Citations sur La brodeuse de Winchester (112)
Violet connaissait ce type de personnage, qui gardait les portes avec une férocité excédant largement les besoins de la fonction. Du genre à minauder devant les doyens et les évêques et à traiter les autres comme des rustres.
Une fille qui sourit fait tout de suite plus jeune. Toutes ces crèmes, potions et compagnie pour lesquelles on fait de la publicité dans les magazines...c'est de la foutaise. Il suffit de sourire.
D'autres pensées tournaient sans doute dans sa tête, mais Violet les évacua presque toutes, regarda à nouveau la laine, et s'aperçut immédiatement qu'un des bleus comportait une nuance de vert qui lui donnait un aspect un peu glauque, comme ses yeux, dont elle aurait voulu depuis toujours qu'ils soient d'un bleu plus franc, du bleu clair de l'écheveau qu'elle repéra dans sa boîte.
Sa grossesse lui donnait l'impression d'être ligotée à un radiateur, et, avec ses hanches et son ventre élargis, elle s'encastrait tout juste dans le fauteuil, comme un bouchon dans le goulot d'une bouteille.
Quand un bouleversement survient, rien ne vaut les travaux d’aiguille pour recouvrer calme et sérénité.
Les champs se déroulaient et s'évanouissaient comme des vagues. Récemment labourés, certains, avec leur terre soulevée, paraissaient noirs. Dans d'autres, les pousses donnaient au paysage un aspect duveteux. La végétation était bien plus neuve et verte qu'elle ne l'avait été en août quand elle avait marché jusqu'à Salisbury. La campagne était alors une femme mûre, pleine de sagesse et un peu lasse. Aujourd'hui elle était l'ingénue de mai, jeune, fringante et curieuse de l'avenir.
Le cercle des Brodeuses de la Cathédrale de Winchester à été fondé par Miss Louisa Pesel à mon invitation l’année dernière. Elle s’est inspirée de la Vénérable Compagnie des Brodeuses, une guilde spécialisée établie au Moyen-Age. Ce nouveau cercle des Brodeuses de la Cathédrale reflète la noble histoire de cet art, et il a été créé par Miss Pesel afin de relier le passé au présent.
De temps en temps, Violet se demandait si, en emménagent à Winchester, elle n'avait pas simplement échangé sa mère contre une autre, tout aussi pénible. Chez Mrs Harvey, au moins, elle pouvait monter s'isoler dans sa chambre, chose plus difficile à faire avec sa mère. Mrs Harvey respectait une porte fermée, du moment qu'il n'y avait pas d'homme derrière ; à Southampton, sa mère surgissait parfois dans sa chambre comme si la porte n'existait pas.
Les tasses de thé ponctuaient le temps, séparant l'avant de l'après ; le sommeil du réveil, le trajet vers l'agence de l'installation à sa machine, le déjeuner de la reprise, l'achévement d'un contrat compliqué de la mise en train du suivant, la fin du boulot du début de la soirée. Il lui arrivait de fumer pour marquer ces transitions, mais au lieu de la calmer comme le thé, les cigarettes lui donnaient le tournis. Et elles coûtaient plus cher.
Ne vivant à Winchester que depuis neuf mois, elle n’était toujours qu’une étrangère sur laquelle personne n’était disposé à miser. Elle n’avait pas cru cela important, mais aujourd’hui elle aurait aimé qu’il y ait quelqu’un pour lui souhaiter bon voyage au seuil de son aventure.