J'ai senti que j'allais encore pleurer et je me suis levée. Brassac était debout près de la table. Il avait l'air ennuyé d'être là. Il se balançait sur place, les deux mains pendantes. Alors je suis allé vers lui et je l'ai embrassé. J'aurais voulu lui dire quelque chose, mais je n'ai pas pu, et je crois que ça n'était pas la peine.
La cuisinière semblait dormir et pourtant, c'était d'elle que venait cette chaleur. Son petit oeil rouge tremblotait. Elle ronflait doucement, avec des gémissements quand le vent redoublait. A ce moment-là j'ai eu une impression bizarre. Il me semblait que nous étions quatre dans la pièce : nous trois et ce gros fourneau. Je sais bien que c'est idiot mais ce qui comptait le plus pour moi, c'était le fourneau.
De temps en temps, quittant sa femme, Brassac descend à Lyon pour satisfaire sa passion de la boisson et des filles.
Là, devant un public complaisant, il joue volontiers le hobereau excentrique.
Lorsqu'il regagne son domaine, il ramène souvent avec lui un chien perdu ; ainsi sa maison est pleine de chiens...
Cette fois, c'est une fille. Il était saoul ; elle, abrutie de sommeil. L'un suivant l'autre, ils arrivent chez lui, dans cette maison délabrée où il vit en sauvage entre sa femme et ses chiens. Et elle demeure, s'installe...
Dans le film que Denys de la Patellière a tiré du roman de Bernard Clavel, Jean Gabin a rencontré en Brassac un personnage à sa mesure.
(quatrième de couverture du volume paru aux éditions "J'ai lu" en 1958)
On ne peut jamais affirmer que l'on aurait fait ou que l'on n'aurait pas fait telle chose si tel événement ne s'était pas produit.
- Tu comprends, petite, c'est surtout quand on a raté sa vie qu'on voudrait avoir un gosse. On en a besoin. Pour faire en sorte que lui au moins, il ne rate pas la sienne.
Qu'est-ce que tu veux, faut vraiment être dégoûté du monde pour vivre là comme je le fais...Ou alors, faut-être comme Marie, être né là et n'avoir jamais pensé à la possibilité d'une autre vie.
« Selon lui, les chiens valent mieux que les hommes. […] Il aime les chiens, c’est tout. Mais il les aime vraiment. Il aime d’ailleurs toutes les bêtes. » (p. 42)