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EAN : 9782846313568
232 pages
Editions Bellier (01/07/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Isabelle mène l’enquête dans un bourg perdu des Landes de Gascogne : elle vient d’apprendre de la bouche même de son père mourant qu’il est un enfant naturel.
A Saint-Lou-des-Landes, les rares témoins qui acceptent de la recevoir lui révèlent un monde archaïque où régna un notable tout puissant au charisme ambigu, le Docteur D., son grand-père.
Peu à peu, Isabelle identifie et apprivoise une douleur intime de toujours.
Mais surtout, elle fait vé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici un livre écrit avec la même beauté de style que « Cinq zinnias pour mon inconnu » de la même auteure. Avec autant de métaphores et de jolies paraboles, mais peut-être un peu plus sombres.
Cette fois, l'histoire est celle de deux soeurs qui découvrent au seuil de la mort de leur père que celui-ci est un enfant naturel, et décident de partir découvrir qui était leur grand-père.
Ne pas savoir de qui notre père est né et ne pas connaître l'histoire de sa conception n'est déjà pas facile à vivre ; mais découvrir que cet ascendant mystérieux était un docteur respecté et renommé très riche, qui a fermé la porte au nez de son fils naturel l'unique fois où il est venu le voir, est une dure réalité pour Marie-France Clerc, qui s'attribue le prénom d'Isabelle.
Le Docteur D. n'a pas eu de descendance reconnue. Isabelle et sa soeur tentent donc d'entrer en contact avec ses cousins et ses nièces.
Le voyage est long et elles se heurtent à une volonté farouche de taire les faits. Comme dit l'auteure, le péché n'est pas d'abandonner son enfant, mais que cela soit dit. Tous savent mais aucun d'eux ne veut avouer la vérité et leur rejet est violent. Ils ne sont pas sensibles à la démarche des deux femmes, encore moins à leur besoin de se situer dans le cycle naturel des généalogies. Salir le souvenir du grand docteur D. serait pire que tout.
L'auteure décrit extrêmement bien les sentiments ressentis. Comme ce sentiment de ne pas exister, face à quelqu'un qui ne daigne même pas répondre quoi que ce soit, qui vous fait sentir coupable d'être devant lui ; puis qui vous procure un immense sentiment de soulagement lorsqu'il s'apprête à parler enfin, car tout est bon à prendre lorsqu'on n'a rien.
Comme elle dit, Madeleine, la mère naturelle de son père, a vécu cette horreur, niée doublement dans son amour brusquement interrompu et dans cet enfant dont elle ne sut jamais si le père accueillit la naissance puisque jamais il ne répondit à ses lettres.
Mais la persévérance des deux femmes les conduit à un étrange testament où le Docteur D. explique comment en 1914, dans la cour de l'orphelinat où son 141ème RTI venait de rejoindre les régiments d'active, il aurait résisté au charme de Madeleine.

Je n'en dirai pas plus. A cette époque qui est la nôtre, jusqu'à laquelle la Convention internationale des droits de l'enfant donnait alors à celui-ci, dans son article 7, le droit de connaître son père et sa mère et d'être élevé par eux dans la mesure du possible, l'enfant est en train de perdre ce droit fondamental car notre société officialise progressivement l'accès à l'enfant pour répondre aux désirs de n'importe quel adulte et de n'importe quelle forme de couple d'adultes. Bientôt, les polyamoureux pourront eux aussi se faire fabriquer un enfant artificiellement, le concevoir comme cela les arrangera ou en adopter un officiellement. le mariage est dénaturé, vidé de sa substance qui faisait de lui une institution jusqu'alors censée protéger la filiation.
Et dans ce contexte où l'Etat a abandonné la défense des besoins prioritaires de l'enfant, ce récit n'en est que plus douloureux dans la vérité qu'il dévoile.
Je suis très friande des récits de vie et je recommande fortement la lecture de « Silence en forêt, un enfant de la guerre ».
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Vous vous sentez pompée, flouée, meurtrie, salie, brusquement dépossédée de votre superbe, désormais piégée, réduite à une façade, vous n’êtes plus qu’une enveloppe creuse, comme ces mouches, ces papillons ou ces insectes collés sur une toile d’araignée abandonnée, et qui balancent leurs carcasses desséchées, vidés depuis longtemps de toute leur substance. Amasser, exploiter, dominer, mépriser, camoufler et toujours garder la face, telle fut la pente de votre lignée. Mais aujourd’hui, vous n’êtes plus qu’une coquille vide accrochée à un cadre périmé. Vertige…
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« Le coucou pond ses œufs dans le nid d’un autre oiseau, de 8 à 25 œufs dans autant de nids différents.
Il se nourrit d’insectes, surtout de chenilles que les autres oiseaux délaissent par peur de s’empoisonner.
On croit que la raison de sa conduite vient du fait que le coucou se nourrit d’insectes toxiques et que cette nourriture n’est pas bonne pour ses petits. Le parent par procuration donnera donc au bébé une nourriture saine. »
Mieux vaut être abandonné et élevé par d’autres que d’être nourri par un parent toxique, conclut ma sœur.
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Dans le rond de Saint-Lou, il est une maladie qui mortifie les relations sociales, ronge les liens familiaux et dénature les valeurs morales ; une maladie aussi pernicieuse qu’Armillaria ostoyae dont les toxines mortelles peuvent contaminer les jeunes générations pendant des décennies : c’est la maladie du secret. Le péché, ce n’est pas de tromper sa femme ou son mari, ce n’est pas de refuser de reconnaître sa paternité ou de laisser les autres élever vos enfants. Le péché, c’est que cela soit dit. Personne ne témoigne de rien, donc rien n’existe, et la maladie diffuse ses toxines en secret, portées par un puissant réseau de relations souterraines qui la disséminent de façon surprenante à des yeux extérieurs…
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Je poursuis, tête haute. Et tandis que je parle, Madame, vous commencez à réaliser que vous avez devant vous les descendantes du Docteur D., celles qui ont « persécuté » votre cousine Nani, celles qui ont « forcé le domicile » de votre cousin Bernat, celles qui ont suborné votre cousin Gaston dont la femme a osé révéler l’existence du Testament. Maintenant, Doux Jésus, c’est à vous qu’elles s’en prennent ! Et vous me fixez avec effroi, comme si j’étais un scolyte tueur de pins. Je reprends :
- Oui Madame, ce document qui vous a tant fait rire, vous et vos cousines (et disant cela, je sens mon dos qui se redresse encore), pouvez-vous nous en faire une photocopie ?
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