Citations sur Les Décharnés, tome 1 : Une lueur au crépuscule (28)
Je fus d’abord scié qu’un homme puisse se relever d’un tel choc et avec des blessures pareilles mais je compris bien trop vite que monsieur Tomate était déjà loin. Le visage de l’homme qui avait annoncé son décès se décomposa lorsqu’il le vit se tenir devant lui comme si de rien n’était. Mon appréhension grandit lorsqu’une nouvelle série de cris, toujours plus proches, se fit entendre. À ce moment-là, le monde tel que je le connaissais se fit la malle.
Ce monde était désespérément fou. Il ne m'autorisait même plus un instant de lâcheté.
Une réunion de tous les partis politiques de toutes les confessions, de toutes les tendances sexuelles, de toutes les couleurs de peau. Tous unis sous une seule bannière: celle de la faim, l'envie de nous dévorer. Une vraie tolérance apocalyptique.
Elle passa maladroitement le bout de ses doigts sur ma joue.
- Tu avais de la terre, murmura-t-elle timidement.
Cet élan de tendresse me laissa sans voix et je lui caressai furtivement les cheveux avant de lui prendre la main et de l'entraîner vers le sommet de la colline. Les zombies manifestèrent leur colère dans un déferlement de cris de rage lorsqu'ils virent nos silhouettes disparaître entre les troncs des chênes et des pins qui tapissaient le versant.
L'insupportable bordel marseillais devait à présent être un véritable enfer méditerranéen. J'imaginais la métropole ravagée par des hordes de forcenés, la Canebière jonchée de cadavres (...).
La horde, lente mais déterminée, continuait à gagner du terrain à quelques dizaines de mètres, dans une scène de course poursuite dont le cinéma n’aurait jamais voulu. Les zombies avançaient péniblement tels des pantins désarticulés tandis que le héros, un vieillard au ventre proéminent, fonçait sur son bolide à quarante kilomètres-heure. James Bond en serait mort hilare.
La horde, lente mais déterminée, continuait à gagner du terrain à quelques dizaines de mètres, dans une scène de course poursuite dont le cinéma n'aurait jamais voulu. Les zombies avançaient péniblement tels des pantins désarticulés tandis que le héros, un vieillard au ventre proéminent, fonçait avec son bolide à quarante kilomètres-heure. James Bond en serait mort hilare.
L’appel de la faim était le plus fort et la meute, unie par cet appétit insatiable, y répondait à l’unisson.
Des gens fuyaient à travers champs ou couraient sur la route, loin du carnage qui s’étalait sous mes yeux, mais la majorité continuait à affluer vers mon domicile, dernière lueur d’espoir pour beaucoup. Mais le plus terrible était ces hommes et femmes qui pourchassaient les fuyards. […] Ils semblaient n’avoir qu’un but : tuer et se repaître de la chair de leurs victimes.
Combien de personnes mes récoltes avaient-elles permis de nourrir ? Combien avaient seulement essayé d'imaginer quel homme se cachait derrière ce qu'elles dévoraient ? Probablement aucune. J'étais le chose de ces gens, un père nourricier qu'ils auraient honte de voir, un être désavoué dont la vie n'avait aucun sens. J'aimais mon métier, mais je voyais enfin à quel point il m'avait aliéné. Maintenant que je me battais pour moi, chacun de mes faits et gestes prenait sens. Une seule chose m'importait : survivre. Qu'importe ce qu'il me faudrait faire. Je survivrai.