AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le héron de Guernica (60)

C'est drôle quand même. Moi je parle de gars qui se font tuer pendant que toi, tu t'emmerdes à peindre le plumage d'un héron.
Je m'emmerde pas.
Un temps.
Quand même; il doit falloir une sacrée patience, dit le soldat.
Faut surtout avoir très envie de regarder, dit Basilio. De bien regarder les choses. Le héron, ce qu'on peut en voir, et ce qu'on ne peut pas. Aussi, tout ce qui l'entoure. Tout ce qu'il y a dans l'air qu'on respire, le héron, toi et moi. C'est surtout cette envie-là qu'il faut.
Commenter  J’apprécie          280
Avant de lui poser dans les mains, il faudra lui répéter combien le héron peint est différent du héron que l'on voit et encore plus du héron tout court, tel qu'en lui-même.
il lui dira aussi qu'il regrette un peu cette idée de lui donner une peinture de héron . Que bien sûr il est heureux de pouvoir lui offrir quelque chose; et en même temps, que le moindre caillou ramassé par terre aurait sûrement plus de valeur.
Bien entendu, elle protestera. Mais il voudra qu'elle comprenne. Lui offrir un caillou, ce serait l'inviter à porter un regard sur un objet véritable. Sur une chose d'origine, et non pas une esquisse de représentation, forcément imparfaite.
Commenter  J’apprécie          270
Le regard du héron. Ça aussi, Basilio voudrait en témoigner au mieux. Rendre quelque chose de cette inquisition pure, de ce miroir aux énigmes du monde.
Commenter  J’apprécie          230
Basilio lui avait demandé si Picasso était ici, à Guernica.
Non, je ne crois pas.
Mais, ce lundi de la semaine passée, il y était à Guernica, avait encore questionné Basilio.
Non, il paraît qu'il a appris tout ça par les journaux.
Un temps.
Alors je comprends pas, avait dit Basilio.
Qu'est-ce que tu comprends pas ?
Je comprends pas comment il peut peindre sur les événements de Guernica, s'il n'y était pas quand cela s'est produit.
Les artistes peuvent faire ça avait dit le curé.
Commenter  J’apprécie          230
Il se souvient pourtant que la beauté du héron, comme celle de sa représentation, n'ont que peu à voir avec les irisations et les parures. Il conviendra seulement, comme les autres fois, mieux que les autres fois, mieux qu'il ne l'a jamais fait jusqu'à présent, d'ausculter ce héron du regard, avec une application parfaite, d'en cueillir quelques traits cachés, et surtout, une petite lueur de vie. Et c'est tout.
Voilà.
Le souffle court, Basilio commence à peindre.
Commenter  J’apprécie          190
Dans les yeux du cochon, messieurs dames, pour qui s'y connaît un peu s'entend, dans les yeux du cochon tu peux déjà goûter la qualité de la chair. C'est comme avec les femmes.
Commenter  J’apprécie          180
Les eaux lisses et peu profondes ont perdu leur robe de mercure des premières clartés et s'allument maintenant de mille scintillements. S'en échappent déjà en plusieurs endroits de fines colonnes de vapeur. En face de Basilio, à une trentaine de mètres, un groupe de grèbes circule en silence, au plus près du rempart des roseaux.
Commenter  J’apprécie          171
Toutes les choses qu’on ne voit pas. Tout ce qui palpite sans figurer sur les images, ce qu'on éprouve avec force et qui se refuse à nos sens premiers. Et dont on voudrait tellement témoigner pourtant.
Commenter  J’apprécie          170
Écoute, j'étais en train de lire ça quand tu es arrivé : " Ô malheureux mortels ! ô terre déplorable ! Ô de tous les mortels assemblage effroyable ! D'inutiles douleurs éternel entretien ! Philosophes trompés qui criez : « Tout est bien ! » ; Accourez, contemplez ces ruines affreuses, Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses, Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés, Sous ces marbres rompus ces membres dispersés... " On dirait que c'est d'actualité, hein ?
Oui.
Eh bien, Voltaire a écrit ça au sujet du tremblement de terre de Lisbonne.
Un tremblement de terre, c'est à la fois pareil et pas pareil, dit Basilio.
T'as raison. Ici à Guernica, les hommes ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.
Commenter  J’apprécie          170
T'as l'aviation allemande qui nous passe à ras la casquette et qui balance des bombes sur nos maisons et tu voudrais qu'on s'émerveille devant un héron qui s'envole.
Commenter  J’apprécie          160






    Lecteurs (546) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Arts et littérature ...

    Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

    Charlotte Brontë
    Anne Brontë
    Emily Brontë

    16 questions
    1086 lecteurs ont répondu
    Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

    {* *}