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sur 1720 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après le succès retentissant de Voyage au bout de la nuit, Céline entame un nouveau roman : Mort à Crédit.
Si le Voyage commençait par « Ça a débuté comme ça », Mort à crédit nous donne plus de précisions. « Ça », avait débuté bien avant, le 27 mai 1894 à Courbevoie.
Dans le projet initial, Céline avait pensé à une histoire en trois temps : « Enfance, Guerre, Londres ». Finalement Mort à crédit ne couvre que la période de l'enfance. le service militaire sera décrit dans Casse-pipe et Londres dans Guignol's Band I et II.
Avec Céline, la dimension autobiographique est toute relative. L'auteur a sélectionné quelques épisodes vécus en les dramatisant démesurément, et en a bouleversé la chronologie au gré des nécessités de son récit.
Le roman est divisé en plusieurs parties.
D'une part, l'auteur y évoque son présent de médecin de banlieue face aux misères et aux petitesses humaines. Peu à peu . On bascule dans les hallucinations délirantes que lui inspirent un accès de fièvre et les souvenirs d'enfance que celui-ci fait remonter.
D'autre part, un récit de l'enfance et de l'adolescence d'un fils de boutiquiers dans le Paris des années 1900-1910. Ses apprentissages sont une suite d'échecs lamentables, d'une noirceur sans espoir.
Un parallèle apparait entre le culte du progrès technique qui imprègne l'époque et l'incapacité des petites gens à s'adapter au progrès et donc potentiellement ils sont guettés par l'endettement et la misère.
D'où le titre du livre : vivre, c'est acheter sa mort à crédit ; noir c'est noir.
Enfin, un approfondissement de cette thématique à travers les deux années que passe le narrateur au service d'un savant et éditeur chimérique, se voulant à l'avant-garde.
L'échec final sera encore plus tragique.
Comme toujours, certains lecteurs ont été et sont prompt à condamner cet auteur en particulier au nom du passé.
En fait rien de nouveau avec tous les mouvements émergents, dont la dernière péripétie a eu lieu lors de la cérémonie des « césars 2020 », mais qui fait suite à tous les groupuscules d'hystérie collective qui ont émergé avec « balance ton porc » et qui au nom de leur propre conception du monde et au nom de leur propre vérité sont prêt à tous les combats pour faire peur à toutes les idées qui pourraient les contrarier.
Leur terrorisme intellectuel est de fait aussi lamentable que les positions que Céline a pu défendre à une certaine époque et cependant cela ne fera pas disparaitre le fait que cet auteur est un des plus grands romanciers français.
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Ici c'est l'enfance du héros de voyage au bout de la nuit qui nous est contee et on retrouvera l'ambiance de l'autre grand roman de Celine et les deux romans se completent bien je vous les conseille chaudement !
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Peut-on parler de détente et de plaisir à la lecture d'un livre de Céline? Me concernant non, je suis mal à l'aise et engoncée de pensées parasites qui m'empêchent dans le récit et l'écriture au demeurant pour le moins maîtrisée
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Décapant, décoiffant, cruel, cru, féroce, éblouissant, saisissant, je ne sais quel qualificatif donner à ce roman.
Je vais retenir saisissant …

Saisissant par le style inédit ; je n'avais jamais lu un truc pareil (il faut dire que c'est mon « premier Céline »).
C 'est l'argot à l'Académie Française, c'est une trombe, un orage avec ses éclairs et sa foudre, une avalanche.
Les pages vibrent, le livre fume sous l'intensité du verbe.
On en sort fatigué, mais de cette saine fatigue qu'on éprouve au retour d'une longue randonnée sur des chemins difficiles.

Saisissant par la rage qui s'en dégage. Tout un monde est broyé méthodiquement, une certaine culture, la petite bourgeoisie, les paysans, la famille, les « élites » (autoproclamées), bref toutes les classes sociales.
Il y a peu de rescapés à l'issue de cette entreprise systématique de démolition (l'oncle Edouard, la grand-mère, Irène, ... peut-être ... et en creux).

Saisissant par la justesse et la profondeur de la description des affres d'une enfance et d'une adolescence mise au rebut, en proie à l'égoïsme et l'aveuglement confit de parents qui semblent ne pas discerner la nuance entre éducation et élevage.
Entre le masochisme sacrificiel d'une mère ( ? … plus épouse que mère …), et les délires d'un père qui tente de masquer sa lâcheté intrinsèque dans des boursouflures de tyran domestique.

Saisissant car, sans verser dans la psychologie à deux balles, on ne peut pas s'empêcher de rechercher dans ce récit quasi-autobiographique, les sources des délires antisémites et des bassesses intellectuelles dans lesquelles Céline s'est ensuite vautré.
Peut-être ce syndrome des enfants battus qui deviennent (pour certains) eux même des bourreaux d'enfant … On ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la paranoïa du père et sa haine proclamée des franc-maçons et des juifs.
De même que l'écriture torrentielle de Céline pourrait être rapprochée des éructations paternelles (mais avec le talent en plus).

