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3,69

sur 349 notes
On m'avait prévenue, ce récit autobiographique est violent et peut heurter les âmes sensibles. de fait, l'enfance de Mohamed Choukri est épouvantable : père violent, mère battue, frère tué, pas d'école, pas d'espoir, prostitution infantile, viol, pauvreté, pas de domicile... le tableau est plutôt sombre. L'écriture sèche. Et je m'y suis finalement montrée peu sensible. Aucune émotion ne transparaît du récit de Mohamed Choukri. Si ce choix permet d'esquiver le pathos larmoyant, il anesthésie aussi le fond. Sans renier pour autant l'intérêt littéraire et cathartique, et le caractère précurseur de l'ouvrage, je n'en conseillerais pas volontiers la lecture.
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J'ai découvert l'existence de ce roman par une masse critique graphique qui m'avait permis de lire l'adaptation du pain nu en roman graphique. J'avais beaucoup aimé :
«  La retranscription en image d'une tragédie de la colonisation (protectorat disait il !) … de la misère qui sévissait dans les campagnes marocaines … de la violence subie par des enfants non désirés … des enfants qui ne peuvent compter que sur eux mêmes pour survivre. » et
« Une leçon d'histoire qui retrace toute la chronologie pour revenir sur les dates marquantes de l'histoire du Maroc où les combattants contre la répression du régime autoritaire ont été condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement et certains ont fini par être libérés sous les pressions internationales. »
Le roman étant disponible dans une bibliothèque proche de mon chez moi, cela m'a permis de combler un manque.

Être un enfant rifain (1) non désiré, mal aimé, battu est une chose … assister à la mise à mort de son frère en est une autre.
Survivre avec comme compagnon fidèle, la faim, la misère et ses corollaires l'ignorance et l'insalubrité jusqu'au cimetière où on distinguera les tombes avec « juste une motte de terre et deux pierres, l'une pour désigner la tête, l'autre les pieds ».
Fuir ailleurs où tout est soi disant plus facile, où le pain est abondant et où on peut apprendre à faire l'amour à un tronc d'arbre.
Rendre hommage aux combattants de la guerre du rif comme Muhammad Ibn ‘Abd al-Krim al-Khattabi (2), icône de la lutte contre la colonisation.
Se souvenir du 30 mars 1912 … c'est la date où la France a établi un protectorat sur le Maroc … C'est le dimanche 30 mars 1952 que des émeutes anti-françaises ont éclaté à Tanger, au Maroc avec la complicité des espagnols.

Un livre témoignage de ce fut la jeunesse d'un jeune qui a eu le malheur de naître au Maroc dans les années 1940, et qui nous a laissé cette autobiographie longtemps ignorée et censurée.
L'écriture nous parle avec les tripes de ses souvenirs si pénibles mais si révélateurs de ce que furent ces années que l'on a cherché à dissimuler car comme nous le rappelle Tahar Ben Jelloun « il est donc plus grave d'écrire sur la misère que de la vivre ! »

(1)
Le rifain est une langue chamito-sémitique de la famille des langues berbères, principalement parlée par les Rifains, un groupe ethnique du nord-est du Maroc, ainsi que par plusieurs groupes ethniques voisins.
Le rifain est parlé par environ 3 millions de personnes dans le monde. C'est l'une des langues berbères les plus parlées en Afrique du Nord.

