L’intime horizon
Loin des berges stridentes
Égarer l’ancre
Rompre
les amarres
Suivre l’appel
De l’intime horizon
Ce plein
De l’autre côté
De nous
Ce plein
Regorgeant d’infini
Au travers
De nous
Cet éclair
Inommé
À l’autre versant
De nous
Ce lieu
Bouleversant les limites.
Conflit majeur
Quand l’univers en moi s’étire
Ô mon corps que me veux-tu ?
Je n’en finis pas de venir au monde
En quel âge me retiens-tu ?
Libre quand l’esprit se plombe
Paré quand l’âme est dévêtue
Toi qu’agrafe la mort besogneuse
Quelle part de nous emporteras-tu ?
Le lieu fidèle
Je cherche le lieu fidèle, la trame,
Le secret des secrets à senteur d’océan,
Le matin insensé où les ruisseaux foisonnent,
La lueur rebelle et la fleur du temps.
Mais viens, affrontons les fugitives détresses
Et sans arme dispersons la vie en ses couleurs.
De périls en questions
Et d’images en défaites,
Nous sommes les témoins
De je ne sais quelle splendeur ?
Face à l’enjeu
J’ai défait la solitude.
Il n’y a pas de chevet où je ne puisse m’asseoir,
Reconnaître en chacun le gisant superbe
Qui outrepasse les tombes et confond nos mémoires
Les ténèbres de l’autre sont nos propres ténèbres,
C’est notre œil qui rompt la durée.
Nous créons des sentences,
Nous nous livrons aux pièges,
Quand l’épreuve est d’entendre :
Car tout nous est dicté.
L’heure aride
Tu traverses parfois des fiefs de solitude,
L’herbe s’épuise, l’étang est limé,
À l’horizon livide l’oiseau-tyran te fixe,
L’ombre grène ton ombre;
Des sables dénaturent tes forêts.
Pour répondre aux sentinelles,
Qui te prêtera sa voix ?
D’un pays lointain
Je parle d’un pays lointain et sans usages,
À l’envers du jour mais qui n’est pas la nuit.
J’avance à découvert et me défais sans cesse.
Je suis entre mes mains,
À mes mains je survis.
Preuves de l’amour
Gisement de désirs
Éperon du souffle
L’amour
Recouvre la fêlure
Soulève nos sols
Tisonne nos cendres
Estompe nos voûtes obscures.
Nous allons
Il n’y a pas d’épilogue
Ni de verger intact
Dans les tournois de l’âme
Dans la chair du temps
Nous allons nous irons
Sans atteindre le seuil
Ni confins
Ni sens inverse
À l’incessant voyage.
Hors des pièges
Le temps s’est rompu
Mais les chaînes persistent.
Un oiseau se déchire
Une étoile abdiquera ;
Le vainqueur lasse son ombre
Et les chevreuils gémissent.
En habits d’océan le poète veillera.