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4,28

sur 1087 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et bien m'y voici , au pied de l'arbre ...Et pas forcément très à l'aise car je ne vais pas laisser transparaître un aussi grand enthousiasme ( je ne prétends pas avoir raison ! ) que certains et certaines d'entre vous .
Bon , revenons à la genèse de l'histoire : ma libraire me le met dans les mains , mon libraire dit " bof " .Oui , je sais , ils sont très forts tous les deux mais...et c'est ça qui est super, pas toujours d'accord .Sauf que moi , là , je me trouve un peu ...ennuyé.
Retour à la maison , 100 pages , j'accroche pas ...Fatigue ? Désintérêt, je passe à autre chose et le reprendrai après...
Et après est arrivé, et ça accroche beaucoup mieux tout de même. Me voila à remonter le temps et , ma foi , si à chaque fois , je m'égare un peu , une lecture " suivie " me permet de rester bien " accroché " aux branches . Et rester accroché aux branches , c'est tout de même fondamental dans ce roman. Donc , on remonte jusqu'en 1908 en étant parti de 2038, année où
" le Grand Dépérissement " a frappé...Plus d'arbres nulle part sauf sur une ile boisée qui accueille seulement des touristes fortunés. Ça fait pas , mais vraiment pas envie ! Jacinda Greenwooy y travaille . Il se murmure même qu'elle pourrait bien être la propriétaire de part sa filiation supposée avec Harris Greenwood , un grand négociant en bois dont la morale....Mais pour savoir , il faudra " aller au charbon" ....de bois.
Et c'est parti en arrière pour retracer tout le chemin parcouru . Et là va naître toute l'histoire , de 1908 à 2038 . D' abord en arrière, puis en avant ...Très subtile construction qui nous fait comprendre combien " nous sommes les enfants des générations passées" . Traversée de la société avec des personnages de " haute volée " .Le mystère plane et chaque partie vous prend aux tripes , notamment celle qui voit Everett et Gousse parcourir un long chemin parseme d'embûches..Mais il y a bien d'autres épisodes charges d'émotion....aussi , parfois bien surprenants et inattendus .0))
Je l'ai dit , les retours en arrière, puis en avant ont perturbé mes habitudes , assez conventionnelles , j'en conviens , m'ont obligé à un effort intellectuel permanent . Sans être " paresseux " j'ai passé l'âge d'errer de ci , de là ....Donc , oui , la forme m'a perturbé et sans doute aussi un peu déconcentré.
Pourtant , je ne dis pas qu'un jour prochain , fort de l'expérience acquise , je ne m'y replongerai pas .
Vos critiques superbes me persuadent de mon " impréparation" et d'un certain désarroi et 'indiquent aussi que , lorsque l'osmose ne se fait pas avec un livre , ce n'est pas toujours du fait de l'écrivain. Chacun d'entre nous est un " chercheur " . La pièce ne tombe pas toujours du bon côté .....
Ce livre ne m'est pas tombé des mains , loin de là , mais si je lui accorde quelques magnifiques passages, il m'a semblé aussi contenir quelques longueurs . Bon , après, 750 pages tout de même.
Demain , pugilat à la librairie ... Je vais " les brancher " tous les deux et...." filer en douce " ....
Je réitère mes compliments pour la beauté des critiques rédigées sur ce livre avec ce qu'on aime , la sincérité. Pas de " langue de bois " ( tiens , elle est bonne celle - là ) et pas de jugements définitifs. Nous ne sommes tous que des lecteurs , pas des pros de la critique .A bientôt. ..
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Je referme ce livre avec beaucoup d'émotion et je dois dire un serrement au coeur de l'avoir achevé.
J'ai adoré ce roman.
Dans cette grande saga familiale, les arbres et la forêt dominent l'histoire, mais c'est aussi une rencontre avec des personnages captivants dont la vie est liée à celle des arbres par un système dense de ramifications.

