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4,26

sur 1678 notes
Plongée au coeur des mines, de sa violence, de son inhumanité, du quotidien de ces Gueules Noires qui descendaient en enfer au mépris de toute sécurité, entraînant des drames tel que le coup de grisou de Liévin au centre de ce récit. Fort et poignant, un bel hommage à ces travailleurs oubliés par l'histoire.
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Drame du Liévin dans le Nord de la France. le 27 décembre 1974, un coup de grisou emporte 42 mineurs de la fosse 3 bis, celle qu'on appelait « Saint-Amé ». 42 mineurs sacrifiés par la fameuse Compagnie sur l'autel du rendement.

Michel, 16 ans perd son grand frère Joseph qui meurt de ses blessures 26 jours après le drame. Une mort décalée qui le prive à jamais des honneurs.
Oublié par la ville, oublié par la mine, condamné à une fin misérable, le « petit » drame est étouffé par le grand. Joseph restera inconnu au bataillon des braves.
Sur son lit de mort, les derniers mots de leur père furent une lettre adressée à Michel dans laquelle il le supplie : « Venge-nous de la mine ».

On retrouve Michel à Paris 40 ans plus tard, routier, veuf et sans attache qui vivote plus qu'il ne vit depuis la mort de sa bien-aimée Cécile.
Cette année, il y aura une commémoration pour les 40 ans de la catastrophe de Liévin.
C'est le moment que choisit Michel pour rentrer au pays, bien décidé à faire payer le dernier contremaître vivant qu'il a identifié comme étant le responsable du manque de sécurité de la fosse 3 bis.
C'est avec le coeur criant justice, le souvenir de la mort de feu son frère en bandoulière, écrasé par le poids de cette terrible promesse que Michel revient au pays des corons pour assouvir une vengeance qu'il fomente depuis des années, résultat d'une traque minutieuse.

Sorj Chalandon nous plonge au coeur des mines en nous livrant un hommage fort et poignant qui met en lumière ces « gueules noires » injustement oubliées mais pas que …
Le twist aux ¾ du roman chamboule le récit qui pourrait paraître sans surprise en provoquant un véritable retournement de situation, en donnant une toute nouvelle direction au roman. le titre prend alors tout son sens et le suspense nous tient en haleine jusqu'à la fin.

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Lire un Chalandon c'est toujours se retrouver Ko, à terre, avec son humanité écorchée. Grandie, mais écorchée.
L'écriture, aiguisée, acérée mais humaine du fil à la pointe et hautement poétique à sa manière n'a pas son pareil pour me "prendre aux tripes".
Rien n'est tout noir ou tout blanc, tout est nuances et complexité et les apparences sont souvent trompeuses
🪶«De lourds nuages pleuraient à l'horizon. le jour attendait que je ferme les yeux, pour passer à une autre nuit.»
Ici l'ancien journaliste nous parle de la mine, du trou, du charbon. le roman revient sur la catastrophe survenue à Lieven le 27 décembre 1974 qui coûta la vie à 42 personnes sans que jamais, malgré la mise en évidence du non-respect des règles de sécurité, aucun responsable ne passe un jour en prison.
C'est un livre sur la culpabilité : celle que l'on voudrait voir reconnue, celle que l'on porte en soi et qui ronge, celle qui nécessite une sanction ...
Chalandon offre un procès fut-il fictif et 'hors sujet', à toutes les victimes de la mine, sacrifiées sur l'autel du rendement
🪶« si l'on fait trop de sécurité on ne fait pas assez de rendement », notamment à travers la plaidoirie l'avocate. Parce que oui, parfois, la justice doit parfois « prendre des chemins de traverse » pour être. 🪶« ce héros du travail est mort de silicose le 4 novembre 1960. Mort de fidélité. Mort de loyauté. Est-il mort à la mine ? Mais oui, bien sûr. Évidemment ! Même s'il a fermé les yeux au fond de son lit c'est au fond du trou qu'il a rendu l'âme. Ce n'est pas parce qu'un mineur remonte qu'il est encore vivant. [•••] cette même année deux mineurs mourraient chaque jour de silicose dans le Pas-de-Calais, et on comptait un accident fatal tous les deux jours dans la région.»
Ce livre est donc un procès de la mine, personnifiée comme une bête féroce qui dévore des âmes
🪶« la mine avait faim de ses petits d'homme. Elle avait dévoré leur regard, leur sourire, leur enfance. Leur liberté aussi.»
🪶« La mine a toujours guetté l'ouvrier. Elle lui a tendu des embuscades. »
🪶 « elle se gavait d'homme la mine, elle avait faim de nous, jamais elle ne nous laisserait en repos. ».
A proximité d'une mine, les hommes n'ont pas vraiment le choix, ne pas y aller, c'est un peu déserter ; Y aller a quelque chose de patriote, d' héroïque, c'est aussi un sacrifice qui transforme la vie en métaphore guerrière où chaque jour le retour est incertain.
🪶« la mine n'a aucune pitié pour l'homme»
« lorsqu'il remonte au jour le mineur n'est qu'un survivant[•••] la mine a pris la place de l'air dans ses poumons le mineur n'est pas mort, non. Mais il sait que la mort l'attend.»
Impossible à lâcher, riche en rebondissements. Encore un superbe roman . Merci à M.chalandon.

