnée de moi qu’elle refuse même de m’accrocher à son sein. J’imagine mon père, humilié et honteux d’avoir procréé un avorton. La tête entre les mains, il s’interroge. A-t-il, sans le savoir, insulté le Ciel ? A-t-il fauté ? A-t-il trahi ? Pourquoi cette punition ? Longtemps il se tourmente en vain. Ses questions restées sans réponse, il décide alors que je suis une épreuve que Dieu lui soumet. Il se reprend. Console son épouse. Regarde dans le berceau où je sommeille. Il pleure sans bruit. Sa colère est devenue tristesse. Des pauvres se seraient débarrassés de moi. Peut-être aurais-je fini dans une auge pour nourrir les animaux de la basse-cour. Peut-être aurais-je été enfoui dans un taillis pour y mourir de froid en quelques heures. Peut-être… Mais il se trouve que mon destin fut autre, et voilà pourquoi je pense malgré tout que mon père et ma mère, à leur façon, avaient bien de la bonté. Je ne leur en veux plus de m’avoir rejeté.

(INCIPIT)
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J’ai toujours préféré les lettres aux chiffres, avançai-je pour ma défense. J’aime les poètes, les philosophes, les conteurs… Chez eux, je trouve de l’incertitude et des questions. C’est ce que j’apprécie. Les mathématiques me semblent trop vraies et cela m’effraie. Elles sont sans surprise puisqu’elles sont toujours justes !
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Il n'y rien de mystérieux en ce monde, soutenait ... Kepler. Tout s'explique. En vérité, l'astronomie est la plus haute branche de la théologie, car Dieu est le plus parfait des mathématiciens. Toutes les lois de son cosmos sont écrites en équations. Viendra le jour où nous les connaîtrons dans leur ensemble ...

_ Tout s'expliquera ?! s'exclamait alors l'empereur. Je ne puis décider s'il faut s'impatienter ou trembler à cette perspective !

Et pourquoi, Votre Grâce ?

Où sera le plaisir de vivre si les mystères se sont enfuis ? Que nous restera-t-il à faire ? Vers quoi nos pensées se tourneront-elles ?

_ Vers encore un million de choses et plus, car si nous connaissons les lois qui régissent la matière, nous pourrons les modifier à notre guise en vue de biens toujours plus grands ! À commencer par le premier d'entre eux : faire de tous les hommes des frères !

_ Mistr Kepler, sachez que je vous aime, et même mieux que cela : je vous respecte. Néanmoins, vos idées me terrifient.
Pensez-vous donc les hommes assez sages pour qu'ils œuvrent spontanément à répandre l'amour universel ? Si vous leur en donnez les moyens, c'est vers le pire qu'ils se dirigeront, non vers le meilleur. Moi, je crois qu'il leur faut craindre, et même ignorer un peu. Sinon, c'est l'anarchie qui régnera et vos beaux espoirs de concorde générale se transformeront en un cauchemar de guerres, non de royaume à royaume mais de tous contre tous ! L'homme se tournera contre la femme et la femme contre l'homme ; l'enfant jettera des pierres au vieillard tandis que l'ancêtre noiera le nouveau-né ; le seigneur écrasera le plébéien et le roturier coupera la tête aux aristocrates.

En un mot, ce sera la folie.

_ Non, Sire ! L'universalité et l'évidence de la raison changeront l'humanité et la rendront plus douce, car si l'on peut douter de Dieu, on ne peut douter de la logique. Les hommes font le mal par mauvaise instruction. Non par propre volonté
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[ils] possédaient assez de talent pour ne point se montrer jaloux. C'est ainsi - dans tous les domaines - un grand avantage que d'évoluer parmi des maîtres, car on n'en subit point l'amertume que distille inévitablement la compagnie des incertains et des médiocres.
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Le monde qu’Il a conçu est pour nous plein de mystères, vois-tu. Nous n’en comprenons presque rien et il nous semble souvent absurde parce qu’il fait payer de bien des horreurs le prix de ses beautés. Ainsi, comme tu le constates, une vie simple en nourrit une plus complexe, laquelle en émeut deux autres qui, elles, possèdent une âme…
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_ Lire quoi ? Comprendre quoi ?
_ De hautes connaissances que je pourrais t'enseigner ! Elles ont pour nom "philosophie" et confèrent une puissance à nulle autre pareille.
_ "Philosophie" qu'est-ce donc ?
_ l'art de se passer de Dieu !
Ce fut comme si l'air s'était retiré du monde d'un coup. Terribles et impies, ces mots exprimaient pour moi l'inacceptable.....
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Le besoin de croire est à la veille ce que le rêve est au sommeil : une nécessité sans laquelle l’esprit d’abord s’affole, puis se délite et enfin s’annihile.
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