Compromis

L'amitié en question. Cette courte pièce de Claudel s'interroge sur les rapports amicaux et surtout sur leur durabilité. Qu'est-on prêt à faire par amitié ? L'amitié peut-elle passer l'épreuve du temps et de la vie ?
Denis est un histrion plus qu'un comédien reconnu. Divorcé, il vend l'appartement familial et invite Martin, son ami de toujours, à la signature du compromis de vente. Denis demande alors à Martin de mentir et de l'aider à tromper l'acheteur. L'attente grandit et les tensions montent. Tout dégénère et les deux amis se disent leurs quatre vérités.
Si tout commence de manière lente et poussive, Claudel parvient à graduer progressivement la férocité de l'échange. Les personnages sont surtout des caricatures, des stéréotypes des « bobos » de gauche. Pas de psychologie humaine poussée ici, aucune nuance dans leur personnalité. Néanmoins, on se prend au jeu et on attend impatiemment, devenus spectateurs voyeurs, l'issue de cette confrontation virulente, parfois drôle, parfois cruelle et gênante. L'amitié, comme l'amour, ne peut survivre qu'à coups de compromis voire de compromissions...

J'étais pleine d'enthousiasme avant la lecture de cette pièce car j'avais écouté l'auteur en parler et j'étais impatiente à l'idée de me plonger dedans. Mais au final, j'ai été un peu déçue. J'ai trouvé le propos sympathique et il y a beaucoup de vérité dans ce texte en ce qui concerne l'amitié, mais je m'attendais à quelque chose de plus étoffé. J'aurais aimé que les personnages soient un peu plus creusés et pour moi, ça a manqué d'un peu de profondeur. Cela reste tout de même intéressant et on imagine sans mal que ça doit bien fonctionner sur scène.

J'aime bien lire des pièces de théâtre habituellement. Mais ici, cela n'a pas fonctionné. Je crois que j'aurais préféré être spectatrice. Cette histoire de compromis de vente et d'amitié faite de compromis va être très vite oubliée.

Simple, dépouillée et efficace c'est une écriture qui va droit au but. Empli de cynisme, ce texte m'a parfois fait penser au "prénom".
L'auteur nous balade entre mauvaise fois et\ou franchise extrême on ne sait pas toujours. C'est une belle satyre sociétale, presque une analyse anthropologique de l'amitié. On rêve parfois de dire tout ce que l'on pense en dépis des codes et convenances.
Très jouissif !

C'est en tant que fan presque inconditionnel de Philippe Claudel que je me suis rué sur ce texte théâtral. Un peu aussi par le battage qui a été fait autour du spectacle de Murat avec Arditi, Leeb et Pezerat. Spectacle que je n'ai pas vu. le pitch est séduisant, il faut l'avouer. Et c'est vrai que la lecture commence plutôt pas mal, c'est drôle, enthousiasmant, les répliques sont plutôt bien senties. Et puis tout s'écroule à l'arrivée de cet acheteur totalement irréel, hors-sol, pour ne pas dire complètement con. Claudel tombe dans une espèce de délire sans intérêt, maladroit et laborieux. On n'y croit plus une seule seconde. Et c'est bien dommage. J'ai eu un peu le même sentiment avec "Le paquet" qui m'a laissé sur ma faim. J'en suis d'autant plus déçu que je suis sûr que Philippe Claudel pourrait écrire un théâtre génial. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Allez, Philippe, relance-toi !