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Citations sur Ô vous, frères humains (43)

Ô vous, frères humains, vous qui pour si peu de temps remuez, immobiles bientôt et à jamais compassés et muets en vos raides décès, ayez pitié de vos frères en la mort, et sans plus prétendre les aimer du dérisoire amour du prochain, amour sans sérieux, amour de paroles, amour dont nous avons longuement goûté au cours des siècles et nous savons ce qu'il vaut, bornez-vous, sérieux enfin, à ne plus haïr vos frères en la mort. Ainsi dit un homme du haut de sa mort prochaine.
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Une vieille bonne si dévouée et depuis quarante ans dans la famille, les bourgeois adorent ça, et leurs yeux illuminés d'idéal s'attendrissent de confort charmé, et parce qu'ils raffolent de pratiquer leur amour du prochain, amour qui n'engage à rien, à rien qu'à sourire, ils sourient beaucoup à cette esclave et prochaine, fort aimée mais peu payée, à chaque ordre donné lui sourient saintement, lui montrent leur squelette de bouche, lui adressent un message dentaire d'amour du prochain, ce qui ne coûte pas cher et les épanouit et dilate de perfection morale.
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Page blanche, ma consolation, mon amie intime lorsque je rentre du méchant dehors qui me saigne chaque jour sans qu'ils s'en doutent, je veux ce soir te raconter et me raconter dans le silence une histoire hélas vraie de mon enfance.
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Brusquement, comme l'année passée à l'arrêt de La Plage, j'imaginais que j'allais recevoir le don de faire des bonds de dix mètres, des bonds qui me vaudraient l'intérêt et surtout l'affection de ces passants qui viendraient tous me féliciter. Je me levai donc et me mis en position de réceptivité magique, m'efforçant de ne porter nul obstacle à la grâce et de me rendre léger. Rien ne venant, je me haussai sur la pointe des pieds pour attirer le miracle des sauts immenses. On me bouscula et je perdis l'équilibre et la foi."
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Oh, ces comiques mâles qui circulent velus descendants d'anthropopithèques, et adorateurs de la force, animal pouvoir de meurtre, qui circule en croyant qu'ils seront toujours vivants, et ils discutent avec une basse passion de cette chère équipe de football qui n'aurait pas du être battue, et qu'elle coup pour l'honneur national, et c'est la faute de ce fumier d'arbitre, et ils discutent aussi, avec une fureur d'amour, de la glorieuse victoire de leurs héros national, cet admirable coureur cycliste qui sait tout aussi bien qu'un singe remuer vite ses pattes sur deux roues, et ils le vénèrent et l'adorent ces crétins, et de sa victoire ils sont heureux, ces malheureux, et ils ne se doutent pas que le bois de leur cercueil existe déjà dans une scierie ou dans une forêt et les attend.
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Oh, cette imbécilité de croire que si on était intelligent et tendre on ne pouvait pas ne pas être aimé. Je ne savais pas encore que les hommes n'aiment que la force qui est en fin de compte pouvoir de tuer."
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Quelques minutes auparavant, je m'étais avancé vers la table du camelot avec un sourire d'enfant et je partais maintenant avec un sourire de bossu. Je m'étais avancé en offrant les roses de mon coeur et on m'avait jeté au visage, à mon visage confiant et neuf, un paquet d'immondices.
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Pour moi qui vis avec ma mort depuis mon enfance, je sais que l'amour et sa soeur cadette la bonté sont les seules importances. Mais comment le faire croire à mes frères humains ? Jamais ils ne le croiront en vérité, et je suis resté le naïf de mes dix ans. Mais je dois leur dire ce que je sais et advienne que pourra de ma folie. O vous, frères humains, connaissez la joie de ne pas haïr. Ainsi dis-je avec un sourire, ainsi dis-je en mon vieil âge, ainsi au seuil de ma mort.
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C'est pour tenir ma promesse à l'enfant de dix ans que morosement j'écris ces pages sans espoir. Car je sais que les hommes ne pleureront pas après m'avoir lu et qu'ils ne m'aimeront pas plus qu'avant.
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Oh, ces jeunes dames provisoires qui circulent en croyant qu'elles seront toujours vivantes, mignonnettes allantes et du talon tapantes, fières et armées de leurs deux gourdes laitières présomptueusement avancées, toutes de la race des majorettes, toutes arborant leurs cocasses derrières fortement moulés, toutes démangées, de montrer le plus possible de leurs viandes, toutes sur leurs lèvres peintes cet appel rouge des femelles, louche fanal allumé, toutes par l'exhibition violente d'une muqueuse significative affirmant leur grotesque souci de susciter le désir des mâles, toutes allant, jacassantes et médisantes, avec tant de hâte et de gaieté, toutes vers leur durable silence, à jamais assagies, à jamais vertueuses.
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