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Citations sur Le Dit de Tianyi (72)

Est-il concevable que les révolutionnaires, une fois la révolution faite, se retirent, au lieu d'imposer pour longtemps un nouvel ordre qui finira forcément par se durcir et se rigidifier ? Décidément non. Ils auraient été des sages, et non des hommes voués jusqu'au bout à l'action, soumis au désir de puissance. Inexorablement donc, un nouvel ordre fut établi. Comme tout un chacun, on se répéta qu'il fallait en comprendre la nécessité. Il s'agissait bien de la révolution, n'est-ce pas ? Il fallait "nettoyer les résidus contre-révolutionnaires" ; il fallait "extirper les racines féodales". (..) Inexorablement donc, le pays vaste comme un continent fut quadrillé. Pas un village qui ne fut transformé en brigade de production ; pas un citadin qui ne fut incorporé dans un comité de quartier. Par de régulières réunions de critiques et d'auto-critiques, chacun était poussé à prendre conscience de ses "fardeaux idéologiques", à se mettre à nu.
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Habitué à l'écartement, j'assistais, une fois de plus, à la division de mon corps en deux parties : l'une qui se rebellait dans la souffrance, tandis que l'autre se complaisait dans une bienveillante jouissance.
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Après la joie des retrouvailles, je me mis en devoir d'expliquer à ma mère, vieillie avant l'âge à force de labeur et de chagrin contenu, que j'étais obligé de repartir bientôt. Que pouvait-elle faire d'autre que d'accepter avec résignation ? Toute sa vie était faite d'acquiescement et d'attente, de l'attente de ce fils unique, instable et insaisissable.
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Ne pas pouvoir joindre la vie antérieure à la vie présente, ne pas pouvoir les raconter en entier à quelqu’un, pas même à soi, telle est la solitude. Elle en étouffait plus d’un. Je savais que moi-même je faisais partie du lot.
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Si le dépaysement venait de ce décalage dans l'espace,le décalage était aussi dans le temps. Les Chinois vivaient dans un certain siècle, les Américains dans un autre, et on ne franchit pas les siècles, on ne change pas de moeurs si facilement. Les scènes d'amour, avec des femmes montrant sans retenue leurs attraits, et les baisers prolongés transperçaient la carapace de pudeur des Chinois jusqu'à la douleur. Dans le noir, les spectateurs subissaient le choc d'abord avec gêne et stupeur, puis avec ravissement : ils sentaient le sang bouillir dans leurs veines et les fanges enfouies de leur imaginaire remonter à la surface.
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En ce temps oublié du monde, le temps haut suspendu délivre une saveur d'éternité, à l'image de l'étang dans le reflet duquel tout n'est que pur événement : une branche qui craque, un nuage qui passe, une libellule qui effleure l'eau, un martin-pêcheur qui plonge, une fumée qui monte, d'où jaillit l'irréprochable cri d'une alouette ...
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A mon humble avis: une oeuvre majeure de la littérature française par un auteur chinois que je considère comme un maître parmi les auteurs contemporains.
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« Pourquoi je me suis mis à évoquer ces choses que je n'avais dites à personne ? Je parlais de pardon. Car les révolutionnaires épris de justice deviennent des justiciers de plus en plus implacables. Qui peut encore interrompre cette chaîne de haines et de violences ? Nous ne le pouvons pas. Dieu seul le peut. L'histoire chinoise est jalonnée d'hommes bons et droits, épris de vertu et de sainteté ; beaucoup d'entre eux sont morts en martyrs. Au nom de l'idéal du lettré, au nom du Souffle intègre qui anime L'Univers. Tout cela est grand et honore ce pays. Car sans ces hommes à l'esprit élevé, sans ces martyrs, il n'existerait plus. Mais saura-t-il accueillir aussi quelqu'un qui est venu d'ailleurs et qui a accepté de mourir au nom de l'amour et du pardon ?… »
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Je suis allé en Hollande. J’ai vu Rembrandt à Amsterdam et Vermeer à la Haye. Je reconnus en eux deux sommets de la peinture occidentale : la flamme passionnelle de l’un et la musique silencieuse de l’autre.
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Pour une fois, le peintre d'Arrezzo abandonna son impassibilité lorsqu'il peignit sa mère. Je demeurai longuement en tête à tête avec la Vierge de l'enfantement, dans la chapelle du cimetière de Monterchi, havre de fraîcheur au cœur de l'été bourdonnant de lumière et de senteur. Une femme simple, humaine — si humaine qu'elle avait fini par engendre un Dieu ? — , debout dans sa douloureuse dignité. Sa main posée sur le ventre, à l'endroit où la robe est entrouverte, esquisse un geste de don et en même temps de protection. Mais elle n'avait pas le choix. Déjà les anges ont ouvert la tenture. Il faut qu'elle donne, comme toute mère, et sa robe bleue tombante n'aura plus pour limites que la voûte céleste… Profitant d'un moment où le gardien était absent, je m'approchai de la fresque, caressai la main et la robe. Je savais qu'un jour — ma mère n'avait pas eu de tombe —, je peindrais ma fresque à moi. C'est ainsi que je rejoindrais tout.
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