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Je l'ai lu d'une traite. Pourtant, il m'est arrivé souvent de vouloir décrocher, écoeurée. Trop cru. Trop effrayant. Grotesque. Et puis non, j'étais scotchée : jusqu'à la lie. Et quand j'ai refermé le livre, j'étais vaguement nauséeuse. Je ne me sentais pas fière : comme si j'avais regardé à travers le trou d'une serrure et que je m'étais enivrée d'un spectacle scabreux. Nick Cave sait s'y prendre pour bousculer, déranger. Plusieurs fois je me suis demandée où il voulait en venir, si c'était juste pour nous dégoûter de la gent masculine en particulier ou de l'humanité en général, ou de nous-même simplement. J'ai voulu continuer pour voir si une lumière salvatrice allait enfin traverser ce monde lubrique et sordide, cette absence de vie, d'espoir. Mais de page en page l'auteur n'a eu de cesse de m'abreuver impitoyablement : sexe, mort, addiction, sexe, mort...
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Pour ceux qui le connaissent, la patte de l'Australien est reconnaissable, et pour les autres, il faudra aimer l'outrance et barboter dans les mochetés du monde pour apprécier ce roman.
Histrion, bateleur, Bunny en est un fameux, quoique je ne sois pas sûre qu'il faille pousser très loin les similitudes entre l'auteur et sa bestiole. Faut-il voir en Bunny Munro le jumeau maléfique de Cave, celui qu'il aurait été sans la musique ? Hâbleur certes, doté d'un charme tordu dont il fait un usage encore moins recommandable, prompt à se perdre dans n'importe quel paradis terrestre ? Possible, possible… le roman, quoiqu'il en soit, est un long portrait en mouvement, ce type de récit donc chaque péripétie est une mise au jour des mécanismes mentaux de la créature. Classique, ou peu s'en faut. Ceux qui suivent ce blog doivent savoir que c'est là mon type de roman préféré, ceux qui ne racontent pas grand-chose – désolée pour les amateurs d'actions trépidantes. Car dans les faits, il ne se passe pas grand-chose : un veuf pathétique traîne son fils sur les routes de la côte anglaise, saute sur tout ce qui bouge avant de passer l'arme à gauche. Je me permets de spoiler, au passage, attendu que le dénouement est de toute façon écrit en gros sur la couverture. Bunny va passer l'arme à gauche, n'ayez aucun doute. La gageure est donc : comment conserver l'intérêt du lecteur quand il n'y a pas de suspens et qu'on est plus proche de Bukowski que de Racine? En écrivant une histoire universelle, peut-être, quitte à s'asseoir un peu sur la catharsis.
Disons que si l'on comprend bien la problématique du personnage, son drame de n'avoir, au sens propre, pas les couilles de s'affranchir de ses propres scories, il manque une réelle empathie pour que le tragique fonctionne. On pourrait aussi envisager l'angle de la comédie sociale noire, si en vogue chez nos amis grand-bretons, ou parler du rapport homme/ femme, ici réduit au très biologique rapport homme/morceau de femme – pas le cerveau, bien entendu. Mais tout cela concourt à faire de cette Mort de Bunny Munro une tragédie ratée, la fresque grotesque d'un héros qui ne s'élève qu'en ratant la marche, et j'ai envie de croire que c'est fait exprès. Tragédie car tout l'intérêt du roman réside dans cet écart entre la hauteur du propos et la bassesse du héros, pour montrer tout ce qu'il n'est pas. Cave met en scène un bizarre exemple d'échec humain, sans l'ombre d'un espoir de rédemption, ou un espoir avorté à la limite.
Faut-il aimer Nick Cave pour apprécier son roman ? Je n'en sais fichtre rien. Il faut aimer Bukowski, comme je l'ai dit. Aimer le grotesque en son sens le plus fort, ne pas se voiler la face devant le cru, le gras, le glauque, voire le carrément criminel. Aimer l'humour noir, aussi, ça peut aider. Ça aide toujours, cela dit. Alors si votre conception du roman anglais ressemble à un film de James Ivory, Mort de Bunny Munro n'est pas pour vous. Mais si vous avez un faible pour les zigotos qui montrent leurs fesses au public au lieu de lui tirer les larmes, ça devrait bien se passer.
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Difficile de commenter ce livre parce qu'il a été difficile à lire. Il faut avoir le coeur bien accroché. Les 3/4 du livre sont des délires sexuels, où Bunny Munro démissionne de ses responsabilités mais les derniers chapitres du livre sont plus intéressants, plus subtils, avec une grande force qui donnent un vrai sens à tous les actes des Bunny. Les passages poignants entre le père et le fils m'ont filé des frissons. La sincérité de la plume de Nick Cave est bouleversante. Les mots crus, les descriptions à en vomir m'ont plongé dans un monde noir. Néanmoins, la plume de Nick Cave est juste. Les métaphores sont puissantes et l'humour acide y a toute sa place.
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Après le suicide de sa femme, Bunny, représentant en cosmétiques et don juan invétéré, part en tournée avec son fils de 9 ans le long de la côte anglaise de Brighton. Mais loin d'être un moment d'intimité rêvé entre un père et son fils, ce voyage initiatique vire rapidement en une descente aux enfers.
Mais quel plaisir de repartir sur la route avec Nick Cave. Même si ce roman est quelques peu foutraque.
Hâte de le terminer pour venir vous en dire plus.
Mais pour l'instant ça déchire


