AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 250 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un petit bijou parfaitement ciselé.

C'est par la voix de Marthe que nous est contée cette histoire, à la fois si banale et si terrible. Marthe habite avec ses parents et son petit frère Léonce, aide à la ferme lorsqu'elle n'est pas à l'école et surtout, tente de protéger tant bien que mal sa mère de la violence de son père.

"Dans mon dictionnaire, je cherche la langue de Papa, comment la déminer, où trouver la sonnette pour appeler. Mais la langue de Papa n'existe qu'à la ferme, hélas. Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque".

Dès le début, le lecteur est prévenu, c'est bien à un drame qu'il va assister. Marthe a 16 ans lorsque sa mère succombe sous les coups. Et que par chance, sa rencontre avec Florent lui apprend que les corps peuvent être doux aussi.

"La bouche de Florent descend le long de mes cheveux. Je cherche sur ses lèvres des parents qui s'entendent et se comprennent. Je dois puiser dans cet amour".

Florent et Eschyle sont les deux béquilles de Marthe. Deux promesses d'évasion, l'un avec son amour, l'autre par l'instruction et la connaissance. "J'apprendrai leur grec. J'irai sur l'agora. Athènes sera ma seconde école, ma classe après la classe, l'entrée de mon étagère haut placée".

Marthe déborde de l'amour qu'elle porte à Léonce, son petit frère et à sa mère disparue. Un amour qui cache à peine la haine envers son père désormais emprisonné. Quitter Léonce pour suivre Florent aux États Unis sera une déchirure nécessaire, une façon de se donner une chance d'écrire une nouvelle page.

"Son odeur sur mon ciré, son goutte-à-goutte dans mes veines, naît, parle, éclaire et va chercher".

Là-bas, loin de la ferme, la vie se fait plus légère, plus douce. Marthe étudie, aime, s'épanouit.

"Aujourd'hui, je n'étais pas heureuse sans savoir pourquoi. Demain, je le serai de nouveau sans savoir comment. Je rame, le bonheur est là".

Mais Marthe n'oublie pas. Et lorsque le passé la rappelle, elle ne peut faire autrement qu'agir.

La plume de Nicolas Clément n'est que beauté, sublimant le moindre espace de nature, faisant naître l'émotion à chaque phrase. C'est magnifique.
Commenter  J’apprécie          21
Ce n'est pas un livre. C'est un être vivant. Qui se lit à voix basse. Qui caresse. Qui frappe. Qui étreint. Qui assoupit. Qui jamais ne fait pleurer, malgré la violence. Qui s'approprie totalement le lecteur. C'est un roman né de petits récits publiés sur un blog, le Bleu du Ciel, que Nicolas a malheureusement arrêté, brutalement, en 2006. Ce sont les 95 pages les plus lourdes de ma bibliothèques.
Commenter  J’apprécie          20
Je viens de terminer ce petit roman petit par le nombre de pages mais énorme par l'émotion qu'il en dégage.
Bien que narrant un sujet pas facile à traiter sans tomber dans le misérabilisme, NICOLAS CLEMENT a su l'aborder avec beaucoup de sensibilité et de poésie.
J'ai dû relire certains passages au moins deux fois pour en apprécier toute la saveur.
Cette histoire bouleversante relatant la peur,, les larmes, les coups, mais aussi des sujets comme l'amour, l'amitié m'a fait découvrir cet écrivain que je ne connaissais pas.
J'aimerai vous le faire découvrir à vous aussi !!!
Commenter  J’apprécie          50
Premier sentiment à la lecture de ce tout petit livre : la colère.
Dernier sentiment, deux heures après l'avoir refermé : la douceur.


Colère devant l'horreur racontée, ou plutôt « piquetée » : celle d'un homme qui bat sa femme, celle d'enfants voulant protéger leur mère, assistant quotidiennement au sang et à la morve. Et le drame, inévitablement. Et les conséquences, forcément.
Violence des mots. Horreur totale.
Enervement aussi devant cette manière d'écrire, si poétique, si imagée, qu'elle en devient parfois obscure.

