Joseph marche sur le fil de son chagrin, pour ne pas sombrer, il s'accroche à un espoir ténu. Cette gamine dont il n'a vu qu'une échographie qu'il n'a pas pu traduire, sa femme
Marie-France, n'est plus là pour le soutenir, lui montrer.
Il y a bien Aude, si belle, sa fille qui le regarde se débattre avec sa peine. Joseph n'a pas été un père présent, il partait avant le lever de sa famille, rentrait lorsque tout le monde était couché. Sa vie : la campagne, les vaches ses compagnes. Sa femme s'est contentée d'être là, d'élever les enfants, de le comprendre, l'aimer. Égoïste, Joseph ? incontestablement, bourru ? incroyablement.
Pourtant il a été tellement heureux Joseph, que son rejeton soit amoureux, avec un homme, la belle affaire... Heureux, c'était bien suffisant pour lui, puis ils ont eu cette envie de famille, trouvé cette jeune femme qui a accepté de leur offrir ce cadeau, la vie, cette gamine dont ils ont accompagné l'arrivée.
Pendant que Joseph préparait son berceau, le drame.
Ce roman aborde des thèmes sensibles, l'homosexualité, la gestation pour autrui, le deuil, sans moralisation ou pathos Abigail l'empêche avec sa spontanéité. L'écriture fluide de l'auteure emmène le lecteur au coeur d'une histoire tendre, douce-amère, qui nous rappelle que notre Histoire est liée à celle de "La belle province", nous fend la face d'un sourire de connivence
Joseph rêve de s'offrir une famille tricotée serrée avec cette gamine, un petit bout, descendance de son Emmanuel. Rebattre les cartes et s'offrir une partie gagnante avec une famille composée d'amour.
Pas de suspense dans ce roman "feel-good", non, pourtant on s'y plonge entre émotion et humour. On saisit la main de Bichon dans sa quête de descendance, on le voit perdu dans son chagrin, on l'accompagne sur son chemin aventureux pour devenir grand-père. Recueillir ce magnifique cadeau que lui offre la vie, une raison de rester jeune, debout, déterminé à surmonter toutes les difficultés qui pourraient barrer la route d'un bonheur tout neuf à bichonner.
Un petit bonheur de 272 pages aussi poétique que la couverture le laisse deviner. Merci
Fanny Chesnel pour ce joli voyage littéraire.