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Quand Nick Cave passe du micro à la plume, ça noircit ta vie, ça encrasse le bocal et ça met aux aguets ton sens de la répartie. Y'a quelque chose de pourri au royaume des Bad Seeds, du gros dégueulasse réuni en quelques pages. Fort bien !

Après le suicide de sa femme qu'il aimait (et trompait plus que) beaucoup Bunny Monroe embarque son fils à travers une course poursuite contre le glauque. Vif du caleçon et de son braquemart, de ses puissantes techniques de ventes au porte à porte. Rasade d'alcool après clope sur clope, il sombre dans la folie, emportant progéniture conjonictivitée avec lui.

Son fils Bunny Junior déclare papa héros malgré la lositude des choses. Armé de son encyclopédie, ce petit champion croise le fantôme de sa mère dont le souvenir devient confus puis oubli.

Se mêleront à ce conte fantastico-dégueu un tueur en série orné de cornes du diable sévissant dans des centres commerciaux, une armée de femmes en chaleur (ou pas), des sosies d'Avril Lavigne et une bande son à musique unique, celle de Kylie Minogue. Star des fantasmes de Bunny Monroe qui le mèneront jusqu'à sa (?) mort.

C'est bourré de cul, de coke et d'Angleterre. Une vision complètement Nick Cave de la liberté britannique à la sauce al Bundy, des répliques cinglantes et une atmosphère rance. Ce bouquin sent la sueur, nous met mal à l'aise ... bref on en redemande !

De quoi détester la race humaine entière, sans besoin de colère.

Un putain de voyage dans le grand n'importe quoi organisé !

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Nick Cave, ce cher Nick Cave, ne cesse de m'impressionner. Après avoir livré je pense, un de de ses meilleurs albums ("Skeleton Tree"), et après avoir signé un live d'anthologie juste hallucinant dans sa qualité et son intensité ("Distant Sky"), voilà que je découvre sur une étagère de la médiathèque son roman, "Mort de Bunny Munroe".
Si la qualité de parolier et de chanteur de Nick Cave est pour moi un certitude absolue, je ne l'avais encore jamais lu sur un format véritablement littéraire. Et c'est peu de dire que je suis assez confus. Autant d'ailleurs par le roman, que par ce que certaines critiques insinuent.

