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Citations sur Le Quatrième Mur (432)

La guerre, c'était ça. Avant le cri des hommes, le sang versé, les tombes, avant les larmes infinies qui suintent des villes, les maisons détruites, les hordes apeurées, la guerre était un vacarme à briser les crânes, à écraser les yeux, à serrer les gorges jusqu'à ce que l'air renonce.
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J’étais une bouche en trop, je suis devenu un cœur en plus.
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Nous allons mourir, Georges, tu sais ?
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J'ai suivi Imane dans les escaliers encombrés d'infirmiers qui descendaient les brancards dans les sous sols, les blessés, les draps, les perfusions. Nous sommes rentrés dans une chambre d'enfants malades. Sur le sol, des matelas bleus à fleurs blanches, des lits en osier tressé. Deux blessés venaient d'arriver, cinq ans, six ans peut être. Ils avaient été touchés sur la plage, près de la grande roue. La fillette avait eu un bras arraché. Il reposait à côté de sa jambe, viande hachée et lambeaux de tissus. Son frère était recouvert de crème blanche, peau brûlée en haillons, décollée par plaques comme du papier peint.
- Prends la petite ! m'a soufflé Imane..
Je me suis penchée sur elle. Elle ne pleurait pas. J'ai passé mes mains sous son corps. Je l'ai soulevée,. Elle ne pesait rien. Son bras est tombé du brancard avec un bruit mat. Je suis resté comme ça, elle contre moi sans plus pouvoir bouger.
- Descends aux abris ! Bouge !
Des soignants portaient les matelas. Un homme emmenait un bébé dans son lit à barreaux. J'ai calé la blessée sur ma poitrine, sa joue contre la mienne. Elle a geint doucement. Elle a fermé les yeux. Ses cheveux sentaient le grillé, ses vêtements, son souffle, sa peau brûlante, comme si le feu la dévorait encore. J'ai tendu la main pour attraper le bras mort. Un bracelet de billes entourait le poignet déchiré. J'ai vu Louise, princesse devant sa glace, avec un diadème en plastique argenté. J'ai entendu Louise, sa voix, ses chants du matin. C'est Louise que j'ai portée à travers la chambre d'hôpital. Avec elle, j'ai descendu les escaliers, brusque par les coups d'épaules, les coudes exaspérés, le cri des autres, les visages défaits, les plaies, les larmes. Imane était devant. Elle portait le garçon comme une offrande. Je soutenais mon enfant, coeur contre cœur, ma main en griffe sur son poignet glacé et son bras frappant ma cuisse.
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Et donc, je suis le Cheur. Je viens de Grèce antique. Je suis ce qu' Anouilh a conservé de Sophocle. Je suis en marge.Je suis le narrateur. Je présente les personnages, je raconte, j'anticipe. Je suis à la fois le messager de mort et la voix de la raison. Je vais tournoyer au milieu de vous mais vous n'y prêterez aucune attention. Vous parlez aux autres person- nages alors que je m'adresse au public. Je suis le seul à briser le quatrième mur. Le seul à accepter le carac- tère fictionnel de mon rôle. Le seul à rompre l'illusion . Le spectateur me voit, l'acteur m'ignore. Je suis sur scène, mais je suis en marge. Ne me regardez pas lorsque je récite. Parlez quand viendra votre tour puis figez-vous.
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Non. Ne dites pas ça. Vous ne savez pas.
Personne ne sait ce qu'est un massacre. On ne raconte que le sang des morts, jamais le rire des assassins.
On ne voit pas leurs yeux au moment de tuer. On
ne les entend pas chanter victoire sur le chemin du retour. On ne parle pas de leurs femmes, qui brandissent leurs chemises sanglantes de terrasse en terrasse comme autant de drapeaux.
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Je suis entré en enfer par un boyau, une ruelle dont je pouvais toucher les murs en écartant les bras. J'ai vu le premier mort
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Je connaissais cette voix.
Elle mentait. C'est la voix qu'entend celui qui va mourir. La voix qui parle des jours à venir, de l'été prochain qui ne sera jamais, de toutes ces choses à tellement vivre ensemble. C'est la voix qui grimace pour ne pas pleurer, la voix qui maquille la mort, la voix qui chantonne, qui soulage, qui met du baume au cœur. C'est la voix qui referme les draps, puis la porte, puis le cercueil. C'est la voix qui ne croit plus un seul mot de la vie.
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- Ça ne me dérange pas, non. Je crois simplement que Samuel et toi pensez plus à vous qu'à notre peuple. En fait, je n'ai toujours pas compris ce que votre théâtre venait faire dans notre pays. La paix ? Il en faut bien plus. Nous divertir une heure ? Alors merci bien, mais n'en rajoutez pas.
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Personne ne pourrait rapiécer l’écolier qui cueille une fleur pour dire adieu à sa mère.
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