(Les mines ont disparu du sol français, la mondialisation les a exportées, mais elles existent encore, partout où les sols regorgent des ressources nécessaires au "progrès" )


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Quel bel hommage rendu par Sorj à un monde disparu en France, mais toujours vivant ailleurs. Un monde que l on peut appréhender désormais en touriste, et quoi ? Non, vraiment ce livre est remarquable pour nous faire toucher du doigt une réalité d hier pas si lointaine, où une retraite ne durait parfois pas plus de 2 ans pour ceux qui avait "la chance" de l atteindre. J ai découvert tout cela, et mon regard sur les terrils du Nord en est à jamais transformé.
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Je sais que Chalandon publie énormément et que de fait, il doit rencontrer un public. Je n'ai cependant pas apprécié son écriture. Les phrases courtes ne nous permettent pas de nous transporter et cassent le rythme.
Le thème du livre est intéressant mais la conclusion un peu trop tirée par les cheveux pour être crédible selon moi
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Suite à un coup de grisou dans une mine, Michel perd son frère Joseph, mais celui étant mort quelques jours après n'est pas reconnu comme victime. Quarante ans plus tard, Michel va mettre à exécution sa vengeance. Mais voilà tout va basculer...

Un livre magiquement bien construit et qui m'a surprise. Je ne m'attendais pas à un tel rebondissement, je pensais lire une lecture style Germinal.
L'auteur a très bien raconté le travail à la mine et la souffrance des familles, mais aussi, il nous fait éclater à la figure un coup de grisou

Quel talent !
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Lecture très émouvante. J'ai ouvert ce livre sans savoir de quoi il parlait, il s'agit d'un vrai drame qui a eu lieu le 27 décembre 1974 dans la ville de Liévin, des mineurs décédés, et sans le faire exprès j'ai ouvert ce roman un 27 décembre.

Ceci est une fiction basée sur la réalité, à chaque page j'ai pensé aux victimes, à leurs proches, ça m'a touchée.
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J'ai adoré ce roman, cela faisait 6 mois qu'il trainait dans ma PAL, et j'ai bien fait de me lancer car c'était une claque.

Je ne veux pas trop en dire sur l'histoire mais elle m'a beaucoup plu, j'ai dévoré le roman en deux jours. Il y a à la fois l'histoire du narrateur, son combat acharné pour la justice, la question de la vengeance, mais pas que. Et puis il y a la question minière, toutes ces vies gâchées. Ce livre leur rend hommage, à défaut de rendre justice. Je conseille à 100%.
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Magnifique !
Une belle écriture et un véritable art du récit. Carrément emballé par ce roman qui mêle habilement un scénario à rebondissement et une réalité dramatique. Vraiment un excellent moment de lecture à conseiller sans risque de déception. le résumé pourrait être « c'est la vie » car beaucoup d'aspect de ce que peut être une vie sont brillamment abordés : la famille, l'amitié, l'amour, le travail, le capitalisme, le prolétariat, l'argent, les riches, les pauvres, la morale, la vérité, le mensonge, la folie, le passé, etc…
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Le narrateur, Michel, chauffeur routier, accompagne sa femme dans ses derniers mois de vie puis quitte Paris pour retourner là où il a passé sa jeunesse et assouvir son besoin de vengeance.
Traumatisé par la disparition de son frère puis de son père, hanté par la grande catastrophe de Liévin de 1974, Michel est un homme en colère, habité par la haine et par le besoin de connaitre la vérité. Pour lui, il n'y a pas de fatalité dans ce drame et Dravelle, le contremaitre, petit caporal méprisant qui organisait le travail des mineurs, est responsable. Michel veut faire payer les Houillères qui n'ont jamais répondu de leurs négligences et ont oublié les hommes au profit du rendement.
En peu de mots, l'auteur décrit les conditions de travail des hommes qui descendaient à la mine, leur épuisement, et la peur au ventre qui les saisissait avant de descendre au fond, et aussi la solidarité, et la fraternité qui les unissaient.
Mais ce roman raconte aussi l'amour inconditionnel d'un jeune garçon pour son frère aîné, son admiration. Et on ressent aussi énormément d'émotion à l'évocation de la relation fraternelle de Michel et Joseph, de leur proximité et de leur complicité avant que la mort ne vienne y mettre un terme.
Cette thématique autour des oubliés de la mine est déjà passionnante en soi. Mais Sorj Chalandon réserve aussi au lecteur un rebondissement totalement inattendu aux trois quarts du roman, lui donnant ainsi une toute nouvelle perspective. Bien sûr je ne peux rien en dire ici mais cela ajoute une couche d'émotion supplémentaire à l'histoire.
C'est un beau récit, bien écrit, qui nous retient jusqu'à la dernière page.
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