Avec «
avant la haine »,
Thierry Cohen nous livre un roman différent, émouvant et dérangeant.
Dérangeant parce qu'il explique comment on peut basculer dans la haine, dans le radicalisme. Dérangeant au point d'être nié par les critiques, boycotté par la presse.
Différent parce qu'il est véritablement à l'opposé des précédents romans de
Thierry Cohen.
Emouvant parce que l'auteur y livre une large part de lui-même.
«
Avant la haine », c'est l'histoire de Mounir et Raphaël, 2 enfants différents mais que cette différence rend tellement semblable.
Différents entre eux, par leur religion, l'un juif, l'autre musulman.
Différents mais unis par leur nationalité, marocains immigrés en France mais tellement semblables dans leur soucis t'intégration.
Le roman commence par le départ de Raphaël, il quitte la France avec sa femme et ses enfants.
Petite à petit, le roman va nous livrer les raisons de ce départ, passé ce premier chapitre, on revient sur la vie de Raphaël en France depuis ses 6 ans et on parcourt avec lui, toutes les années où il a grandi et fondé une famille dans ce pays qu'il considérait comme le sien.
Mais quel est ce drame qui l'a poussé à partir ? Pourquoi son amitié avec Mounir s'est-elle transformée en haine ?
C'est ce que l'auteur va nous faire comprendre, au fil des pages, des chapitres, évoquant leur amitié, leurs différends.
Le roman est superbement construit, se basant sur l'actualité et les heures noires vécues en France, telles que les attentats du métro
Saint Michel, les agressions antisémites mais aussi la venue au pouvoir de Mitterrand, le mouvement « touche pas à mon pote » et, avec eux, l'espoir d'un changement des mentalités qui n'arrive pas.
Il met aussi l'accent sur les incompréhensions entre religions, incompréhensions qui peuvent mener aux pire horreurs.
«
Avant la haine » nous aide aussi à comprendre comment notre société pousse les jeunes dans cette haine, qui peut parfois basculer vers l'intégrisme et ce, simplement par de l'indifférence. Il est tellement facile de « parquer » les gens dans des banlieues ghetto, de les oublier, afin qu'ils ne dérangent pas. Malheureusement, certains en profitent pour « récupérer » ces jeunes et les pousser vers l'intégrisme.
Ce roman m'a aussi énormément touché, on ne peut s'empêcher de se prendre d'empathie pour les personnages, pour Raphaël, pour Mounir mais aussi à toutes les ethnies, religions, minorités que notre société rejette.
Tout au long de la lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser que quand Raphaël parlait, c'était
Thierry Cohen qui s'exprimait, qu'une partie de son histoire se trouve dans ce roman. Ce qui le rend encore plus émouvant.
Un roman riche, émouvant, dérangeant à lire sans hésiter en rêvant qu'un jour il puisse y avoir « après la haine »