En dépit du meurtre et du climat, voici un
Agatha Christie tout à fait rafraîchissant. La cause ? le changement de narrateur. En effet, ce n'est pas Hastings qui prend la plume, mais une jeune infirmière déterminée, qui ne cachera rien de ce qu'elle a vu.
Bien sûr, le récit est rétrospectif, du coup, elle peut insister sur des faits qu'elle n'a pas jugé importants à l'époque et n'hésite pas à le dire. Elle a en outre le mérite d'être très observatrice. Pas de la vie quotidienne et pittoresque dans un chantier de fouilles, non l'archéologie, très peu pour elle, la visite des ruines ne lui évoque absolument rien ; elle saisit les nuances imperceptibles que d'autres ne verraient même pas, dans ce microcosme très fermé, sur un visage, des attitudes qui n'ont pas lieu d'être, des haines disproportionnés.
Quand la très belle Madame Leidner est assassinée, dans une chambre où personne n'a pu rentrer ou sortir sans être vu, la police locale déclare forfait, et l'on décide de faire appel à Hercule Poirot. S'il est une scène que vous ne devez rater sous aucun prétexte, c'est celle de la rencontre entre Hercule et Amy. Inoubliable – d'ailleurs, j'y pense encore, bien que je l'ai lu hier soir. Hercule parle un anglais qui prend quelques libertés avec la syntaxe, et la narratrice transpose sans complexe, dans une langue correcte, les propos du détective belge. Elle nous donne tout de même un aperçu de son parler habituel, notamment quand Hercule s'est "torché" la cheville. Ce sont des choses qui arrivent.
Même si l'action se passe en Mésopotamie,
Agatha Christie trouve tout de même le moyen d'écrire un huis-clos : seule une personne présente dans la maison a pu tuer la belle madame Leidner. Elle était aimée, passionnément, par son mari. Elle aimait plaire, à d'autres hommes. Elle était jalousée, notamment par Sheila Reilly, nièce du docteur, qui ne comprenait pas qu'une femme de son âge puisse séduire. Elle était haïe. Elle était, parfois aussi, jugée à sa juste valeur. Alors qui ?
Le dénouement sera, comme toujours, surprenant, et l'épilogue du livre nous montre qu'Hercule Poirot n'aurait jamais dû monter dans l'Orient Express pour rentrer chez lui.
Lien :
http://deslivresetsharon.wor..