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Citations sur Le Dit de Tianyi (72)

A partir de la naissance, chaque visage est façonné par toute une vie de désirs refoulés, de tourments cachés, de mensonges entretenus, de cris contenus, de sanglots ravalés, de chagrins niés, d'orgueil blessé, de serments reniés, de vengeances caressées, de colères rentrées, de hontes bues, de fous rires réprimés, de monologues interrompus, de confidences trahies, de plaisirs trop vite survenus, d'extases trop vite évanouies. Chaque ride en porte la marque aussi sûrement que les anneaux d'un arbre. C'est tout cela que le visage révèle de la personne, à son insu, malgré l'effort surhumain qu'elle déploie quotidiennement pour le cacher.
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Le jour de mon départ, le maître m'accompagna jusqu'à la croisée des chemins. Il s'arrêta et dit : " Ce que je pouvais te donner de mieux, je te l'ai donné. A partir de maintenant, suis la Voie, la tienne, et oublie-moi. Ne prends pas la peine de m'écrire. De tout façon, je ne répondrai pas. Je m'en irai d'ailleurs bientôt." Ces paroles, dures à entendre, furent dites non sur un ton sévère, mais avec une douceur paisible dont tout son visage était illuminé, un visage comme transfiguré. Puis le vieillard se retourna et s'en alla en direction de son ermitage. Sa robe flottait au vent, et son pas était léger.
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"C'est inexplicable cette vie humaine.
Personne n'a de vie en soi; on vit toujours pour quelqu'un d'autre.
Regarde cette fleur sauvage qui ne porte même pas de nom. Comme elle est pleinement elle-même. Sous prétexte de l'aimer, je la cueille et je mets fin à son destin.
Ainsi sur cette terre, sous ce ciel, quelqu'un vit innocemment sa vie; d'autres s'accordant des droits sur lui, font négligemment un geste pour l'interrompre avant de disparaître un jour eux-mêmes, sans que personne ait jamais su pourquoi. Oui, Pourquoi ?..."
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Plus tard, devenu adulte, et notamment durant mon séjour en Europe, je serai forcé de réfléchir sur la Chine où le hasard m'avait fait naître, puisque partout, on m'appellera "le Chinois", sur ce peuple dont je connais les tares et auquel on accorde néanmoins quelque grandeur. Du fait de son nombre, de son ancienneté et de sa pérennité ? Mais bien plus, semble-t-il, à cause de ce pacte de confiance, ou de connivence, qu'il a passé avec l'univers vivant puisqu'il croit aux vertus des souffles rythmiques qui circulent et qui relient le Tout.

page 28
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Avoir une vraie famille est une chance pour chacun; on est au sein d'une serre chaude et on ne se sent jamais seul.
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Quand te submerge la nostalgie,
Repousse-la vers l'horizon extrême
Oie sauvage fendant les nuages
Tu portes en toi la morte-saison
Roseaux gelés, arbres calcinés
Ployés en bas sous l'ouragan
Oie sauvage délivrée des haltes
Libre enfin de voler, ou mourir...
Entre sol natal et ciel d'accueil
Ton royaume unique : ton propre cri.
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A Paris, j'éprouvais pour la première fois mon étrangeté, accentuée encoe par mon statut d'étranger. J'affrontais un univers dont j'apprenais avec application et maladresse le b.a.b.a. tel un nouveau-né.
Non pas tant que j'eusse peur qu'on me demande à vérifier mes papiers. J'étais à peu près en règle. Il y avait, en travers de mon corps, la conscience d'un manque autrement plus radical, un manque, disons, de légitimité d'être. Plus rien ne semblait garantir mon identité ni justifier ma nécessité d'être là. Pire qu'exclu, je me sentais séparé. Séparé des autres, séparé de soi, séparé de tout. Je suis venu ici pour apprendre la peinture. J'affronte un métier qui ne s'apprend pas : exister.

page 197 - Paris 1948
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Ah, le mystère du langage humain !
Ceux qui affirment que les cultures sont irréductibles les unes aux autres s'étonnent-ils jamais assez qu'une parole particulière, à partir du lieu d'où elle est issue, arrive tout de même à franchir les entraves et atteigne l'autre bout du monde, pour être comprise.
Plus la parole est porteuse de vérité humaine, plus rapidement elle est comprise.
À cet autre bout du monde, ne nous a-t-il pas suffi d'ouvrir l'un de ces livres, imprimés sur papier rudimentaire, pour qu'aussitôt nous nous immergions dans un univers autre, bientôt familier ?
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Je pensai à mon père qui m'apprit à tenir le pinceau, à le tremper dans l'encre et à calligraphier le premier caractère. C'était cela ma véritable naissance au monde.
A ce souvenir, vint alors se superposer à son image celle du vieux peintre calligraphe rencontré sur le chemin, en compagnie de Haolang.

Etais-je en train de vivre une de ces scènes tant de fois répétées dans l'histoire chinoise? Un jeune à la recherche de sa vérité rencontre, au détour d'une route déserte ou au fond d'une vallée obscure, un vieillard qui, en réalité, l'attendait là. Si le jeune ne sait pas voir, il passera son chemin. S'il sait voir, il entrera dans sa vraie vie. Le vieillard, avant de disparaitre aussi mystérieusement qu'il est apparu, délivre par quelques gestes ou par quelques paroles un message décisif. C'est ainsi que le signe du père continue ; c'est bien par ce signe, n'est-ce pas, que la Chine depuis tant de millénaires survit.

page 160
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À partir de la naissance, chaque visage est façonné par toute une vie de désirs refoulés, de tourments cachés, de mensonges entretenus, de cris contenus, de sanglots ravalés, de chagrins niés, d'orgueil blessé, de serments reniés, de vengeances caressées, de colères rentrées, de hontes bues, de fous rires réprimés, de monologues interrompus, de confidences trahies, de plaisirs trop vite survenus, d'extases trop tôt évanouies.
Chaque ride en porte la marque aussi sûrement que les anneaux d'un arbre.
C'est tout cela que le visage révèle de la personne, à son insu, malgré l'effort surhumain qu'elle déploie quotidiennement pour le cacher.
Le visage, c'est bien ce que chacun connait le moins bien de lui-même.
C'est ce que chacun porte, au-dessus, des épaules, afin que les autres puissent le reconnaître, lui coller un nom, l'aimer un peu ou le haïr beaucoup ....
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