Cavanna -
Les Ritals - 1978
C'est très simple : si vous n'avez pas encore lu ce livre, arrêtez tout, et jetez-vous dessus, car vous allez passer l'un des meilleurs moments de lecture de votre vie (que vous soyez ou non un adepte de Hara-Kiri ou
Charlie-Hebdo n'a aucune importance ici). Précision : j'ai lu ce livre dès sa sortie, en 1978 (eh oui…), et depuis il appartient à ce fonds de récits que je relis à intervalle régulier et dont je recommande chaudement la lecture.
Il y a d'abord la langue, ou plutôt les deux langues mobilisées dans ce récit : d'abord la langue française, truculente, verte, généreuse d'un galopiot de l'authentique populo de «l'entre deux guerres», qui vous restitue l'école, la rue, les plaies et bosses, les jeux, tels qu'on les connaissait encore dans les années cinquante, du temps où les enfants pouvaient vivre leur enfance.
Puis il y a l'autre langue, celle que
Cavanna a restituée avec une maestria et une délicatesse hors du commun, ce mélange de français et de dialetto italien parlé par le père. Et justement, il y a ce personnage du père, l'un des plus beaux de la littérature mondiale (je n'exagère nullement), ce père fabuleux, qui «lance à pleines mâchoires son rire au ciel», qui plante des noyaux un peu partout, ce maçon qui trimballe son fourbi, répare tout de ses mains et donne à voir à son fils ce monde «des ritals». le portrait que
François Cavanna brosse de son père est prodigieux de tendresse, bouleversant de drôlerie.
Enfin, quel adepte de «Babelio» resterait insensible à l'amour de la lecture, du livre, de la langue, dans lequel le petit François tombe dès son plus jeune âge ?
PS : Vous ne resterez pas sur votre faim, puisque vous apprendrez la suite dans «Les Russkofs».