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Citations sur Le coeur de l'Angleterre (226)

Assis dans la partie gauche de la nef avec les parents et amis de la mariée, Sohan ne pouvait s'empêcher de penser que les mariés formaient un couple remarquable, mais il était tout de même très surpris, pour ne pas dire dérouté : Sophie avait toujours dit qu'elle ne se marierait pas en blanc. Elle avait même dit qu'elle ne voulait pas se marier à l'église. Et d'ailleurs qu'elle ne voulait pas se marier du tout.
Il faudrait peut-être lui poser la question après la réception. (...)
- Tout ce que j'ai, je le partage avec toi, dit la mariée d'une voix solennelle et fragile, dans l'amour de Dieu, le Père, le Fils et le Saint Esprit."
Potter, fieffée hypocrite ! pensa Sohan. Tu ne crois pas plus en Dieu que moi.
Autre question à aborder après la réception. Mais il entendait d'ici ce qu'elle répondrait : "C'est la jalousie qui te fait parler, parce que, toi, tu ne peux pas te marier." Ce qui était vrai pour l'instant, encore que le bruit courût que Dave Cameron allait y remédier et qu'une nouvelle législation était dans les tuyaux. Ce ne serait pas trop tôt, en ce qui concernait Sohan qui revendiquait le droit à l'hypocrisie devant sa famille et ses amis.
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La route était encombrée et ils mirent plus d’une heure et demie à arriver chez Benjamin. Au cœur même des Midlands, ils suivaient à peu près le cours de la Severn et traversèrent ainsi les villes de Bridgnorth, Alveley, Quatt, Much Wenlock et Cressage, itinéraire paisible et sans rien de saillant, uniquement ponctué par des stations-service, des pubs et des jardineries, avec des panneaux patrimoniaux marron qui trompaient la lassitude du voyageur en lui faisant miroiter des réserves naturelles, des gîtes historiques et des arboretums. L’entrée de chaque village était signalée par un panneau à son nom accompagné d’un feu clignotant qui indiquait à Benjamin la vitesse à laquelle il roulait et l’invitait à ralentir. « Quel cauchemar, hein, ces radars qui te piègent ! dit Colin. Tu peux plus faire un mètre sans qu’ils t’extorquent de l’argent, ces enfoirés. — Ça limite les accidents, il faut croire. » Son père émit un grognement dubitatif. Benjamin alluma le poste qui était comme d’habitude sur Radio 3. Coup de chance, il tomba sur le mouvement lent du trio pour piano de Fauré. Les contours mélancoliques et sans grandiloquence de la mélodie lui parurent non seulement accompagner parfaitement les souvenirs de sa mère qui se bousculaient dans sa tête, et sans doute dans celle de son père, mais aussi constituer un écho sonore aux virages amples de la route, et même aux verts éteints du paysage qu’elle traversait. Que cette musique soit typiquement française n’y changeait rien ; il y entendait un fond commun, un esprit partagé : il s’y sentait parfaitement chez lui. « Éteins-moi ce boucan, tu veux bien, dit Colin. On pourrait pas écouter les infos ? »
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Avril 2010
L’enterrement était achevé. La réception se dispersait. Benjamin décida qu’il était l’heure de partir. « Papa, je crois que je vais bouger. — Très bien, je viens avec toi », répondit Colin. Ils se dirigèrent vers la porte du pub et s’éclipsèrent sans dire au revoir à personne. La rue du village était déserte, silencieuse au soleil tardif. « On ne devrait pas s’en aller comme ça, tout de même, dit Benjamin en se retournant vers le pub d’un air perplexe. — Et pourquoi ? J’ai parlé avec tous ceux avec qui je voulais parler. Allez, viens, conduis-moi à la voiture. » Benjamin tendit le bras à son père qui s’y accrocha d’une poigne incertaine. Il tenait mieux sur ses jambes, de cette façon. Avec une lenteur indescriptible, ils prirent la direction du parking. « Je ne veux pas rentrer chez moi, dit Colin. C’est au-dessus de mes forces, sans elle. Emmène-moi chez toi. — Bien sûr », répondit Benjamin, le cœur sombrant dans sa poitrine. Le moment de quiétude qu’il s’était promis, solitude, méditation avec verre de cidre à la vieille table en fer forgé, murmure de la rivière qui ondulait son cours hors du temps, tout cela disparut en fumée dans le ciel de l’après-midi. Tant pis. Son devoir était auprès de son père aujourd’hui. « Tu veux passer la nuit chez moi ? — Ah oui, je veux bien », acquiesça Colin, mais sans lui dire merci. C’était un mot qu’il ne disait guère, ces temps-ci.