*
Le récit débute dans un futur plutôt proche, en 2038 exactement, et nous remontons le temps, nous rapprochant du centre axial de l'arbre en évoquant des années marquantes : 2008, 1974, 1934 et 1908 au coeur de l'arbre.
Puis, nous rayonnons à nouveau vers l'extérieur, revenant sur chacune des années que nous avions abandonnées avec de nombreuses zones d'ombre. L'auteur parvient à nous transporter dans chaque époque et à rendre le récit plausible et plein de rebondissements.

*
La construction du roman est vraiment très ingénieuse.
Michael Christie s'appuie sur les récentes découvertes scientifiques, montrant que les arbres sont plus complexes qu'on ne le croyait, qu'ils communiquent sans cesse les uns avec les autres et qu'ils vivent en interférence constante avec leur environnement.
Ces relations sociales se tissent surtout dans les forêts primaires ou naturelles. En cela, j'ai tout de suite pensé au best-seller « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben.

Si les arbres sont au centre de l'intrigue, « Lorsque le dernier arbre » est également une formidable saga familiale. Par de superbes métaphores, Michael Christie souligne notre proximité avec la forêt et les arbres, en accolant la complexité de leur structure et de leurs interactions à l'arbre généalogique d'une famille que l'on suit sur quatre générations.

« de nos jours, on parle beaucoup d'arbres généalogiques, de racines, de liens du sang, etc., comme si les familles existaient de toute éternité et que leurs ramifications remontaient sans discontinuer jusqu'à des temps immémoriaux. Mais la vérité, c'est que toute lignée familiale, de la plus noble à la plus humble, commence un jour quelque part. Même les arbres les plus majestueux ont d'abord été de pauvres graines ballottées par le vent, puis de modestes arbrisseaux sortant à peine de terre. »

*
La scène d'ouverture laisse voir un monde pollué et dévasté. Les épidémies fongiques, les invasions d'insectes, le dérèglement climatique, la surexploitation du bois, ont décimé les forêts du monde entier. Ne restent que quelques îlots de verdure, de magnifiques forêts primaires que les plus nantis peuvent approcher lors de séjours à prix d'or.

« Ils viennent pour les arbres.
Pour respirer leurs aiguilles. Caresser leur écorce. Se régénérer à l'ombre vertigineuse de leur majesté. Se recueillir dans le sanctuaire de leur feuillage et prier leurs âmes millénaires.
Depuis les villes asphyxiées de poussière aux quatre coins du globe, ils s'aventurent jusqu'à ce complexe arboricole de luxe – une île boisée du Pacifique, au large de la Colombie-Britannique – pour être transformés, réparés, reconnectés. »

Ainsi, il est cynique de constater qu'après que l'abattage d'arbres ait engendré des profits mirobolants, leur extinction en assure autant.

« Les hommes comme Rockefeller n'ont jamais considéré son pays – la plus grande réserve de matières premières au monde, d'abord volée aux nations indigènes, puis vendue morceau par morceau à des investisseurs étrangers de son espèce – que comme un étalage où se servir… Harris plaint les arbres. Notamment pour la naïveté avec laquelle ils s'affichent de toute leur haute majesté. L'or et le pétrole, eux, ont le bon sens de se cacher. »

Et tout au long du récit, des images de ces magnifiques forêts s'imposent, ancrées, salvatrices et majestueuses. D'autres aussi, plus navrantes, celles de terres poussiéreuses, arides, stériles, de villes asphyxiées par la pollution atmosphérique, d'une population à l'agonie.

*
Autant le dire, j'ai adoré l'intrigue sous la forme d'un système racinaire.
Tout comme les anneaux concentriques d'un arbre témoignant des variations climatiques ou des évènements stressants, Michael Christie construit son récit cerne par cerne, s'étendant sur plus d'un siècle, retraçant l'histoire de la famille Greenwood autour de quelques personnages clés.
Chaque coupe transversale les révèle à différents âges, l'auteur prenant son temps pour développer des personnages dans toute leur complexité, petits ou grands, méprisables ou attachants, médiocres ou intègres.