Essayons de faire ça point par point. Avec ce roman, Nick Cave me semble bien s'incarner en anti-John Fante. Et ça pique un peu, parce que si j'ai toujours adoré les losers, c'était bien ces "beautiful losers" que dépeignaient Fante, Brautigan ou Toole. Des gars qui loupent tout, mais avec un éclat tel que c'est heureux. Des culs-de-sacs illuminés, des solitudes bruyantes! Finalement, de jolies personnes qui, dénuées d'une compagnie suffisante à exister pleinement, ont échoué à vivre dans la normalité.
Là, c'est tout l'inverse. Bunny Munroe a tout l'attribut du loser, mais possiblement parce que c'est un connard. Il n'y a pas vraiment d'autres mots: addict à un peu près n'importe quoi se rapprochant du vice (et en premier lieu le cul, juste omniprésent) et n'étant motivé je pense par aucune bonne foi, malgré les rares moments d'échappatoire qu'offre le livre. Et je pense que l'effet recherché par Nick Cave au départ se devait être plus subtil: que ce soit par quelques phrases glissées ici et là, ou plus grossièrement par une fin cathartique et théâtrale, on imagine bien que l'idée de départ était d'en faire un personnage de bon fond. Or, on s'y perd dans ce personnage. On avance dans une déréliction devenant étouffante, page après page, et on sait vers quoi tout ça nous mène.
Alors, dans ce côté loser-connard, Nick Cave n'est pas si maladroit. C'est caricatural, mais pas seulement: Nick Cave a par exemple la bonne idée de casser cette espèce de mécanique hypnotisante avec brutalité. Cette mécanique, vous la comprendrez bien vite, c'est: Bunny entend Kylie Minogue, pense à son cul, ce qui le mène au vagin d'Avril Lavigne, puis il voit une gonzesse de 10 ans sa cadette, lui balance un sourire suranné, et finit par se la taper.
Alors bon, concluons par dire que ce roman aurait gagné à avoir un personnage plus touchant, plus ouvert (par sa volonté ou à son insu). Finalement, le seul élément touchant du livre s'avère être à-travers le prisme de son enfant, qui malheureusement ne fait jamais écho très longtemps.

Sur le plan de l'intrigue, Nick Cave avance très vite et très fort. On ne s'ennuie pas, les pages défilent à tout allure dans un crescendo désordonné qui rappelle le cours des pensées de notre cher Bunny. On aurait tendance, une fois encore, à imaginer une relation entre le père et son fils plus touchante, plus travaillée. Je pense que si Bunny s'était tapé trois fois moins de filles et avait réalisé juste un ou deux flashbacks en plus, le résultat final aurait été bien plus équilibré.

Et arrivons donc à l'écriture de Nick Cave. Bon, je ne vais pas passer par quatre chemins: il est bien meilleur parolier que romancier. Autant le souligne une enième fois, c'est probablement un des meilleurs paroliers de notre temps. En ce qui concerne son roman, il est loin d'être mal écrit. Disons plutôt qu'il n'est pas aidé par le fond. Parfois, on sent l'écriture de Nick Cave prête à s'envoler, et les métaphores se filent, les atmosphères s'installent, lourdes. Ce n'est jamais de très longue durée, sauf à la fin, où le tout se révèle tout de même assez touchant.
Mais contrairement à ce que j'ai lu dans certaines critiques, je n'ai pas retrouvé dans ce roman d'ambiance ressemblant franchement aux Bad Seeds, pourtant dieu sait que je les apprécie! Il n'y a ni franc mystère, ni sens de la tournure ou de travail particulier d'atmosphère.

Je réaliser en terminant cette critique que j'ai dit peu de bien de ce roman. C'est parce qu'il m'a beaucoup déstabilisé. Je ne m'attendais pas à ça du tout, avec Nick Cave. Ce n'est pas mauvais, et je dirais même que chez un auteur inconnu, je trouverais ça assez intriguant. Je reste donc très indécis dans cette conclusion, et vous laisse forger votre avis si le coeur vous en dit.
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Le road novel d'un représentant en cosmétiques, obsédé sexuel et artificiellement trépidant, dans Brighton et ses environs. Énorme.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/04/14/note-de-lecture-mort-de-bunny-munro-nick-cave/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Il est mignon tout plein, non, ce petit lapin blanc, avec ses petites oreilles roses et... regardez d'un peu plus près : son oeil à-moitié arraché. Ah, plus si mignon, du coup. Un brin dérangeant, même, hein. de toute façon, ceux qui connaissent un tant soit peu Nick Cave se doutent bien que les petits lapins, chez lui, ont peu de chances d'être vraiment roses.