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Pendant tout ce temps, il n'avait même pas tellement réfléchi à son histoire, ou sa saga, ou son roman-fleuve - quel que fût le genre littéraire dont relevait cette oeuvre maudite. Agitation, le projet auquel il travaillait depuis ses études à Oxford, à la fin des années soixante-dix , comportait aujourd'hui environ un million et demi de mots , soit un peu plus que les oeuvres de Jane Austen et E.M. Forster réunies. Il avait en effet entrepris d'allier une fresque de l'histoire européenne depuis l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun, en 1973, à un compte-rendu scrupuleux de sa vie intérieure sur la même période , le tout encore compliqué par l'adjonction d'une " bande-son" également de sa composition dont il peinait à définir avec précision la relation avec le texte. ce machin informe, tentaculaire, prolixe, trop ambitieux, mal inspiré, impubliable, partiellement illisible et largement inécoutable s'était mis à peser sur Benjamin comme une chape de nuages. Il ne pouvait se résoudre à l'abandonner, mais il avait perdu toute faculté d'évaluer s'il avait le moindre mérite. P. 145.
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Les gens aiment bien se mettre en colère à propos de tout et de rien. Bien souvent, le moindre prétexte est bon. Je les plains. Je pense que dans la plupart des cas...il ne se passe pas grand chose dans leur vie. Sur le plan affectif je veux dire. Soit que leur couple se dessèche , ou qu'ils aient sombré dans la routine, je ne sais pas. En tout cas ils ne ressentent plus grand chose. Aucune stimulation affective. Et on a tous besoin d'éprouver des émotions , non ? Alors quand quelque chose nous met en colère, au moins, on ressent quelque chose. Ça donne un coup de fouet émotionnel.
p. 66.
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(Sophie) jeta un coup d'oeil furtif à droite et à gauche mais ses voisins ne semblaient pas avoir remarqué d'où émanait le message, ni même que message il y avait. Elle réfléchit un instant et répondit :
Demande à PA s'il est d'accord avec l'idée que les Français prennent les livres plus au sérieux.
La réponse de Sohan ne mit pas longtemps à arriver - un emoji pouce en l'air. p. 45.
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Le directeur de département de Sophie, Martin Lomas, cinquante-deux ans, était professeur d'histoire européenne, spécialisé dans le rôle joué par le lin dans les accords commerciaux entre la Grande-Bretagne et les pays Baltes au début du XVII° siècle, sujet sur lequel il avait déjà écrit quatre ouvrages. p. 323.
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Il sortit en maugréant de la voiture et se dirigea en traînant les pieds vers l'immense magasin tandis que Benjamin verrouillait les portières, enfilait son manteau et pressait le pas pour le rattraper.
Un fois à l'intérieur, Colin regarda autour de lui, à gauche, à droite, dérouté par ce qu'il voyait, abasourdi par l'échelle de tout ce qui l'entourait. Il fit quelques pas au rayon femme et se retrouva confronté à des rangées entières de bas, de soutiens-gorge, de culottes en dentelle à perte de vue. S'il s'attendait à être assailli par le tintamarre, l'odeur et l'atmosphère dopée à la testostérone de l'ancienne chaîne de montage, son désarroi se comprenait.
« Qu'est-ce que c'est que tout ce bazar ? demanda-t-il en se tournant vers Benjamin.
- C'est un magasin, Papa. C'est un Marks & Spencer. On ne fabrique plus de voitures ici.
- Où est-ce-qu'on les fabrique, alors ? »
Bonne question.
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« Ma ville ? Non, pas vraiment. Londres n'appartient plus aux Londoniens.
- Et à qui alors ?
- Aux étrangers, essentiellement. Aux vrais étrangers. »
Comme Sophie lui jetait un regard en coin, il ajouta : « Cet immeuble où nous nous trouvons, la dernière attraction vedette de Londres, tu crois qu'il est britannique ? Il est la propriété du Qatar à 95%. Même chose pour ces nouveaux immeubles de bureaux étincelants que tu vois d'ici. Ces tours d'appartements luxueux avec vue sur le fleuve. Sans parler de Harrods, cette fabuleuse institution anglaise vénérable entre toutes. Nous sommes en train de nous vendre morceau par morceau depuis des années. Par les temps qui courent, il suffit de se promener en centre-ville pour avoir de fortes chances de fouler une terre étrangère. »
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Avril 2010

L'enterrement était achevé. La réception se dispersait. Benjamin décida qu'il était l'heure de partir.
"Papa, je crois que je vais bouger.
- très bien, je viens avec toi", repondit Colin.
Ils se dirigèrent vers la porte du pub et s'éclipserent sans dire au revoir à personne. La rue du village était déserte,silencieuse au soleil tardif.
"On ne devait pas s'en aller comme ça", tout de même dit Benjamin en se retournant vers le pub d'un air perplexe...
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