Et puis, le livre refermé (on ne peut parler ici d'un roman, il s'agit plutôt d'un long poème), mon esprit chemine. Je veux relire certaines phrases, m'en abreuver. Et je trouve ça si beau...
« J'ai le coeur lourd et les racines liées »
« Je referme la pelote qui nous soude, cousue de tremblements »
« Je suis d'une fièvre qui perce et dure, jamais ne se repose, ni de cerisaie ni de mains autour »
« Je ne trouve plus mon frère dont le père a brisé le nez de Maman »

L'horreur, oui. Mais aussi l'espoir. L'amour. La beauté. le désir d'apprendre et de se hausser.
Ce roman poétique doit se lire lentement, se savourer. Peut-être ne doit-on pas le lire d'un seul tenant, comme je l'ai fait, malheureusement.
Ce livre m'a enlevée à mon quotidien et m'a fait apprécier, encore plus si je peux dire, la beauté des mots, à partir du moment où j'ai accepté que ce n'était pas un roman « classique », avec une histoire linéaire, écrit pour que tout le monde comprenne du premier coup.

De la colère à la douceur, il n'a fallu que quelques heures...
« Je voulais des livres pour construire une cabane à la cime des arbres »
Commenter  J’apprécie          3914
Ce petit roman poétique raconte l'histoire de Marthe, qui nous livre son parcours de vie.

« Aujourd'hui, il me reste peu de mots et peu de souvenirs. J'écris notre histoire pour oublier que nous n'existons plus ».

D'office, le lecteur se trouve dans un petit monde clos qui souffre. A douze ans, Marthe vit avec ses parents paysans et son frère Léonce dans une ferme loin du village. Elle prend soin de sa mère.

« J'aime habiller Maman, l'inviter dans ma chambre, recevoir son miroir, couvrir ses cicatrices. Car je voudrais que Maman, soit belle sans attendre mes mains, que tous voient ce que je vois, la source de mon or, l'épine qui me guide, son beau visage de travailleuse. »

Elle lit des histoires à son frère qu'elle appelle « son petit amour ». On sent dès les premiers mots poindre une douleur terrible, et Marthe est un petit pilier dont la mère et le frère ont besoin.

Sauf les fleurs, sauf le bonheur, ou sauf la douceur. La poésie, les images se bousculent au travers de ce texte merveilleux, et l'écriture, à la fois épurée et heurtée, sublime les émotions que l'on ressent très puissantes, dans cet univers tragique. Nicolas Clément est un auteur que je relirai. Je remercie l'ami babelio qui m'a mentionné cette lecture.
Commenter  J’apprécie          120
ah merci Audrey un grand merci pour cette sublime découverte. A peine lu quelques pages l'effet : grand coup, grande gifle et j.ai dû refermer le livre tellement ce récit est puissant et je me disais, excusez moi les mots : oh la vache quel bouquin une bombe ! et c'est peu de le dire, mon dieu quel bonheur et à la fois que de douleur dans ce court roman. Il y a très peu de livres qui me fassent cet effet violent et sublime de délectation à la fois, pour tout vous dire c'est le deuxième avec : le message d'Andrée Chedid. Quel style remarquable qui nous emporte, nous envoûte, nous éblouit...c'est fou cet effet en seulement 75 pages pour dire que chaque mot est utile avec toute sa force et sa magie.
Quant à l'histoire, magnifique dans la narration mais malheureuse dans l'origine, ce sujet traité de la maltraitance avec son lot de drames, d.enfance brisée, de femmes violentée mais malgré ce noir absolu la lumière persiste dans l'amour des enfants envers leur mère et vise versa...cette protection que les enfants tentent comme ils peuvent de maintenir autour de leur mère. Et ce père, la terreur, l'horreur, comment définir ce genre de personnage odieux, comment pourtant parvenir à l'ultime.
Prenez le temps de lire ce récit sublime, cette écriture incroyable j.en suis restée toute retournée, heureuse malgré tout d.avoir eu cette chance de savourer un texte de cette puissance et poésie. J'ai plus qu'adoré, il n.y a pas de mots suffisamment assez forts pour définir cette sensation étrange, lisez et vous comprendrez.
Je vais me pencher sur cet auteur à la plume incroyable.
Commenter  J’apprécie          173
"Par sa langue, Nicolas Clément crée rien moins qu'un territoire pour la beauté. C'est par la beauté qu'il nous tient, et non par le goût du malheur, du sang, du pire. C'est un tour de force." Valentine Goby
https://miniehouselook.wordpress.com/2016/02/26/sauf-les-fleurs-nicolas-clement/
Lien : https://miniehouselook.wordp..
Commenter  J’apprécie          10
Livre écrit avec subtilité. L'auteur arrive à nous faire vivre les sentiments de sa jeune héroïne. Un livre bouleversant.
Commenter  J’apprécie          20
Nicolas Clément use de la poésie, de la beauté des mots pour décrire l'ineffable, les coups, l'enfance volée, les vies détruites, l'éparpillement d'une famille composée de deux enfants « plus les parents ».