« le temps, Liam le sait, n'est pas une flèche. Ce n'est pas non plus une route. le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s'accumule, c'est tout – dans le corps, dans le monde –, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d'avant. »

Par ses épreuves, ses secrets, ses mensonges, ses trahisons, ses amours, ses manques, chaque génération marque indélébilement la suivante, transmettant des valeurs, une histoire, une identité. Et même si Jake, Willow, Liam, Harris, et Everett ne sont pas tous unis par les liens du sang, leurs vies s'imbriquent, s'entrelacent, formant un tout.
Entre désir et regret, illusion et désillusion, ambition et renoncement, force et fêlure, l'héritage de la famille Greenwood est fait de souffrances, d'amertume, de sacrifice, d'espoir et de résilience.

« le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre, dit le proverbe. Mais Willow sait d'expérience que ce serait plutôt le contraire. Un fruit n'est jamais que le véhicule par lequel s'échappe la graine, un ingénieux moyen de transport parmi d'autres – dans le ventre des animaux, sur les ailes du vent –, tout ça pour s'éloigner le plus possible de ses parents. »

*
Une surprenante fresque, une dystopie brillante et unique par sa construction, sur le poids de l'héritage familial, la transmission intergénérationnelle, mais aussi sur le sens de la famille.
Par les relations qu'entretient l'homme avec son milieu, l'auteur aborde également des thématiques fortes qui me touchent, comme l'exploitation de la nature par l'homme, notre fragile dépendance les uns avec les autres, la prise de conscience de nos actes dans le temps, la nécessité de protéger notre environnement.
Notre futur apparaît assez sombre, mais l'espoir est permis.

« le meilleur moment pour planter un arbre, c'était il y a vingt ans. À défaut de quoi c'est maintenant. »
Proverbe chinois

Un roman dont je vous conseille très vivement la lecture.
Et un grand merci à mes amis, Chrystèle, Isidore, Selias pour m'avoir guidée vers cette lecture.
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Quelquefois, lire un livre quelques mois après sa sortie, quand tant d'autres l'ont lu et critiqué, la plupart du temps avec enthousiasme expose à certaine déconvenue. Cela a été un peu le cas avec ce roman que j'ai trouvé inégal dans ses différentes parties.
L'auteur nous raconte à travers cinq époques différentes la sage d'une famille : Grandeur et décadence des Greenwood de 2038 à 1908, aller et retour avec quelques étapes aux moments clés de l'histoire de cette famille.
J'ai beaucoup apprécié le procédé de parcourir le temps dans les deux sens, à l'instar de ces souches d'arbre que l'on parcourt de la périphérie au coeur remontant les années pour repartir vers l'extérieur et les temps actuels. C'est très bien fait, des éléments se répondent d'une époque à l'autre, semant des petits cailloux que l'on est très content de retrouver.

J'ai mis un peu de temps à rentrer dans cette lecture, et je n'ai pas éprouvé le même intérêt pour les différents personnages et les différentes époques. J'ai eu un tel coup de coeur pour la partie qui relate l'épopée d'Everett, avec ce bébé, qui va lui retourner le coeur, que j'ai trouvé plus fade par la suite les autres époques. J'ai profondément aimé ce bonhomme blessé par la vie et la guerre vécue en Europe, qui va grâce à un bébé d'abord, une femme ensuite, retrouver son humanité. Il m'a profondément émue, et je n'ai eu de cesse de rechercher ensuite le moindre détail relatif à ce personnage.

Cela dit, je reste impressionnée par l'ampleur de ce livre, la maitrise de l'auteur, et cette capacité à créer une histoire à travers le temps, avec des personnages inoubliables et souvent touchants, qui font du mieux qu'ils peuvent, avec ce qu'ils ont à donner, ainsi que le dira l'Irlandais:
" Alors, s'il vous plaît, Willow, avant de le juger trop durement, souvenez-vous qu'il vous a offert bien plus qu'une petite traversée en bateau. Il s'est occupé de vous tous les jours de votre vie. Une responsabilité qu'il a assumée au mieux de ses capacités, malgré tout ce qu'il avait déjà perdu. Sachez donc ceci : Votre père vous a aimée de tout l'amour qu'il avait. Seulement, il n'en avait plus beaucoup."
Un auteur à suivre, assurément.