Saisissant parce qu'au milieu de ce jeu de massacre, il est parfois possible de percevoir, au détour d'une phrase ou d'une expression, une certaine tendresse, une mélancolie pour « ce qui aurait pu être ».
La férocité n'est-elle pas ici à la fois l'expression d'une colère, et le masque d'une certaine tristesse.

J'ai longtemps hésité à lire Céline. Son côté sulfureux, et le caractère immonde de certains de ses écrits ont fait que j'avais jusqu'ici pratiqué l'auto-censure.
Je ne regrette pas cette incursion. Céline est un immense écrivain.
Et pour « le reste » autant admettre que le talent littéraire et la rectitude morale ne sont pas obligatoirement des phénomènes jumeaux ….
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La patte Céline est là, argotique, brillante, bruyante.
On retrouve ce style incomparable... haché... inspiré... charbonneux... épais...
C'est l'enfance de Ferdinand qu'on voit défiler au long de ce roman touffu.
Le tableau est suiffeux... brutal... charnel...
Et si Mort à crédit n'a pas la profondeur du "Voyage..." ni sa portée universelle, il reste un roman incontournable.
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N°839 – Décembre 2014.

Mort à crédit - Louis-Ferdinand CELINE – Gallimard.

« Voyage au bout de la nuit », le premier roman de Céline qui avait manqué de peu le prix Goncourt fut cependant un succès. Dans sa quête de mémoire, l'auteur choisit de nous livrer son enfance mais Bardamu qui avait été le personnage central du « Voyage » perd son nom mais se prénomme toujours Ferdinand. Cela n'en est par moins un roman autobiographique mais où il choisit des épisodes particuliers en leur donnant une dimension dramatique et en en bouleversant la chronologie. Il commence par évoquer son rôle de médecin, puis, assailli par la fièvre replonge dans son enfance  et son adolescence, celles d'un fils de boutiquier parisien des année 1900, marquées par l'échec au niveau familial et professionnel. Son père, Auguste, est employé de bureau chez un agent d'assurances et sa mère Clémence ouvre une boutique de dentelles dans le « Passage des Bérésinas». Leurs relations sont difficiles et parfois violentes. Il insiste sur cette « Belle époque », qui ne l'a pas été pour tout le monde et spécialement pour les petites gens guettés par l'endettement et finalement par la misère. le progrès technique qui caractérise ces années ne leur profite pas. Et lui de conclure que vivre c'est acheter sa mort à crédit, ce qui donne son titre au roman.
Le style est à peu près semblable à celui du « Voyage » fait de points de suspension, de phrases parfois hachées ou laissées en suspens qui veulent sans doute évoquer le délire qui a caractérisé sa manière de s'exprimer. Quant aux descriptions, elles ont plus élaborées mais prennent parfois une dimension scatologique et nauséeuse. Elles sont insistantes et parfois dérangeantes. L'argot, quant à lui est toujours présent mais le délire verbal, les propos de l'auteur parfois obscènes autours du sexe reste sa caractéristique, un peu comme une obsession..
Les personnages sont des inadaptés, des gens qui vivent en dehors de leur époque, ses propres parents d'abord mais aussi le père Gorloge, M. Merriwin, Roger-Martin Courtial des Pereires, inventeur farfelu et un peu escroc. L'oncle de Céline, Édouard qui lui vient en aide à plusieurs reprises et Caroline, la grand-mère de Céline représentent pour l'enfant une manière de s'échapper de ce contexte familial difficile. L'école ne réussit guère au jeune Ferdinand qui accompagne sa mère sur les marchés. Il devient ensuite commis puis employé chez le bijoutier Gorloge mais malheureusement pour lui cela tourne mal. Son séjour en Angleterre, chez les Merriwin est aussi un échec et l'ambiance délétère qui règne chez ses parents à cause de la misère qui s'y installe détermine son oncle Édouard à recevoir Ferdinand chez lui. C'est grâce à lui qu'il rencontre Courtial, génial inventeur mais complètement marginal et dont l'expérience d'agriculture tellurique tourne au fiasco. Son séjour chez lui quelque peu chaotique se termine par le suicide de son protecteur, le retour de Ferdinand à Paris et son engagement dans l'armée. On peut y voir une référence à son premier roman de même que son évocation de son rôle de médecin.
La mort est omniprésente dans ce texte, celle de Mme Berenge, celle de la grand-mère, le suicide de Nora Merriwin et celui de Courtial. Il y a aussi de la vie, à travers les expériences sexuelles décrites par Céline ce qui en fait un roman différent du « Voyage ». le texte évoque l'immense malheur du monde et le lecteur a l'impression que la vie de Ferdinand est un cauchemar tout juste adouci par son séjour chez les Courtial et par la présence de son oncle.
Comme toujours chez Céline, la relation est un peu décousue. Il fut beaucoup moins bien accueilli que « Voyage au bout de la nuit », fit scandale et subit même des censures, ce qui perturba Céline qui y vit une injustice. Il a sans doute voulu parler en le grossissant du malheur de l'humanité mais la dimension sexuelles du texte a sûrement dérangé le lectorat de l'époque et choqué la morale publique. Ferdinand est un personnage souffrant, victime de la malchance..
Je reste fasciné par le verbe de l'auteur, « cette petite musique célinienne »par sa compassion pour la misère humaine. Derrière les anecdotes, j'y ai surtout lu un profond désespoir. Ce roman publié en 1936 est le premier d'une trilogie autobiographique qui se poursuivra par « Casse-pipe » , inachevé, et « Guignol's band ».