Bunny Munro, représentant en produits de beauté dans le sud de l'Angleterre - sourire charmeur, mèche en accroche-coeurs sur le front et chemises tape-à-l'oeil - est un queutard invétéré. Un accro à la baise, un obsédé de la foufoune, un pénis à la place du cerveau et un vagin pour tout idéal. Passablement alcoolique, pour ne rien gâcher, et irrécupérablement irresponsable.
Lorsqu'il se réveille auprès d'une énième prostituée, gueule de bois dans un hôtel minable, Bunny Munro comprend soudain qu'il va mourir. de fait, c'est sa femme qui se suicide. Avec un mari pareil, on peut comprendre. Sa femme qu'il aimait malgré tout et sans laquelle il se retrouve plus paumé qu'un gosse, avec justement un gosse dont il sait qu'il ne saura jamais s'occuper. Un gamin de 9 ans au sourire de traviole, aux yeux malades et à la mémoire prodigieuse, qui adore son père comme un héros. Incapable de rester dans l'appartement familial, Bunny prend ses cliques, ses claques, son fils et ses produits de beauté, et part sur la route.
Pendant que papa baratine les clientes et baise ce qu'il peut, fiston apprend le monde dans son encyclopédie... et attend, empli d'une confiance aussi absurde que fragile. Mais les morts veillent et la mort rôde. Obsédé par la certitude de sa propre fin, Bunny tombe de plus en plus bas et creuse son chemin vers la tombe.

*

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce bouquin, entre son personnage principal odieux et la narration extrêmement crue, refusant toute poésie pour relever le sordide même si épicée par un style haut en couleurs, non dépourvu d'un certain humour et d'un sens indubitable de la formule.
Et puis, petit à petit, à partir de la moitié du roman environ, j'ai commencé à me laisser happer. Peut-être en partie à cause de ce gamin, agaçant mais attachant, dont on espère désespérément qu'il sera arraché à temps à l'influence de son père. Peut-être parce que le père, aussi odieux et méprisable qu'il reste jusqu'au bout, devient aussi de plus en plus pathétique, s'acharne et s'englue tant et si bien dans sa course inconsciente à l'autodestruction qu'il finit par toucher. Parce qu'une nuance de mystère se fait de plus en plus présente, avec le fantôme mi-vengeur, mi-protecteur de la mère dont on ne sait trop s'il est le fruit d'une hallucination ou véritable intrusion fantastique. Parce que le style, quand même, a de la gueule dans le genre extrême et couillu. Parce que l'ambiance, peu à peu, devient un terrain mouvant dans lequel on s'enfonce sans trop plus savoir comment s'y arracher, jusqu'à un dernier chapitre superbe où un rêve de rédemption se dilue dans la mort.

J'ai du mal à déterminer si j'ai aimé ou non, finalement, mais Bunny m'aura laissé une impression assez forte.
A vivement déconseiller aux âmes sensibles !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Roman de Nick Cave.

Après le suicide de Libby, son épouse, Bunny Monro est à la dérive. Vendeur au porte-à-porte de produits de beauté, il part avec son fils, Bunny Junior, sur les routes du sud de l'Angleterre, avec sa valise d'échantillons et le sentiment de sa mort imminente. Aiguillonné par un désir sexuel permanent, il enchaîne les relations de quelques instants, entre deux gorgées d'alcool et une bouffée de Lambert & Butler. Bunny Junior attend son père toute la journée, sur le siège passager, son encyclopédie sur les genoux. du père ou du fils, on ne sait plus qui soutient l'autre.

Avant tout, je précise que, si j'ai acheté ce livre, c'est exclusivement pour la bouille de lapin en peluche qui figure sur la première de couverture. Pour ceux qui l'ignorent, je fonds comme une glace au soleil à la vue d'un lapin... Je n'ai appris qu'après, bien après, que Nick Cave est un chanteur réputé aux diverses casquettes artistiques. Voilà pour les circonstances d'arrivée de ce livre entre mes mains.

Comme le dit le titre, on assiste aux derniers moments de Bunny Monro. Dès le début du texte, le personnage a le sentiment de sa mort imminente. Moi, j'ai eu le sentiment d'un homme qui brûle la chandelle par les deux bouts, qui scie la branche sur laquelle il est assis, qui joue ses dernières cartes. J'ai eu des difficultés à éprouver de la sympathie pour cette épave rongée par ses vices, pour ce père inattentif et maladroit, pour ce vendeur baratineur et tripoteur.

