Les cris de joie de la foule furent parcourus d'une énergie incroyable et Ida se rappela ce que Louis lui avait dit un jour: le jazz venait des ouragans de La Nouvelle-Orléans que des légions de gens du Sud en haillons avaient ramenés dans le Nord, cachés dans les pistons des trompettes et le creux des contrebasses, et quand ils jouaient, ils libéraient ces tempêtes et toute cette énergie d'un simple souffle des lèvres sur une embouchure, d'une pression des doigts sur un clavier, d'une torsion de corde.
On peut se moquer de Chicago et de ses truands, mais là-bas, ils savent s'y prendre mieux que n'importe qui pour se débarrasser des gangsters. ils font en sorte que les gangs rivaux s'entre-tuent. la police n'a qu'à faire l'arbitre et compter les cadavres. A Chicago, on accepte un nouveau gangster que s'il est d'accord pour tirer sur un autre gangster. alors vive Chicago ! "
Will Rogers, lettre au New York Times, 1928
On disait parfois parmi les musiciens que le jazz était né à la Nouvelle-Orléans et qu'il avait grandi à Chicago. Louis [Armstrong ] se demandait s'il allait lui falloir aller à New-York pour devenir adulte.
Tout en conduisant sur Blue Island Avenue, il se dit qu'un homme qui arrivait toujours à se relever, c'était quand même un homme qui passait son temps à tomber par terre
Ça ne servirait à rien que je demande à quelqu’un en interne de chercher un traître. Quand on veut faire un audit, on va chercher quelqu’un d’extérieur.
La prohibition avait déclenché une vague de criminalité sans précédent dans l’histoire de l’Amérique et Al avait surfé dessus comme il fallait pour s’élever tout en haut.
Ida était en général mal à l’aise avec les gens issus de familles riches ; elle avait toujours trouvé que derrière la noblesse des manières se cachait un certain mépris, le sentiment d’avoir droit à tout, comme la conviction que le monde leur était personnellement réservé. Mais cette femme-là paraissait différente.
Ida avait vingt-huit ans et était d’une beauté exceptionnelle malgré un léger manque d’assurance. Outre sa beauté, ce qui la singularisait, c’est qu’elle était noire mais sa peau était assez pâle pour passer pour blanche, ce qui l’avait condamnée la majeure partie de sa vie à se considérer comme un être marginal.
« Nous vivons à une époque où il vaut mieux pour un policier tirer d’abord et poser des questions après. C’est la guerre. En temps de guerre, on tire avant de discuter. »
Chicago reposait sur la ségrégation, sur ses limites et ses frictions, et le jazz était une oasis qui permettait d'y échapper. C'était comme un baume apaisant sur une ville blessée, une pommade pour dissoudre les frontières. Il était naturel que le jazz puisse être considéré comme une menace pour ces institutions qui profitaient des divisions compartimentant la ville.