Blaise Cendrars crée des mythes.
Ses personnages, magnifiés par l'intensité de son écriture, prennent une consistance inégalable, et
Dan Yack est sans doute celui de ses trois grands romans dont le héros atteint au plus près cette existence mythique. Cela tient avant tout à la construction narrative de ce livre, en deux parties bien distinctes, le Plan de l'Aiguille, récit à la troisième personne des aventures du personnage éponyme, de Saint-Pétersbourg à la Terre de Feu au début du siècle, puis
Les Confessions de Dan Yack, enregistrées sur dictaphone par ce même personnage bien des années plus tard dans un chalet des Alpes. Entre les deux, la guerre, qui a tout changé, et qui est le point de bascule entre extériorité et intériorité, action et réflexion, burlesque et mélancolie.
Un roman double, contrepoint éclairant la vie sous deux angles bien distincts, émaillé de considérations sur l'art, l'amour, le cinéma, la vie moderne...
Et qui, à la façon des grandes figures mythiques, se referme en nous laissant une forte impression, celle d'une grandeur entrevue derrière la faiblesse et la trivialité, d'une lumière éclatante aussitôt étouffée, mais tout de même tangible, dans les mots de
Cendrars...