Les Enseignements Spirituels du Prophète, vol. II

Hadith n° 131

D’après Ibn Mas’ûd : « Certes Dieu le Très-Haut est beau et Il aime la beauté. »

(Cité par Muslim. Hadith authentifié)

Ibn ‘Arabî (1165 – 1240) :

« Il est beaucoup de choses que le Très-Haut aime trouver chez Son serviteur : parmi celles-ci, nous citerons l’embellissement (tajammul) pour Dieu car c’est là un acte d’adoration à part entière (‘ibâda mustaqilla). C’est particulièrement vrai pour la prière car alors Dieu t’impose de prendre garde à la beauté du vêtement : ‘’Ô fils d’Adam, portez vos beaux vêtements en tout lieu de prière…’’ A ceux qui s’opposent à cette pratique, Dieu déclare : ‘’Dieu : Qui donc a déclaré illicite la beauté de Dieu, celle qu’Il a rendue manifeste pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures qu’Il dispense ? Dis : ces choses sont destinées aux croyants : ils en ont la jouissance durant la vie de ce monde et l’apanage au Jour de la Résurrection. C’est ainsi que Nous exposons clairement les signes pour que les gens puissant savoir.’’ A ce sujet, on ne saurait trouver dans le Coran d’exposé plus clair ! »

Frithjof Schuon/'Isâ Nur-ud-Dîn (1907 – 1998) :

« Dans l’économie des moyens spirituels, la beauté, qui est positive et miséricordieuse, se situe en quelque sorte aux antipodes de l’ascèse, qui est négative et implacable ; l’une contient cependant toujours quelque chose de l’autre, car toutes deux dérivent de la vérité et l’expriment selon des points de vue différents.

La recherche du désagréable se justifie en tant qu’elle est une forme d’ascèse ; mais elle ne doit pas aller jusqu’au culte du laid, car alors elle nierait un aspect de la vérité. Dans une civilisation encore intégralement traditionnelle, la question ne pouvait d’ailleurs guère se poser ; la laideur y était plus ou moins accidentelle. Ce n’est que dans le monde moderne qu’elle est devenue une sorte de norme ou de principe ; la beauté y apparaît comme une spécialité, voire un luxe, d’où la confusion fréquente, sur tous les plans, entre laideur et simplicité.

A notre époque, le discernement des formes prend une importance toute particulière : l’erreur apparaît dans toutes les formes qui nous entourent et dans lesquelles nous vivons ; elle risque d’empoisonner notre sensibilité, même intellectuelle, en y introduisant une sorte de fausse indifférence, de durcissement et de trivialité. » (pp. 65-66)

Hadith n° 123

D’après Abû Hurayra : « Notre Seigneur – qu’Il soit exalté – descend chaque nuit, au moment du dernier tiers, jusqu’au ciel de ce monde. Le Seigneur appelle alors : ‘’Qui M’implore afin que Je l’exauce ? Qui Me fait une demande afin que J’y accède ? Qui recherche Mon pardon afin que Je le lui accorde ?’’ »

(Cité par Bukhârî. Hadith authentifié)

Tayeb Chouiref :

Outre son sens premier évoquant la fin de la nuit, ce hadith fait aussi allusion à la fin des temps (âkhir al-zamân), comme les maîtres spirituels aiment à le rappeler. On sait que la fin des temps est décrire comme une période sombre, non seulement en Islam mais dans la majorité des religions. Pourtant, il existe tout de même des compensations à cette déchéance inéluctable : la connaissance spirituelle est moins difficile à atteindre que par le passé, et le ‘’prix à payer’’ pour l’obtenir est moins élevé. La fin des temps est donc aussi la période où la Miséricorde se fait plus proche(1).

Ibn ‘Arabî (1165 – 1240) :

« L’univers entier s’est endormi lorsque l’Envoyé de Dieu (s) quitta ce monde… Nous sommes, par la grâce de Dieu, aujourd’hui dans le dernier tiers de cette nuit qu’est le sommeil de l’univers. Or, le Réel se manifeste lors du dernier tiers de la nuit et Il accorde alors les grâces, les sciences et les connaissances parfaites sous tous les rapports car cette théophanie est la plus proche puisqu’elle apparaît au ciel de ce bas-monde. C’est pourquoi la science de cette communauté est la plus parfaite à l’approche de sa fin qu’elle ne le fût jamais en son milieu ou en son commencement depuis la mort de l’Envoyé de Dieu (s) […]

Nos générations sont plus parfaites dans la science, et les premières générations de cette communauté étaient plus parfaites dans leurs actions. Pour ce qui est de la foi, aucune époque n’est meilleure que l’autre. »

(Fut., III, p. 188)

(1) Sur tout ce qui vient d’être évoqué, on se reportera avec profit à l’ouvrage de Martin Lings : La Onzième heure, éd. L’Âge d’Homme, Lausanne, 2001. (pp. 50-51)

Hadith n° 130

D’après Abû l-Dardâ’ : « Certes Dieu le Très-Haut aime les cœurs attristés. »

(Cité par Tabarânî. Hadith validé)

Munâwî (1545 – 1621) :

« ‘’Certes Dieu le Très-Haut aime les cœurs attristés’’ : c’est-à-dire plein de douceur, de bonté et de miséricorde. Mais les cœurs attristés sont aussi les cœurs marqués par la crainte de Dieu, consacrés à la religion et préoccupés par leurs manquements envers Dieu. Regretter ses manquements est, en effet, l’état de l’amant envers son bien-aimé.

Dieu le Très-Haut regarde les cœurs de Ses serviteurs et aime ceux qui sont revêtus des ‘’vertus de la gnose’’ (akhlâq al-ma’rifa) que sont la crainte, l’espoir, la tristesse, l’amour, la pudeur, la douceur et la pureté… » (p. 63)