Marthe et Léonce feront tout pour protéger leur mère de la maltraitance de leur père, qu'ils subissent au quotidien. Mais le drame se produira.

Comment se reconstruire après un tel carnage ?

Une écriture qui claque, imagée, tellement belle, qu'elle rend encore plus indicible et forte cette histoire.

Ce roman ce lit en apnée tellement la puissance des mots égratigne le lecteur.

Encore une fois, merci à tous les Babelio(te)s qui m'ont donné envie de lire ce livre grâce à leurs critiques.
Commenter  J’apprécie          331
Sauf les Fleurs de Nicolas Clément respire le chef d'oeuvre, tant le style est d'une poignante originalité, où le langage est celui des mains et où les émotions qu'il fait surgir de ses mots sont charnelles aussi précises que dans le Parfum de Patrick Suskind , aussi subtiles que des senteurs fleuries.

Le lecteur est sans cesse renvoyé dans ses cordes," papa est notre langue étrangère, un mot , un poing,puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque", ou
"je cherche les yeux de papa pour un début de lien, un commencement de corde".

Alors pour qui Nicolas Clément écrit-il? , "j'écris pour oublier que nous n'existons plus", les mots sont là présents douloureusement ces mots quand "il désosse le visage de Maman",nous
"petits cochons dans la suie " .

Marthe que l'on suit depuis ses 12 ans, murit l'étrange histoire de son père, le bien le mal, pourquoi?, et peut-on s'en délivrer et comment ? C'est tout simplement l'histoire de l'Homme, de son humanité dans ce qu'elle a de plus banal puis parfois de plus destructeur.

Pourquoi écrire se demande Nicolas Clément,"ce qu j'ai écrit je l'ai vécu ", est ce suffisant ?
L'ambition du livre est bien plus dense, plus forte plus existentielle, comment protéger, sa mère bien sûr comme une urgence " Maman déborde sur moi,je ramasse ses cheveux, ne tremble plus", son frère bien sûr, elle est la seule encore capable de le sauver, de la honte de la terreur coupable, de la culpabilité de n'avoir pas su lui le petit Léonce sauver sa propre mère, alors vers quel chemin se tourner pour trouver une délivrance.

Marthe porte en elle la fougue d'Antigone, et d'autres figures du théâtre antique, elle traduit Eschyle, part en exil à Baltimore avec Florent " ma bouche a couru son sourire", est taraudée par la vengeance, elle a vingt ans, elle écrit pour Léonce "palpez comme tout commence", Mais" je ne suis pas triste Garonne a vêlé ce matin, la petite s'appelle Harmonie".

Collé à ce livre comme un bernicle je l'ai relu trois fois, juste pour les mots.
Commenter  J’apprécie          91



Lecteurs (466) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}