Derval a une vingtaine d'années, il aime sa fiancée plus que tout. Il est sur le point de l'épouser au bout de trois ans de vie commune.
Il a comme patron son futur beau-père qui travaille dans le secteur de la pêche industrielle. Derval va passer rapidement cadre alors qu'il était chef de la manutention sur les quais.
Sa vie est heureuse et toute tracée. Cependant un jour il part en emportant son passeport ainsi que tout l'argent liquide économisé par le couple.
Nous sommes à Seattle en 1988. Derval a quitté Patricia, la laissant croire qu'il est un monstre et qu'il l'a trahie.
La vérité est qu'il a une bonne raison de partir, même si ça lui déchire le coeur.
29 ans plus tard nous voilà transportés à Sitka, en Alaska à la « Villa Varovski », un gîte de montagne dans un endroit sauvage qui propose aussi aux touristes de passage des excursions et des balades à cheval.
Olga, âgée d'une soixantaine d'années en est la gouvernante autoritaire, revêche et peu avenante. C'est une descendante des premiers colons russes. Elle est de religion orthodoxe et très engagée auprès de son église.
Un jour, par hasard, elle va découvrir au grenier un secret bien caché.
Sous ses ordres, son compagnon Hans, un homme au naturel gentil qui s'occupe du jardin et du bricolage, et Laureen, une jeune fille qui se charge des locations et du contact avec les touristes.
Le gîte appartient à monsieur Kolhann, un homme bon, tranquille et cultivé que son entourage apprécie.
Il va engager Aldwin, un jeune itinérant qui cherche du travail.
Le jeune homme, franc du collier et impulsif, secondera Hans et ne sera pas de trop pour accueillir les touristes devant bientôt affluer pour les cérémonies de l'Alaska Day.
Mais un soir à la nuit tombante, des signes avant-coureurs d'une catastrophe imminente se font sentir. Une panne d'électricité paralyse Sitka, suivie d'un silence inquiétant dans une ville devenue fantôme. Et là c'est l'incompréhension et la peur qui montent.
Toutes les communications sont coupées. Plus d'électricité, plus d'internet, plus de téléphone.
Je n'en dirai pas plus afin de préserver le suspense.
L'auteur brosse les portraits de personnes attachantes, solidaires et profondément humaines qui vont devoir s'encourager mutuellement et se serrer les coudes.
Le petit groupe comprend Laureen, Elizabeth (une randonneuse), Aldwin, Hans et Georges (le patron d'un restaurant).
Tous sont réunis autour de Kolhann, le personnage central qui est le plus à même de prendre les directives dans une résistance, dans une lutte pour survivre suite à un événement imprévisible et dramatique qui s'est produit.
Le roman est découpé en quatre parties dont la première débute par une belle bouffée d'air frais dans l'été indien installé en Alaska.
Ce n'est que de courte durée car l'oxygène se raréfie.
Une atmosphère lourde et irrespirable ne tarde pas à nous oppresser.
L'émotion et l'angoisse sont palpables.
Le suspense s'intensifie jusqu'au retournement de situation final inattendu.
Cette dystopie se termine en un huis clos terrifique à l'air vicié.
"Après avoir lu cet ouvrage, ne paniquez pas, ne pleurez pas. Je vous rassure, ce roman est une fiction." (extrait de la quatrième de couverture)
Trop tard, j'en ressors bouleversée, un peu anéantie aussi, le coeur au bord des larmes.
"
Adieu mon Amérique " est un page-turner au scénario terrifiant qui malheureusement pourrait se produire.
Mais c'est mon plus beau coup de coeur de l'année malgré la noirceur.
Belle plume de l'auteur,
Cédric Charles Antoine. J'ai hâte de découvrir ses autres écrits.