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3,89

sur 123 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sur l'île Bourbon, qui deviendra quelques années plus tard l'île de la Réunion, Ferréol Bellier Beaumont est responsable de la plantation familiale de canne à sucre à Sainte Suzanne pas loin de la capitale. Il régnait sur quelques dizaines d'esclaves. N'ayant jamais voulu se marier, se sentant seul, il décide de s'occuper d'un jeune esclave dont la mère vient de mourir. Il le nomme Edmond.
Féru de botanique,Ferréol partage avec Edmond sa passion. Il lui enseigne la classification des plantes, lui fait mémoriser leur nom grec, lui montre la manière de les féconder. Si bien qu'à l'âge de douze ans, Edmond fait une découverte extraordinaire, comment féconder cette fleur de la famille des orchidées: la vanille.
"C'est un petit garçon qui avait tout découvert. Il avait du génie...
Edmond Albius. Mais il était noir, esclave et enfant, aussi on lui a volé sa découverte, on lui a dénié son génie et on l'a spolié de ses bénéfices".

Ecriture pleine de poésie, qui donne envie d'apprendre le grec quand elle parle de la classification des plantes. Et je n'ai pas résisté à me faire un chocolat, à la vanille et au miel comme (?) celui offert à Cortez par Moctezuma qu'elle évoque.
Je n'ai pas pu m'empêcher de dévorer ce livre et je l'ai trouvé délicieux.
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Comme l'auteure le dit elle-même à propos de "La vraie couleur de la vanille" : " La trame historique se tissait patiemment. Mais c'était un roman que je voulais écrire. Le plus authentique, le plus plausible, mais aussi le plus romanesque possible. Écrire un roman, c'est accumuler des pierres et des poutres éparses de réalité. Tâcher de les assembler avec un ciment d'imagination, d'intuitions. Et aérer le tout par des questions qui sont des ouvertures, des portes battantes, des vasistas." Pari réussi avec ce livre où Sophie Chérer mêle avec brio réalité et romance tout en jouant avec nos émotions.

Sur l'Ile Bourbon, en cette première moitié de 19ième siècle, Ferréol Bellier Beaumont, riche planteur de canne à sucre va défier ses compatriotes. Pour tromper sa solitude, il décide de prendre sous son aile le nouveau-né d'une de ses esclaves morte en couches. Au fil des années, ce passionné de botanique va transmettre à celui qu'il a appelé Edmond ses connaissances de la flore, sans pour autant lui apprendre à lire, ni l'affranchir. Un jour, par hasard, le jeune garçon découvre le secret de la vanille, secret qui pourrait apporter la richesse à l'île. Mais les notables et les planteurs blancs ne sont pas prêts à accepter que ce qu'ils cherchent depuis longtemps ait pu être trouvé par un esclave.

Inutile de vous dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver à travers cette lecture, ce petit bout de caillou qui allait devenir La Réunion, île que j'ai eu le bonheur de parcourir il y a quelques années. Son histoire passée a fait d'elle ce qu'elle est actuellement : une terre de mixité culturelle, originelle, religieuse.
Sophie Chérer déploie son talent en jouant sur deux tableaux : d'une part la violence en étalant sous nos yeux le quotidien des esclaves et d'autre part la poésie à travers ses nombreuses descriptions de la flore locale.
Elle joue aussi sur l'ambivalence du maître des lieux. Par ses idées sur l'esclavage, il semble en avance sur son temps par rapport à ses compatriotes. Pourtant, il n'est pas prêt à les mettre en pratique, notamment vis à vis d'Edmond. Une mention particulière pour le chapitre qui porte sur l'importance de l'identité chez l'être humain. Identité que l'on refuse à l'esclave qui n'a pas de nom et souvent un prénom ridicule donné par le propriétaire.