©Hervé GAUTIER – Décembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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C'est l'histoire d'un gamin solitaire dans le Paris d'entre deux guerres, élevé par des bourgeois pauvres, bêtes, fermés sur le monde, prétentieux qui voulaient avoir l'air d'être ...
Tout ce petit monde évolue sous l'oeil et la plume de Céline avec sa férocité et son humour qui sont des constantes dans presque toutes ses oeuvres.
Il passe naturellement de l'horreur au grotesque, il écrit comme il parle ou plutôt comme il pense, va d'une phrase à l'autre sans attendre, presque sans respirer.
Pour finir, un vrai chef d'oeuvre au même titre que " Voyage au bout de la nuit "
A lire absolument.
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Rarement écrivain aura autant suscité les passions que Louis Ferdinand Destouches. Que l'on apprécie le style novateur de Celine dans "Voyage au bout de la nuit", où que l'on déteste le sulfureux pamphlétaire antisémite, nul ne peut rester indifférent.
Si l'oeuvre est relativement familière au plus grand nombre, la vie de l'écrivain est souvent méconnue du public, prompt à se satisfaire d'épithètes préfabriquées.
Depuis des années Céline est l'écrivain français le plus lu et le plus étudié à l'université,mais aussi le plus décrié.
Beaucoup d'écrits ont été produits sur Céline,un record dans le genre. Cette profusion éditoriale, permet de mieux comprendre une vie riche et complexe et d'appréhender l'oeuvre loin des passions partisanes.
La jeunesse de l'écrivain est assez classique pour l'époque. Louis-Ferdinand Destouches est né le 27 mai 1894 à Courbevoie, dans une famille de la petite bourgeoisie.
Si, par la branche paternelle, les Destouches peuvent prétendre à une ascendance nobiliaire, la réalité quotidienne est plus prosaïque. Auguste Destouches, le père du futur écrivain, est gratte-papier dans une compagnie d'assurances tandis que Marguerite Guillou, sa mère, exerce la profession de commerçante.
Rien de bien prestigieux pour ces déclassés qui ont de grandes ambitions pour leur fils unique. le lieu de naissance de Louis Destouches est aussi un symbole.
En cette année 1894, Courbevoie ce n'est pas tout à fait Paris, mais ce n'est plus tout à fait la campagne. de facto le futur Céline naît dans une sorte d'entre-deux social et géographique ; à cheval entre un passé disparu et un futur encore incertain.
Six mois après la naissance de Louis Destouches éclate l'affaire Dreyfus.
Cet événement ne sera pas sans conséquence. L'ordre, l'armée, le travail, et la patrie sont des valeurs de la famille Destouches. Auguste, son père, est un lecteur assidu de la presse antisémite de l'époque, et jusqu'à sa mort, en 1933, il refusera de croire en l'innocence du capitaine Dreyfus…
Tous ces éléments participeront à l'éducation de Louis Destouches qui baignera dans une ambiance ultranationaliste et antisémite. Au tournant du siècle, la famille Destouches s'installe à Paris, passage Choiseul, où Marguerite ouvre un commerce de dentelles et de bibelots. Contrairement à ce qu'il écrira plus tard dans, la jeunesse de Céline est sans histoire. L'enfant est même trop choyé par ses parents… Seul souvenir douloureux, la mort, en 1904, de sa grand-mère,qu'il adorait.
Quelques décennies plus tard, au moment de publier le Voyage,Louis Ferdinand se souviendra de ces instants complices avec son aïeule et prendra son prénom -Céline-pour pseudonyme.
Après l'obtention du certificat d'études, les Destouches songent à l'avenir de leur rejeton. Sans grande originalité, l'enfant est promis au commerce moderne. Si l'on en croit Céline, Marguerite Destouches rêvait pour son fils d'un poste d'acheteur dans les grands magasins…
À cet effet, LF Détouches,est envoyé en Allemagne, puis en Angleterre pour apprendre les langues étrangères.
Retour à Paris, et c'est l'apprentissage de plusieurs métiers dans le quartier de l'Opéra. Mais un obstacle demeure avant de se lancer dans la vie ; le service militaire...




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On y retrouve l'inimitable talent stylistique de Céline, dans toute son exubérance. Ce style est plus affirmé que dans le Voyage au bout de la nuit, le livre est pourtant moins profond et plus léger, burlesque et cynique à la fois.
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Un peu redondant avec le Voyage au bout de la nuit, mais le style désabusé de Céline fait toujours mouche.
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