Il paraît qu'on adore ou qu'on déteste la poésie de
René Char, rarement entre les deux, dans la nuance. Je dois être une exception : j'ai lu récemment, et plutôt aimé,
Feuillets d'Hypnos (qui est d'ailleurs inclus dans
Fureur et mystère) ; j'ai beaucoup moins aimé le présent recueil.
A quoi cela tient-il ? À mon avis, mais cela n'engage que moi, à ce que si la forme d'écriture de R. Char, précise et ciselée, un peu comme un mécanisme d'horlogerie, et délivrant une pensée aiguisée, convient aux textes courts, elle n'est pas adaptée aux textes plus longs, au partage de sentiments plus complexes.
Dans
Feuillets d'Hypnos, pour l'immense majorité des textes, en une ou deux phrases tout est dit ; c'est percutant !
Fureur et mystère est composé en partie de
poèmes très courts, mais aussi, en nombre important, de textes plus longs. La mécanique intellectuelle devient alors très alambiquée : suivre la pensée de l'auteur demande une grande concentration, nécessite de relire un passage deux ou trois fois... de percutant, cela devient pénible !
Il ne me viendrait pas à l'idée de nier les qualités d'écriture de l'auteur : il sait utiliser le mot et la forme juste, avec la précision d'un horloger suisse. Mais en lisant
Fureur et mystère, une pensée est venue parasiter mon cerveau : "N'oublie pas que tu n'écris pas que pour toi, mais aussi pour être lu !"
C'est un peu comme un site touristique recommandé par tous les guides mais réservé aux personnes en excellente condition physique : accès difficile !
Lien :
http://michelgiraud.fr/2020/..