Classé dans la catégorie jeunesse, mon seul regret est que ce roman ne soit pas plus long. Il est temps de rendre à Edmond ce qui lui appartient : si la fleur est blanche, le fruit de la vanille, lui, est bien noir. Un magnifique hommage à ce petit garçon qui mérite un 20/20.
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J'ai lu dans une interview que Sophie Cherrer avait porté ce roman en elle pendant 15 ans avant de l'écrire, et bien cette maturation lui a permis de donner naissance à un très beau roman. J'ai été sensible à l'écriture même si j'imagine qu'elle pourra présenter quelques difficultés pour des jeunes lecteurs, cela fait partie des textes que l'on a envie de leur donner à lire pour les confronter à de beaux textes littéraires. La langue est surtout au service d'une formidable histoire, celle d'Edmond Albius, jeune esclave sur l'île Bourbon (l'actuelle Réunion), qui au début du XIXe siècle découvre le secret de la polinisation de la fleur de vanille. Spolié de sa découverte par les blancs, lui dont le geste permis l'enrichissement de l'île qui va devenir le premier producteur de vanille, tombe dans l'oubli. le roman lui offre cette reconnaissance. Si le personnage a bien existé et qu'il est avéré qu'il est "l'inventeur" de la polinisation artificielle de la vanille, il restait à lui réinventer son histoire. C'est en racontant la vie d'Edmond et celle de son maître, Ferréol que S. Cherrer parvient à donner chair à son personnage principal. Tout débute pour lui en effet avec sa rencontre avec Ferréol, un propriétaire terrien pas comme les autres dans cette île ou en 1793, il est normal de posséder des esclaves pour exploiter la canne à sucre. Mais le maître d'Edmond est d'abord botaniste, féru de lectures des textes des grands philosophes grecs et mal à l'aise avec l'exploitation de l'homme par l'homme. Il est surtout veuf et ce bébé qui vient de naître orphelin, il décide de le prendre sous son aile. Il lui apprend sa science de la botanique sans jamais lui donner par contre accès à la lecture. Edmond est intelligent, il absorbe tout, les noms latins et grecs des plantes comme les gestes de bouturage ou de greffe. Mais cela n'était pas suffisant pour expliquer pourquoi un jeune esclave avait réussi là où les plus éminents botanistes avaient échoués. Sophie Cherrer imagine alors que Edmond a vécu un événement fondateur qui conditionne son geste créateur.
J'ai adoré ce roman, l'auteur a su rendre au mieux les émotions du personnage principal et accorder l'écriture au sujet du roman. Nombre de comparaisons entre les plantes et les hommes sont parfaitement utilisées pour signifier en toute subtilité ce que vit Edmond, même le plus traumatisant. On comprend tout de la violence de la condition d'esclave ou des tourments des personnages grâce à cette belle langue. On ne peut plus prendre entre ses doigts une gousse de vanille sans penser à Edmond Albius après avoir lu ce livre, le noir de ces graines est la plus belle des couleurs grâce à Sophie Cherrer.
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Attention chef d'oeuvre!
Récit qui se veut biographique pour raconter l'histoire de l'inventeur de la greffe de la vanille, enfant noir à qui on a volé son invention car il était enfant et noir dans la Réunion esclavagiste du 19ème siècle.
Roman historique, botanique mais aussi récit d'éducation rousseauiste. Comment éduquer un enfant sans l'élever? le botaniste qui va prendre en charge l'enfant veut l'élever mais ne l'accepte pas vraiment comme son fils. Il est pétri de contradictions, entre ses aspirations issues des Lumières et son éducation de propriétaire d'esclave.
L'esclavage et les relations maître-esclave sont bien décrits, dans une langue poétique, dont le rythme fait penser aux textes de Césaire...
Un récit très court mais très émouvant.
J'ai néanmoins été un peu déçue par la fin, un peu trop rapide à mon goût.
A partir de 15 ans
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Tout dire, même si l'on manque d'information, d'explications, de détails. Tout dire d'une vie restée trop longtemps dans l'ombre, c'est la promesse faite par Sophie Chérer aux archivistes de la bibliothèque de l'île de la Réunion qui lui confièrent la seule trace tangible de la vie d'Edmond Albius, le découvreur de la fécondation de la fleur de vanille : la publication dans un journal de l'époque de son acte de décès. Tout dire et plus encore de cet enfant prodige, d'un siècle et d'une île esclavagistes, d'un peuple en mutation, c'est le défi relevé haut la main par l'écrivain dans ce roman-testament d'une vie proprement extraordinaire.

Orphelin de naissance, un bébé noir est recueilli par le propriétaire d'une plantation, Ferréol Bellier Beaumont. Ferréol était en effet le maître de l'esclave morte en couches. Jamais marié, sans enfant, et marqué à vie par le décès de sa jeune soeur de la mort subite du nourrisson, Ferréol décide d'éduquer le garçon et s'en occupe d'abord comme s'il était son fils (mais omet de lui apprendre à lire.) Botaniste, il transmet sa passion des fleurs et de la nature à l'enfant qu'il nomme Edmond. Emerveillé par sa vive intelligence, il l'associe à ses recherches, dont celle concernant la vanille… Hélas, par une nuit tragique, Edmond, l'enfant prodige, découvre seul la fécondation de la vanille, mettant ainsi un terme à la relation privilégiée qui l'unissait au botaniste… Celui-ci, incapable de surmonter les préjugés racistes de son époque, spolie l'enfant de sa découverte et le renvoie à sa condition d'esclave. Abandonné, Edmond, malgré son génie, connaîtra une vie de misère et mourra seul, loin de ses plantes chéries.

