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3,92

sur 248 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lu en 2019. Un roman exigeant, à l'image de la plume de l'auteur, exigeante. Une écriture imposante dans sa force, comme un bien nécessaire. Comme pour le "Le sermon sur la chute de Rome", j'étais sortie de ma lecture subjuguée, envahie par tant de sentiments mêlés.
C'est un récit qui parle d'identité, de tradition, de combat, d'abandon, de culpabilité, de liberté et de mort. L'image, comme un "reflet de soi", est au coeur de ce roman, au centre de nos questionnements humains, intimes et universels : foi, doutes, justice, impunité, résignation, impuissance...
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« Je voulais une mère avec des épaules pour poser mes joues brulantes. Je voulais un père avec une voix pour m'interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un chien avec un passé de chat pour ne pas oublier qui j'étais. [...] Je n'ai pas eu tout ce que je voulais mais je suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie d'absente d'avant. »

Un très court roman, presque une nouvelle, qui frappe par son style époustouflant, d'une rare inventivité, qui sert parfaitement l'histoire. Tour à tour saccadé, brutal, déstructuré quand il s'agit d'évoquer le père violent, et doux et poétique quand il s'agit d'évoquer la mère et le petit frère.

"Je suis d'une fièvre qui perce et dure, jamais ne se repose, ni de cerisaie ni de mains autour. Au cimetière, j'ai des larmes assises sur leur jour d'aimer : Maman est partie. »

D'une langue travaillée, pétrie, façonnée, malaxée, sculptée surgissent des phrases d'une puissance et d'une musicalité rares. Syntaxe et ponctuation sont chahutées à l'image de l'esprit de la narratrice, la jeune Marthe, parfois, au bord de la folie. Les mots s'enchevêtrent pour décrire sa vie cabossée, heurtée, fracassée et tissent un roman âpre et violent d'une beauté saisissante.

« Dans notre ferme, il n'y avait pas beaucoup d'air, nous manquions de terre profonde, mais nous avions des racines qui couraient sans déranger les pierres."

"Chaque sourire me soutient que la vie est bonne, qu'il ne faut pas toujours chercher à comprendre mais relever les coeurs tombés. Quand la tristesse vient miauler dans mes jambes, je la prends sur mes genoux, j'appose mes mains de guérisseuse et je t'offre mon dos rond. Aussi, quand tu pourras, sois fier de ce que nous n'avons pas reçu et qui nous sert d'épines."
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Préface de ce livre écrite par Valentine Goby :

"Nicolas Clément crée rien moins qu'un territoire pour la beauté. C'est par la beauté qu'il nous tient, et non par le goût du malheur, du sang, du pire. C'est un tour de force."

- Grâce de ce roman, chaque image compte.

L'écriture de Nicolas Clément ne ressemble à aucune autre,
une pluie de velours entourée de ronces !

Une plaie à vif, qui mord et qui déchire,
douleur indicible de l'enfance brisée,
d'une maman massacrée,
d'un Papa qui ne sait parler qu'avec ses poings.

"J'avance dans le noir - j'ai dix huit ans".

" Je manque un peu de tout et ne rêve qu'en moitiés".

"Chaque sourire me sourient que la vie est bonne, qu'il ne faut pas toujours chercher à comprendre mais relever les coeurs tombés".(p.59)

Livre percutant comme un long et violent coup de poing !

Trente six chandelles qui brûleront la vie de Marthe à travers ses mots d'une musicalité nue et d'une puissance étincelante !

Bouleversant !

* pour finir, écrit dans Le Nouvel Observateur par Isabelle Monnin, ces mots :
"Sidérante, la langue de Nicolas Clément est d'une poésie de ronce".



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Un roman qu'on referme avec, déjà, la nostalgie de cette écriture poétique. Reste une sensation de douceur, le sentiment d'avoir touché du bout des doigts l'humanité du personnage de Marthe.

Et ce, malgré la noirceur du récit.

Car Marthe est lumineuse et belle, nimbée de ces phrases magnifiques qui crient son amour pour son frère, pour sa mère, pour Florent, d'une manière si juste.
Ces mots mélangés de façon inattendue, mais qui résonnent si fort. On s'oublie presque, pour plonger avec délice dans ce méli-mélo si parlant et cette langue merveilleuse.

