Je connaissais de nom
Mohamed Choukri mais, je l'avoue, rien de son oeuvre. Un ami, qui a été profondément marqué par "
le pain nu", me l'a chaudement conseillé sans me divulguer quoique ce soit. Par curiosité, je me suis plongé dans ce livre culte (dixit la quatrième de couverture) sans aucun à priori, sauf peut être l'idée de découvrir une chef d'oeuvre.
Ce n'est pas un roman mais le récit autobiographique d'un enfant puis d'un adolescent pauvre dans le Maroc des années 40/50. Famine, exil, père ultra violent, délinquance, sexe, drogue, l'alcool, l'errance composent l'essentiel de la vie du jeune Mohamed. le récit nous le présente au moment où son père tue son frère après une correction trop violente. S'en suivra une longue descente dans les bas fonds, alternance de rapines, de violence et de percées plus ensoleillées pour mieux retomber dans le chaos.
Cette jeunesse absolument terrifiante, dans ce texte brut peut, c'est certain, marquer les esprits. Tous les ingrédient y sont pour y éprouver répulsion, horreur, pitié. Cependant, même si j'ai lu avec attention ce récit, son intérêt n'est peut être pas du tout littéraire. Malgré une traduction de
Tahar Ben Jelloun, dont j'ai cru percevoir l'empreinte notamment dans les scènes sexuelles, la description très factuelle des événements et des dialogues sans grand intérêt, ne m'ont pas permis de ressentir grand chose. Sans l'appui d'une vraie écriture, ces événements, aussi terribles soient-ils, n'ont guère eu d'impact sur moi. Ils m'ont paru n'être qu'une accumulation simple, sans véritable saveur et qui, mise en regard avec la multitude d'autres souvenirs de même type, pour certains plus littéraires, ne supportent pas vraiment la comparaison.
L'intérêt de ce livre est, je pense, de le remettre dans son historicité. Paru en anglais dans les années 70 (avec une traduction de
Paul Bowles, véritable sésame pour les branchés), puis au début des années 80 en français, son propos a du surprendre et évidemment choquer. La violence faite aux femmes et aux enfants au Maroc y est décrite sans détour, sans pudeur, sans jugement aussi, comme normale dans ces années 40/50. L'usage de la drogue, et dès le plus jeune âge, y est présentée comme banale et totalement libre. Et que dire de la description de la sexualité qui taraude le jeune héros ? Elle est présente partout dans le livre, mais très loin de la représentation cliché d'une ode au sensuel dans les vapeurs embrumées d'un quelconque hammam oriental. Ici, les hommes ne cherchent qu'à satisfaire leurs plaisirs rapidement, bestialement mais quelquefois amoureusement. Les femmes sont souvent dans ou au bord d'entrer au bordel ou tout du moins brûlantes de sensualité.
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