A travers l'histoire d'Edmond, Sophie Chèrer raconte aussi celle de l'île Bourbon, île française qui profita de l'esclavage pour s'enrichir. Elle dénonce l'extrême violence et les préjugés racistes d'une époque, préjugés qui ne disparurent pas, hélas, avec l'abolition officielle de l'esclavage et le changement de nom de l'île : la Réunion d'un peuple, d'un pays et de ses habitants, n'est-elle, encore aujourd'hui, qu'un voeu pieux ? En renfermant ce roman bouleversant, on n'oubliera en tous cas plus jamais que la blanche vanille que l'on nous vend est en réalité noire de peau, tout comme le génie qui la découvrit. Par son écriture poétique et envoutante, Sophie Chérer offre à la fois à Edmond un tombeau et une renaissance.


Lien : http://0511926s.esidoc.fr/re..
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Sophie Chérer s'est inspirée de l'histoire vraie d'Edmond, jeune noir, esclave, adopté par un blanc et faussement affranchi.
Ce jeune garçon a vraiment découvert des choses extraordinaires sur la vanille...
Avec ce livre, l'auteur nous offre un récit romancé bouleversant, qui touche à parts égales la raison et le coeur (ou les tripes...).
Seule la qualité de son texte rend cela possible, ces "personnages" et son décor (la Réunion) sont totalement attachants et déroutants...
J'ai eu beaucoup de mal à trouver les mots pour écrire ce coup de coeur...
Étant métisse, avec une partie de mes origines qui viennent d'une île colonisée par la France, j'ai été particulièrement touchée par cette histoire.
J'ai trouvé très étrange d'apprendre autant de choses sur la colonisation et sur l'esclavage dans un roman. Je me suis rendue compte à quel point on ne nous apprend rien sur ces sujets à l'école...
À ma connaissance, ce livre n'a pas obtenu de prix depuis sa sortie, et c'est bien dommage ! C'est un texte avec de grandes qualités : littéraire, historique et c'est un vrai engagement citoyen que de mettre des mots, si justes, sur un passé méconnu et douloureux...
Un grand merci à S. Chérer.
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Livre qui nous fait voyager, avec beaucoup de finesse, dans un autre temps et un autre lieu. On découvre Madagascar à l'époque de la colonisation avec ses discriminations raciales et la beauté de sa flore. L'histoire est d'autant plus marquante qu'elle est véridique. (Virginie D.)
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Edmond est noir. Edmond n'est pas né à la bonne époque, celle de l'esclavage. Mais Edmond a été recueilli, élevé par Ferréol Bellier Beaumont, riche propriétaire terrien à Sainte Suzanne, sur l'Ile Bourbon (ancien non de l'ile de la Réunion).
Botaniste érudit, l'homme blanc va éveiller Edmond à la sciences des plantes, et, malgré lui, l'exposer au danger car Edmond va se révéler comme un précurseur, à une époque où l'ile se meurt.

Tiré d'une histoire vraie, la vraie couleur de la vanille est un livre émouvant, envoutant, révoltant.
Sophie Chérer nous emporte avec elle dans cette époque trouble de l'histoire, son style flamboyant nous faisant sentir la moindre odeur, nous faisant ressentir la moindre émotion.

Grâce à cette petite merveille de roman, nous n'oublierons plus que la vraie couleur de la vanille est noire. Un roman à partager pour ne pas oublier et réhabiliter tous les Edmond du monde.

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le grand mérite de ce livre est de faire connaître un des personnages de l'histoire de l'île de la Réunion : Edmond Albius. L'histoire de cette île est si peu connue, si peu relatée. Il est bienvenue de réhabiliter ceux qui , parmi la population autochtone comme Edmond, ont enrichi l'identité de l'île.
La description du viol m'a beaucoup touchée.
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Tirée de faits réels, une histoire poignante. Ce roman nous amène au coeur de la société esclavagiste. Edmond, enfant noir va être adopté par un botaniste blanc qui va tout lui apprendre. Plus il grandit plus il accumule des connaissances ce qui est un danger pour ce système... Un esclave noir cultivé, une aberration.. Il va faire une énorme découverte et va devoir fuir.. je n'en dis pas plus..A découvrir
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