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Signe des temps mauvais pour la planète provoqués par l'activité irraisonnée des hommes et subis par eux les romans écologiques se multiplient. Ce qui en soi n'est pas vain, poussant sans doute un plus grand nombre à une prise de conscience indispensable avant qu'il ne soit trop tard. Dans ce foisonnement d'oeuvres utiles à la cause écologique, Lorsque le dernier arbre du canadien Michael Christie n'est pas le moins emballant (bien qu'un peu long) qui montre à travers l'histoire d'une famille suivie sur plus d'un siècle, de 2038 à 1908 et de 1908 à 2038, à quel point le destin des hommes peut être intimement lié à un désastre écologique par les choix mercantilistes de quelques-uns, comme ici la destruction de pans entiers de la forêt canadienne, alors que dans le même temps pour les mêmes raisons de profit à tout crin et de manque de volonté politique la Grande Dépression plonge les plus fragiles dans la grande pauvreté. Proche parfois d'un Steinbeck ou encore d'un Tim Gautreaux (avec son livre remarquable : le dernier arbre), Michael Christie, sans égaler bien sûr ces prestigieux prédécesseurs, signe avec ce premier roman une fable écologique et sociale aussi ambitieuse que plaisante, récompensée par l'Arthur Ellis Afars for Best novel.
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Auteur d'un recueil de nouvelles, « Le jardin du mendiant », paru il y une dizaine d'années, le jeune auteur canadien Michael Christie revient avec une ambitieuse fresque romanesque au titre elliptique et pourtant limpide, « Lorsque le dernier arbre ».

Le premier chapitre se déroule en 2038, dans un monde dévasté par « le grand dépérissement », catastrophe écologique sans précédent qui étouffe peu à peu le vivant. Kate est guide dans la « Cathédrale arboricole de Greenwood », fragment de forêt primaire insulaire épargné grâce au micro-climat qui protège une petite île située au large de Vancouver.

Alors que l'on commence à s'attacher à Kate et à appréhender le monde post-apocalyptique dans lequel elle évolue, le romancier effectue un saut dans le passé et nous ramène, sans prévenir, en 2008. On devine aussitôt la structure temporelle en V mise en place par l'auteur, qui nous conduit sur les traces des aïeux de Kate, en 1974, 1934 et enfin en 1908 avant de remonter pas à pas l'échelle du temps pour revenir en 2038.

Le roman s'attarde tout particulièrement sur les années 1930, dont la misère terrifiante apparaît rétrospectivement comme une mise en garde ignorée de la catastrophe à venir. Et le personnage central du roman s'avère être Everett, vagabond spécialisé dans l'extraction frauduleuse de sirop d'érable, qui sauve la vie d'un nouveau-né abandonné, la future grand-mère de Kate. Par le jeu du glissement temporel, la narration s'attarde sur l'enfance trouble d'Everett en compagnie de son frère Harris, qui deviendra un grand magnat de l'exploitation forestière ainsi que sur ses années de brancardier au coeur des horreurs de la Grande guerre.

Et tandis que l'on se laisse emporter par les mésaventures d'un clochard céleste, se dévoile la trame du roman : dessiner l'épopée séculaire de la famille Greenwood. Mais l'ambition de Michael Christie est plus ample, et consiste à interroger, au travers du prisme familial, la succession des grandes crises qui finiront par emporter inéluctablement notre monde.