Après quelques pages seulement, j'étais déjà lassée par l'abondance des termes grivois, des scènes obsènes et des situations vulgaires. le personnage principal éprouve une fascination visuelle obsédante pour le sexe féminin, dont il convoque l'image à tout moment. Pour lui, il semble n'y avoir que ça, comme un retour perpétuel et inévitable à un point d'origine. J'ai fini par avoir constamment en mémoire la toile de Gustave Courbet, L'origine du monde.

Outre l'addiction morbide au tabac et à l'alcool, Bunny Monro prête incessamment à ses fantasmes les traits d'icônes féminines, tout particulièrement des chanteuses pop. Défilent page après page Madonna, Britney Spears, Beyoncé, Avril Lavigne, Kylie Minogue et son mythique minishort lamé or, au son tonitruant de son Spinning Around, tube qui déborde vulgairement de l'auto-radio. Aucune finesse nulle part, les relations physiques selon Bunny Monro le chaud lapin ne sont que des coïts précipités ou des satisfactions solitaires.

Une autre agression filtre au travers des lignes, une agression visuelle par les couleurs. Il y a le jaune canari de la Fiat Punto que conduit Bunny, le jaune canari de sa chemise favorite, le jaune canari de la porte d'entrée de l'appartement. L'éblouissante couleur dégouline partout comme dégouline le rouge sang du nez démoli de Bunny, le rouge sang du ketchup qui coule des sandwich, le rouge sang des vêtements de ceux que croisent Bunny. Les couleurs finissent par n'être que des tâches qui se mélangent sur la palette brisée de Bunny.

Bunny Junior est un personnage dont j'ai peiné à comprendre la place. Il souffre de blépharite et dissimule ses yeux irrités derrière des lunettes noires. Petit génie à la mémoire fabuleuse, il ne lâche pas l'encyclopédie que lui a offert sa maman. Au fil de mots comme "mante religieuse" ou "copulation", il tente de comprendre son père. Bunny Junior "est le passager d'un avion, et là, il vient d'entrer dans le cockpit pour réaliser que le pilote aux manettes est ivre mort et qu'il n'y a strictement personne pour piloter l'avion." (p. 266) Trimballé comme un paquet encombrant dont on peut se débarasser, même en se faisant tout petit, il gêne. Détenteur d'une vérité que son père refuse d'entendre, Bunny Junior sait, confusément mais implacablement, ce qu'il va advenir de son père. Petit devin solitaire, aux limites de la cécité physique, assailli de visions trompeuses de sa mère, c'est lui qui conduit son papa sur son dernier chemin. C'est le fils qui tue le père pour devenir un homme, pour devenir le nouveau Bunny Munro.

Les maladresses de narration, miroir grossissant du malaise grandissant de Bunny Munro, n'ont pas su m'émouvoir. J'ai fermé le livre agacée par les artifices utilisés par l'auteur pour décrire les délires, les mensonges, agacée par les descriptions avides et baveuses des corps féminins, agacée par les balbutiements orduriers du personnage. le dernier chapitre est grotesque. L'auteur a voulu en faire un final sublime et flamboyant, je n'y ai vu qu'un défilé de monstres caricaturaux: la belle-mère antipathique, l'homosexuelle bagarreuse, les femmes au foyer délaissées, les lolitas inconscientes, etc.

Je ne garderai pas de cette lecture un souvenir pénétrant. Ma petite-soeur, celle-là même qui m'a dit "Comment, tu ne connais pas Nick Cave? Mais il est génial!!!", a hâte de le lire. J'ai hâte d'entendre son avis enthousiaste...
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Un livre qu'aurait certainement pu écrire le Hank Moody d'une certaine et très célèbre série télé américaine, Californication.

Pas la peine d'en dire des masses. Mort de Bunny Munro de Nike Cave est un livre à lire, déguster, apprivoiser, relire, re-déguster jusqu'à épuisement tellement c'est bon.

Un chef-d'oeuvre du genre qu'aucun écrivain français ne serait foutu de pondre.
Quelque chose de grand écrit par un grand.
Voilà.
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