En quatrième de couverture, on trouve cette expression pour qualifier l'écriture de Nicolas Clément : "une poésie de ronces" et c'est exactement ainsi que je le perçois.

Il y a des jours où la rencontre complètement fortuite avec un livre si puissant nous fait douter de l'existence du hasard.
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Je ne sais pas pourquoi, avant même de commencer ce livre, je savais que je l'aimerais.
On a parfois des intuitions, comme ça.
Et ce fut le cas, un véritable coup de coeur.
Quatre personnes dans une ferme.
Les parents et deux enfants.
Le père est violent, d'une violence inouïe.
Le trois autres se réfugient dans l'amour qu'ils se portent.
Marthe a sept ans au début de l'histoire, elle en a vingt à la fin.
Plus que l'histoire, douloureuse et tendre à la fois, c'est l'écriture qui est magique.
Quelle puissance dans le choix des mots,
quelle beauté dans la tournure des phrases
quelle poésie pour décrire l'horreur.
Peu de gens écrivent aussi bien, c'est très rare.
C'est un enchantement pour l'esprit, pour le coeur.
Un texte comme un poème, un long poème en prose.
Un livre à relire pour savourer toutes les choses qui ont du nous échapper,
parce que c'est riche, tellement riche des sensations, d'émotions.
Il y a tellement de phrases et de passages à relever, à admirer, à se souvenir.
Un pur moment de magie et de bonheur.
A lire et à relire, encore et encore
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Alors là, que dire?
L'écriture est d'une poésie incroyable pour raconter cette histoire bouleversante, autant pour la tristesse que pour la renaissance de son personnage central.
J'ai pleuré dans mon lit, j'ai pleuré dans le train, j'ai pleuré sur la plage. Comme j'ai pleuré devant la triste banalité de cette violence qui est sublimée par une écriture magnifique.
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Si je n'étais tombée sur une critique élogieuse de ce livre,je ne l'aurais pas acheté. Ne serait ce que par le format, à peine 90 pages,moi qui aime les pavés. Et comme j'aurais eu tort! Quelle langue magnifique ! Comment l'auteur, techniquement, travaille t il? Comment le récit naît il chez lui? Par les images ?par les mots ?
C'est l'histoire de Marthe et Léonce,les enfants qui grandissent dans un contexte de violence extrême et dans une ambiance très fruste où les mots n'ont pas de place. C'est l'histoire de Marthe surtout qui grâce à son institutrice et à Eschyle va,un moment donné,mettre des mots sur sa vie ,se construire et s'équilibrer.
Mais la violence de son enfance la rattrape et elle va venger la mort de sa mère. L'amour et Eschyle ne seront pas suffisants pour qu'elle échappe à son passé . C'est un roman court et sombre mais les images suscitées par les mots décousus sont des feux d'artifice ou peut être...des feux de détresse...
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Les premières pages m'ont déroutée.
Et puis je suis entrée sans crainte dans les paroles de Marthe, qui vit avec son petit frère et leur maman. Leur père, je n'en parle pas, c'est un monstre.
Les pages se suivent au rythme d'une écriture très poétique et sans barrières. Les mots s'enchainent, et le lecteur ( la lectrice) que je suis se laisse bercer par l'harmonie des phrases.
La vie de Marthe sera marquée par un premier drame, par un grand amour et par des émotions, des émerveillements, et de grands chagrins.
J'ai trouvé ce livre bien trop court, mais je pense sincèrement qu'il faudra plusieurs lectures pour percevoir toute la richesse de cette écriture vraiment très originale.
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Claque poétique. Douleurs et espérances du récit tetanisent avec douceur le lecteur.
Une véritable découverte durant cette période de confinement. Un véritable écrivain dont j'attends la parution d'un prochain texte. Il est philosophe de formation et dieu merci nulle trace de démonstration dans ce poème épique de courte distance qui m'aura bouleversé. Un entretien de l'auteur nous conduit à lire l'Orestie d'Eschyle. On y retourne, hélas.
https://youtu.be/nHbqnaBqQVw
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Un bijou d écriture!
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