Rallier Bagdad, retrouver Edward, pénétrer les secrets du Rameau d'Olivier, c'était un programme magnifique. Enthousiasmant. Mais maintenant que Victoria avait atteint deux au moins de ses objectifs, et à ses yeux les plus intéressants, son exaltation originale était tombée et, dans les rares moments où elle s'interrogeait, il lui arrivait de se demander ce que diable elle était venue faire en Orient.
La première, c'était qu'elle épouserait ce jeune homme, puisqu'elle l'aimait comme Juliette aimait Roméo. Et la seconde, qu'il lui fallait se rendre à Bagdad, puisque bientôt Edward serait à Bagdad.
Et elle en vint à la conclusion que la vanité était sans doute, de toutes les passions humaines, l'une de celles qui vous brouillaient le plus facilement l'esprit.
Comme la plupart d'entre nous, Victoria avait ses qualités et ses défauts. On pouvait porter à son crédit qu'elle était généreuse, chaleureuse et courageuse. Son goût pour l'aventure pouvait être jugé critiquable plutôt que méritoire, à une époque où l'on faisait grand cas de la sécurité. Son principal défaut était une tendance à raconter des mensonges, à bon comme à mauvais escient. La fiction la fascinait nettement plus que la réalité.