La force indéniable du livre est de réussir à créer en quelques lignes une forme d'empathie immédiate pour ses personnages, pour Kate, Everett, Harris et tant d'autres encore, aussi imparfaits soient-ils. le procédé narratif basé sur une structure temporelle en V permet au romancier de quitter les personnages, de parcourir le temps en arrière puis de revenir sur le « présent » de ses protagonistes, créant un sentiment mêlant frustration et attente chez le lecteur. Ce procédé permet surtout de dessiner une fresque familiale aux innombrables ramifications et de parcourir, successivement, la première guerre mondiale, la crise de 29, la seconde guerre, le premier choc pétrolier, et enfin la crise financière de 2008 qui semblent annoncer « le grand dépérissement » à venir.

Le début du roman, la mise en place de sa structure temporelle, la découverte de ses personnages aussi touchants que rebelles est une incontestable réussite. L'ampleur du projet de Michael Christie, décrypter un siècle d'histoire passée et à venir, force, elle aussi, l'admiration.

Et pourtant, au fur et à mesure de la lecture, les fils tendus derrière le théâtre de marionnettes ballotées par l'Histoire apparaissent un peu trop nettement. La perfection mathématique de l'architecture narrative évacue toute forme d'incertitude propre au genre romanesque.

« Lorsque le dernier arbre » laisse in fine une impression mitigée, partagée entre l'attachement éprouvé pour ses protagonistes, l'enthousiasme que suscite l'ambition immense de son auteur et cette sensation de quitter le rivage du genre romanesque, et de compléter un immense puzzle historico-écologique qui ne laisse aucune place à la « musique du hasard ».
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« Ce n'est pas la première fois que le monde est au bord du gouffre. La poussière cherche depuis toujours à nous engloutir. »

Ça commence en 2038, le Grand Dépérissement a ravagé les arbres, le monde est poussiéreux, suffocant, asphyxié. Mais les plus riches peuvent quand même s'offrir une petite virée dans la Cathédrale arboricole de Greenwood avant de retourner, ragaillardis, dans leurs luxueuses tours climatisées, «à des vies qui, directement ou indirectement, portent notre planète à ébullition, condamnant un peu plus encore les merveilles de la nature auxquelles appartiennent ces arbres sacrés qu'ils prétendent vénérer.» Pas de quoi pavoiser donc, Jake y est guide et bien consciente de participer à une mascarade, mais c'est un boulot qui la sauve de la misère, de la craqueuse* et de la poussière, et lui permet d'avoir le luxe de vivre près des arbres.

J'aurais aimé suivre davantage la jeune femme, mais c'est le côté parfois un peu frustrant des romans qui mettent en scène plusieurs personnages, il nous faut les abandonner à leur triste sort sans même leur chanter «ce n'est qu'un au revoir» si on ne veut pas que notre entourage s'inquiète de notre santé psychique, et continuer la route avec un autre compagnon. Mais soyons honnête, beaucoup de personnages de cette saga familiale sont intéressants, de même que la dimension socio-écologique.
C'est bien foutu, c'est bien sympa, mais j'en avais entendu trop de bien, j'attendais plus. du coup, il m'a manqué le je-ne-sais-quoi, le truc qui surprend ou qui charme, qu'on n'a jamais vu ailleurs.


