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Citations sur Moravagine (74)

L'amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur, l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète inhibition, la complète annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du cœur, ce besoin d'anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d'effusion, d'adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l'amour d'après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du masochisme ?

Blaise Cendrars
Moravagine, p.61
Le Livre de Poche, n° 275, Paris, 1960
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‎On ne pourra donc jamais me fiche la paix et me laisser vivre à ma guise, comme je l'entends ! Si ma liberté gêne quelqu'un ou le monde, moi, je m'en fous, vous savez, on peut me fusiller, je préfère ça. D'ailleurs, ça ou autre chose, ou rien, ça m'est égal. Etre ici, ou ailleurs, en liberté ou en prison, l'important c'est de se sentir heureux ; d'extérieure, la vie devient intérieure, son intensité reste la même et, vous savez, c'est bizarre où le bonheur de vivre va parfois se nicher.
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Vous me faîtes rire avec votre angoisse métaphysique, c'est la frousse qui vous étreint, la peur de la vie, la peur des hommes d'action, de l'action, du désordre. Désordre que les végétaux, les minéraux et les bêtes ; désordre que la multitude des races humaines ; désordre que la vie des hommes, la pensée, l'histoire, les batailles, les inventions, le commerce, les arts ; désordre que les théories, les passions, les systèmes. C'a toujours été comme ça. pourquoi voulez-vous y mettre de l'ordre ? Quel ordre? Que cherchez-vous ? Il n'y a pas de vérité. Il n' y a que l'action, l'action qui obéit à un million de mobiles différents, l'action éphémère, l'action qui subit toutes les contingences possibles et inimaginables, l'action antagoniste. La vie. La vie c'est le crime, la vol, la jalousie, la faim, le mensonge, le foutre, la bêtise, les maladies, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, des monceaux de cadavres.
Tu n'y peux rien, mon pauvre vieux, tu ne vas pas te mettre à pondre des livres, hein?
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L'aspect de cette Allemagne industrielle le ravissait. Le train bondissait sur les aiguillages, faisait sonner les plaques tournantes, s'engouffrait sous les ponts en béton, dans les tranchées, franchissait les viaducs métalliques, traversait diagonalement les immenses gares désertes, déchirait l'éventail des voies ferrées, montait, descendait, faisait sursauter les bourgades et villages. Partout des usines, des forges, des échafaudages, des pylônes d'acier, des toits de verre, des treuils, des grues à vapeur, d'énormes réservoirs, des panaches de fumée, de la poussière de charbon, des câbles tendus d'un bout à l'autre de l'horizon. La terre grésillait, asséchée, pelée par les milliers foyers allumés dans les fours et cette splendide journée de fin d'automne ne s'en faisait que plus torride.
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Tout palpite. Ma prison s'évanouit. Les murs s'abattent, battent des ailes. La vie m'enlève dans les airs comme un gigantesque vautour. A cette hauteur, la terre s'arrondit comme une poitrine. On voit à travers son écorce transparente les veines du sous-sol charrier des pulsations rouges.
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L'important c'est de se sentir heureux, d'extérieure, la vie devient intérieure, son intensité reste la même et vous savez, c'est bizarre où le bonheur de vivre va parfois se nicher.
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Moscou est belle comme une sainte napolitaine. Un ciel céruléen reflète, mire, biseaute les mille et mille tours clochers, campaniles qui se dressent, s'étirent, se cabrent ou, retombant lourdement, s'évasent, se bulbent comme des stalactites polychromes dans un bouillonnement, un vermicellement de lumière. Pavées en rondes bosses, les rues sont pleines du tintamarre des cent mille fiacres qui déferlent jour et nuit ; étroites, rectilignes ou cerclées, elles s'insinuent entre les façades rouges, bleues, safranées, ocrées des maisons pour s'élargir soudainement devant un dôme d'or que des bandes de corneilles criardes fouettent comme une toupie.
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Tout palpite. Ma prison s'évanouit. Les murs s'abattent, battent des ailes. La vie m'enlève dans les airs comme un gigantesque vautour. A cette hauteur, la terre s'arrondit comme une poitrine. On voit à travers son écorce transparente les veines du sous-sol charrier des pulsations rouges. De l'autre côté, les fleuves remontent, bleus, comme du sang artériel et où éclosent des milliards et des milliards d'êtres. Par au-dessus, comme des poumons noirâtres, les mers se gonflent et se dégonflent alternativement. Les deux yeux des glaciers sont tout proches et roulent lentement leur prunelle. Voici la double sphère d'un front, l'arête brusque d'un nez, des méplats rocailleux, des parois perpendiculaires. Je survole le mont d'ore plus chenu que la tête de Charlemagne et j'atterris sur le bord de l'oreille qui s'ouvre comme un cratère lunaire.
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j'aime perdre mon temps. Aujourd’hui, c'est la seule façon d'être libre.
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Je ne suis pas de votre race. je suis du clan mongol qui apportera une vérité monstrueuse : l'authenticité de la vie, la connaissance du rythme, et qui ravagera toujours vos maisons statiques du temps et de l'espace, localisées en une série de petites cases (...)
Je suis indifférent.
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