(2)
Muhammad Ibn ‘Abd al-Krim al-Khattabi (1882-1963) est le chef d'un mouvement de résistance contre la France et l'Espagne lors de la guerre du Rif. Président de la république du Rif de 1921 à 1926, il est devenu une icône des mouvements indépendantistes luttant contre le colonialisme.
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Roman cru d'une enfance vécue dans la violence et l'indigence au temps duMaroc colonial.
Que l'auteur, qui accéda au matériau de l'écriture à ses 20 ans, passe par l'épreuve de narration de ses stigmates, est révélateur du pouvoir salvateur de catharsis de l'écrit.
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Je connaissais de nom Mohamed Choukri mais, je l'avoue, rien de son oeuvre. Un ami, qui a été profondément marqué par " le pain nu", me l'a chaudement conseillé sans me divulguer quoique ce soit. Par curiosité, je me suis plongé dans ce livre culte (dixit la quatrième de couverture) sans aucun à priori, sauf peut être l'idée de découvrir une chef d'oeuvre.
Ce n'est pas un roman mais le récit autobiographique d'un enfant puis d'un adolescent pauvre dans le Maroc des années 40/50. Famine, exil, père ultra violent, délinquance, sexe, drogue, l'alcool, l'errance composent l'essentiel de la vie du jeune Mohamed. le récit nous le présente au moment où son père tue son frère après une correction trop violente. S'en suivra une longue descente dans les bas fonds, alternance de rapines, de violence et de percées plus ensoleillées pour mieux retomber dans le chaos.
Cette jeunesse absolument terrifiante, dans ce texte brut peut, c'est certain, marquer les esprits. Tous les ingrédient y sont pour y éprouver répulsion, horreur, pitié. Cependant, même si j'ai lu avec attention ce récit, son intérêt n'est peut être pas du tout littéraire. Malgré une traduction de Tahar Ben Jelloun, dont j'ai cru percevoir l'empreinte notamment dans les scènes sexuelles, la description très factuelle des événements et des dialogues sans grand intérêt, ne m'ont pas permis de ressentir grand chose. Sans l'appui d'une vraie écriture, ces événements, aussi terribles soient-ils, n'ont guère eu d'impact sur moi. Ils m'ont paru n'être qu'une accumulation simple, sans véritable saveur et qui, mise en regard avec la multitude d'autres souvenirs de même type, pour certains plus littéraires, ne supportent pas vraiment la comparaison.
L'intérêt de ce livre est, je pense, de le remettre dans son historicité. Paru en anglais dans les années 70 (avec une traduction de Paul Bowles, véritable sésame pour les branchés), puis au début des années 80 en français, son propos a du surprendre et évidemment choquer. La violence faite aux femmes et aux enfants au Maroc y est décrite sans détour, sans pudeur, sans jugement aussi, comme normale dans ces années 40/50. L'usage de la drogue, et dès le plus jeune âge, y est présentée comme banale et totalement libre. Et que dire de la description de la sexualité qui taraude le jeune héros ? Elle est présente partout dans le livre, mais très loin de la représentation cliché d'une ode au sensuel dans les vapeurs embrumées d'un quelconque hammam oriental. Ici, les hommes ne cherchent qu'à satisfaire leurs plaisirs rapidement, bestialement mais quelquefois amoureusement. Les femmes sont souvent dans ou au bord d'entrer au bordel ou tout du moins brûlantes de sensualité.
La suite sur le blog
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On peut comptabiliser cela comme une bonne action pour Tahar Ben Jelloun. Ce texte, le Pain Nu, écrit en arabe par le marocain Mohamed Choukri ne fut pas accepté dans aucune maison d'édition arabophone jusqu'en 1981, où il est publié à Paris. Il est d'abord paru en anglais en 1973, puis en 1980 en français, traduit par Tahar Ben Jelloun. Il est immédiatement interdit au maroc jusqu'en 2000, parce que truffé de tabous qui rebutent tout arabophone « convenable ».

Dans un style sec et cru, l'auteur nous raconte son enfance, sa misère et celle......
Lien : http://djbeltounes.wordpress..
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Une tranche de vie brute et brutale. La critique est délicate, c'est une lecture que j'ai trouvé à la fois terrible et précieuse, comme témoignage des bas fonds de l'humanité, comme témoignage de la rédemption aussi, assez inespérée parfois.
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Dans cette autobiographie émouvante et crue, Mohamed Choukri nous livre son enfance maltraitée et son adolescence cahotique dans le Maroc des années 40.
En une longue série d'instantanés brûlants, il assène au lecteur, par une écriture directe, la réalité sans artifices d'une début de vie de misère, de solitude et de "débrouille".
Ce livre se "regarde" comme une exposition de photographies en noir et blanc sur les gamins des rues, qui garde, malheureusement, toute son actualité. le témoignage rare d'un "sans-dents" qui mord la vie !





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Dans un langage âpre et cru, Mohamed Choukri nous rend témoin de la violence meurtrière de son père, de son exode puis sa jeunesse passée dans la rue, la famine, les vols, son initiation sexuelle dans les bordels...

Presque pris "de force" dans ce récit autobiographique, on se sent souvent mal à l'aise face à la violence des mots et des situations décrites, voyeur et passif de toute cette misère et cette haine.

Un récit qui nous happe et dont l'on ressort à la fois soulagé et content.
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Dans un récit autobiographique cru et sans détour, Mohamed Choukri écrit sur son enfance et sur les évènements qu'il a traversés dans sa vie et dans sa famille. de la grande pauvreté à la débrouille en passant par la vulnérabilité des enfants et la violence de son père, il décrit son enfance difficile dans le Rif Marocain des années 1940. Avec de courts dialogues et des phrases qui sonnent le lecteur, "Le pain nu" est une claque. Un court texte épuré paru en 1972. L'écriture lui permet de coucher sur le papier ses ressentis, ses souvenirs. L'auteur apprend très tard à lire et à écrire puis devient ensuite maitre d'école. Il a ce désir de s'adresser aux plus jeunes pour leur offrir ce que lui n'a pas eu dans son enfance. Une enfance terrible et écourtée que l'on découvre dans cette autobiographie. "Le pain nu" donne le sentiment qu'il ne l'a pas vécue justement cette enfance. À l'arrivée cela donne un livre réaliste au plus près des premières sensations de l'auteur.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Autant j'ai été intriguée par la première partie concernant son adolescence et ses dérives, autant j'ai complètement décroché pour la deuxième partie. Je ne comprenais même plus ce que je lisais, le sentiment de ne lire qu'une succession de phrases sans lien. J'ai tenu bon car il me restait peu de pages mais je n'ai vraiment pas apprécié ce livre dont au final je n'ai pas forcément compris le sens vu mon décrochage.
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