*craqueuse : « la nouvelle variante de la tuberculose qui sévit dans les bidonvilles asphyxiés de par le monde et dont le nom tient à la toux qu'elle génère, qui brise les côtes comme si c'était du petit bois, notamment chez les enfants »
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Fable écologique, ce roman est aussi une saga familiale. Il paraît au départ évident que ce livre fonctionne comme une mise au sens propre du métaphorique arbre généalogique. L'histoire d'une famille nous est racontée à la manière d'un Zola, les fautes des parents rejaillissant sur le destin des enfants et la composition dendrochronologique du roman, qui va du futur au passé puis du passé au futur, à la manière de l'inscription du temps dans la coupe d'un arbre, ajoute à cette analogie entre la succession des générations et l'organisation de l'arbre.
Sauf que la famille dont nous suivons les aléas sur un siècle, contrairement à ce que suggère la métaphore arboricole, n'est pas unie par les liens du sang. Les frères sont frères de hasard et les pères ont rarement conçu leur héritier(ère). « Jake s'est toujours méfiée de l'expression « connaître ses racines ». Comme si les racines étaient, par définition même, connaissables. N'importe quel dendrologue vous dira que les racines d'une forêt de pins d'Oregon adultes […]sont […] impossibles à tracer. […] La vérité, c'est qu'il n'existe pas de distinction claire entre un arbre et un autre. Et que leurs racines sont tout sauf identifiables. »
Nous étions donc prévenus. En réalité, si nous nous y connaissions davantage en arbres au lieu de ressasser des métaphores usées jusqu'à la trame, nous saurions depuis longtemps qu'il n'est d'autre enfant que celui qu'on élève, qu'on soit ou non son géniteur.
Et ce qui est très beau dans ce livre c'est l'entrelacement de l'écologie et de la pédagogie : on coupe les arbres et on les brûle, sans effort ni remords puisqu'on les sait résilients et aptes à repousser (car avant que Cyrulnik n'en fasse un concept, la résilience concernait beaucoup plus les arbres que les gosses); quant à nos enfants, nous prétendons les modeler à notre image sans nous soucier de leurs désirs propres. Tous les rejetons de la saga sont des mômes abandonnés, rejetés, ignorés qui, parents à leur tour, n'auront jamais appris à élever l'enfant qui leur naîtra.
Mais c'est une loi de la nature que, s'il revient à l'arbre de produire des fruits, il revient aux fruits de s'en détacher. « Le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre, dit le proverbe. Mais Willow sait d'expérience que ce serait plutôt le contraire. Un fruit n'est jamais que le véhicule par lequel s'échappe la graine, un ingénieux moyen de transport parmi d'autres – dans le ventre des animaux, sur les ailes du vent –, tout ça pour s'éloigner le plus possible de ses parents. Faut-il donc s'étonner que les filles de dentiste ouvrent des confiseries, que les fils de comptable deviennent accros au jeu et que les enfants de téléphage courent des marathons ? Elle a toujours pensé que la plupart des gens vivent leur vie en réfutation de celles qui les ont précédés »
Mais, si nous espérons tant avoir des enfants qui nous ressemblent, c'est parce que nous les considérons comme des prolongements de nous-mêmes, comme s'ils étaient la promesse d'un avenir rendu meilleur par le rachat des fautes des parents: « Si seulement nous étions comme les arbres […] . Si seulement nous avions des siècles devant nous. Peut-être alors pourrions-nous redresser tous les torts que nous avons causés ». Or, à vouloir des enfants pour notre profit et non le leur, à faire peser sur eux les responsabilités qui nous incombent, nous mettons le monde à mal.
Le roman de Mickaël Christie laisse peu d'espoir. À la fin du livre, les arbres sont en train de disparaître tout comme la possibilité d'une grossesse. À moins que la catastrophe annoncée ne soit le début d'une nouvelle ère: puisqu'il est vain d'attendre le rédempteur, peut-être allons-nous enfin prendre nos responsabilités. « Mais pourquoi attendons-nous de nos enfants qu'ils mettent un terme à la déforestation et à l'extinction des espèces, qu'ils sauvent la planète demain, quand c'est nous qui, aujourd'hui, en orchestrons la destruction ? [... ] Il y a un proverbe chinois qu'elle a toujours aimé : le meilleur moment pour planter un arbre, c'était il y a vingt ans. À défaut c'est maintenant. »
Alors, plantons.
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« le dernier arbre », premier roman du canadien Michael Christie, commence à l'exemple d'un roman dystopique. 2038, le monde est presque entièrement privé d'arbres après une apocalypse écologique - le « Grand Dépérissement – à l'exclusion d'une parcelle de forêt primaire, un Eldorado peuplé des derniers séquoias - située en Colombie-Britannique au sein d'une forêt primaire prolixe en eau, dotée d'un complexe exclusif dénommé « la cathédrale » - mis à la disposition de certains privilégiés désireux de délaisser, un instant, les nuages de poussière. C'est en cet endroit qu'oeuvre, en qualité de guide touristique, Jacinda Grenwood, dendrologue – sans grand espoir d'avenir -, tandis que son ami se déplace pour lui annoncer que cette ile serait sa propriété.


Par la suite, l'auteur s'emploie, et saisit le lecteur à la faveur d'une virtuosité narrative, à raconter la saga des Greenwood sur quatre générations dans l'ordre croissant et décroissant, mais toujours pour atteindre le coeur du noyau des Greenwood, réinventant la notion d'arbre généalogique afin de projeter tous les membres de cette famille à la faveur d'une construction puissante, brillante et remarquable.


A la lecture de « le dernier arbre », je me suis retrouvé au croisement des meilleures oeuvres d'Irving, de Garcia Marqués ou encore de Steinbeck.


Un premier roman exceptionnel, splendide, et parfaitement réussi autant sur la forme que sur le fond.

Bonne lecture.

Michel.

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2038, le temps du Grand Dépérissement. Sur la planète, pratiquement tous les arbres ont disparu, des nuages de poussière envahissent tout, et la survie des humains repose sur des règles drastiques, qui n'empêchent pas une grande pauvreté. Au large de la Colombie Britannique, une petite île constitue l'un des derniers endroits où l'on peut encore voir et toucher des arbres. Jacinda y est guide pour les quelques privilégiés qui peuvent se payer cette excursion parmi des arbres immenses et encore préservés pour un temps.
C'est alors qu'un avocat, ancien ami de Jacinda, lui apprend qu'elle serait la descendante de la famille Greenwood, enrichie grâce à l'industrie du bois, et qui a donné son nom à l'île où elle travaille. À partir de là, le roman va remonter le temps et les générations sur une centaine d'années jusqu'à deux personnages fondateurs : les frères Everett et Harris Greenwood, qui ne sont pas vraiment frères, dont personne ne connaît les parents, et qui vont suivre des voies des plus divergentes.

Pavé oblige, le roman comporte bon nombre de personnages, mais aucun qui soit inutile à la progression de l'histoire, et quelle histoire extraordinaire ! Même si certains épisodes prennent place à partir de 1908, le coeur du roman se déroule en 1934, en pleine Grande Dépression. L'auteur prend alors son temps pour raconter le moment où tout se joue pour la famille Greenwood, avec un nouveau-né tour à tour abandonné, recueilli et recherché, dont le destin ne peut laisser indifférent.
Le travail du bois et le commerce des arbres ont une grande importance dans le roman, mais l'histoire de famille prend le devant de la scène, pas une histoire facile et souriante, mais un carrousel où chacun doit faire face à son lot d'échecs et de coups du sort. Une construction impeccable, une belle écriture et des personnages, surtout le duo des frères Greenwood, remarquables, voici qui fait un excellent roman pour finir l'année ou pour la commencer.


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Comme la majorité d'entre vous, j'ai aimé ce roman très versé dans l'écologie. Il est parfaitement construit, l'écriture est belle et très travaillée, il y a de jolies métaphores et de très belles descriptions de la nature et des arbres. Remarquons au passage qu'il est parfaitement documenté. C'est là une bien jolie façon de parler et de rendre hommage au bois et aux arbres.
J'ai adoré la première partie avec la vie de Jake et Willow et j'étais un peu frustrée de ne pas pouvoir poursuivre leurs aventures même si j'ai bien aimé celles d'Harris et Everett, surtout l'errance et la personnalité du second. La forme est parfaite, mais il m'a manqué de la poésie, des émotions, un vrai trouble que j'ai failli toucher du doigt par moments, mais qui s'est toujours éloigné. J'avais la sensation que les chapitres s'enchaînaient parfaitement, les faits également, mais sans émotions. J'ai trouvé ce livre techniquement parfait, mais je n'ai pas été bouleversé, ni même émue par les personnages.
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