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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La fin de Chéri (suite de Chéri) de Sidonie Gabrielle Colette - lu en novembre 2018.
J'avais quitté Chéri au moment où il quittait Léa, peu avant la guerre 14-18.
Je le retrouve six ans plus tard à la fin de cette guerre.
Chéri ne va pas bien, une guerre, ça laisse des traces.
Il est devenu amer, il ne trouve plus goût à grand chose et pensait bien avoir oublié sa maîtresse Léa. Il approche de la trentaine, sa femme Edmée ne l'intéresse plus, elle ne l'a d'ailleurs jamais fort intéressé. Edmée, elle, s'occupe de blessés de guerre dans un hôpital. Ils n'ont plus du couple que le nom.
Sa mère aussi est moins présente. Il faut dire que Chéri a vécu toute sa vie entouré de femmes qui l'adulaient.
Un jour autour d'un thé, il entend parler de Léa, il va la revoir.
Une seule fois. leur rencontre est un désastre, elle a vieilli, pensez-vous, plus de 60 ans ! Il peine à la reconnaître. Il ne la reverra plus. Il décide de vivre seul et s'installe chez la Copine espérant trouver de l'apaisement à ses tourments mais il y a sur un mur une grande photographie de Léa au temps de sa splendeur. Chéri va de plus en plus mal, il n'a plus rien ni personne à qui se raccrocher et décide alors d'en finir avec cette vie qui n'a plus de sens pour lui.
Finalement, Léa aura été la seule femme pour qui Chéri a éprouvé de l'amour.
Colette nous fait dans ce roman une belle analyse des caractères des principaux personnages, de leurs défauts, de leur apparence mais toujours avec finesse.
En quelque sorte, une étude sur le temps qui passe et la nature humaine.
Elle s'envole dans ses descriptions. C'est magnifique.
J'ai passé un bon moment avec vous Madame Colette,
vous m'avez transporté dans un monde que je n'ai pas connu, celui du début du 20ème siècle.




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Ce commentaire concerne les deux romans "Chéri" et sa suite "La fin de chéri".

Il émane du style de Colette un arôme de nostalgie subtile et désespérée, un tendre relent de rose surie, une légère senteur de putréfaction : c'est une vraie fabrique de parfums.

Les années passeront et détruiront peu à peu la charmante apparence de ceux qui servaient de support à notre irrépressible besoin d'amour. Comme Chéri, nous consacrerons notre vie à poursuivre l'illusion créée par cette vulnérabilité fondamentale, ce trou en nous qui appelle l'amour sans contrepartie, presque sans réciprocité, celui que seule pourrait nous apporter une mère qui, bien entendu ne serait pas notre mère, mais une amante ; une amante qui, plus qu'une personne, serait un lieu, un espace protecteur qui ne disparaitrait jamais ; où nous pourrions nous lover en toute sécurité mais que nous resterions libres de quitter à tout moment puisque jamais il ne se refermera derrière nous.

Bien sûr ce lieu n'existe pas.

Notre quête sera vaine.

Et à la fin il ne nous restera que de vieilles photographies que nos yeux useront, et nous demeurerons à jamais inconsolables.

Tel est l'amour au masculin selon Colette.



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Colette disait qu'elle avait beaucoup plus de difficultés à traiter "La fin de Chéri" que "Chéri". L'enfant gâté a grandi. La guerre (14/18) est passée par là et comme beaucoup d'hommes, Chéri en revient envahi d'un mal être qui le rend tour à tour misanthrope, jaloux et atteint d'un spleen dont il ne se libérera que par la mort salvatrice. Il ne lui était plus possible de croire en l'homme. Quant à l'amour, le seul véritable qu'il ait connu, le Temps l'a balayé, transformé. La belle Léa est devenue la vieille Léa dont "la jupe unie, la longue veste impersonnelle entr'ouverte sur du linge à jabot, annoncait l'abdication, la rétractation normales de la féminité, et une sorte de dignité sans sexe". Il n'en faut pas plus pour que la neurasthénie dont souffre violemment Chéri s'entretienne et le maintienne : "Désormais, je n'occuperai partout que la moitié d'une place...". Léa et la guerre l'ont à jamais "maintenu hors du temps". C'est un de ces romans foisonnants de détails psychologiques qui prêtent à analyse, réflexions et échanges divers sur la condition de l'homme meurtri et désabusé par des conflits qui le dépassent et sur l'amour, l'unique amour dont il est dit que l'on en meurt.

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Encore une fois, je salue le style de Colette, tellement sincère, avec une pointe de poésie et de mélancolie qui amène à des réflexions et à une fin tragique absolument parfaite... C'est inimitable ! Je vais m'empresser de découvrir d'autres romans de cette charmante Dame...
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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La Grande guerre a rendu Fred Pelloux à sa vie d'avant … décoré, entier, mais différent : encore plus sombre. En fait, Chéri en a sans doute trop souffert mais n'en parle jamais. Il traîne sa nostalgie et sa vacuité comme jadis, en plus profond.

Edmée, sa jeune épouse, a pris la main à la maison. Elle s'est affranchie, à tous les niveaux. Elle travaille dans un hôpital pour soigner les blessés. Elle est courtisée, voire plus, par le médecin-chef. Chéri n'est pas jaloux puis que ce fut un mariage de convenances.

Chéri erre dans les beaux quartiers et puis, irrésistiblement, il rend visite à Léa, qu'il n'a pas revue depuis leur rupture, cinq ans auparavant. Elle a tourné la page, terriblement vieilli, le cheveu dru et gris et grossi. le choc est rude. Cruelle description des femmes vieillissantes. Extraordinaire style de l'écrivaine, qui n'a pas pris, lui, une ride.

Chéri ne veut plus habiter avec sa femme, supporter ses déjeuners, ses nouvelles relations professionnelles, sa mère qui s'est muée en femme d'affaires … Il se réfugie chez La Copine, une ancienne prostituée, qui le gave d'anecdotes.

Devenu intransigeant, il juge sévèrement les jeunes veuves de guerre qui réclament des maris neufs. Alors que Léa était selon lui sa pire ennemie, celle qui lui pardonnait tout et ne lui passait rien. « le pire, ce n'est pas son âge à elle, c'est le mien ».

Chez la Copine, il retrouve un mur de photos de Léa, de sa carrière de courtisane d'avant leur liaison. Léa et Chéri, pour lui, c'est le paradis perdu. La seule période de sa vie où il a aimé et était aimé.

Sa lente descente aux enfers s'achève lors d'une absence de la Copine. Chéri ne le supporte pas. Il préfère disparaître.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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« La fin de Chéri » est plus que la suite de « Chéri » : c'est le dénouement intime (tragique) permettant d'éclairer l'impitoyable cruauté des âmes décrite dans le premier récit. Initié adolescent à l'amour par une cocotte dont il resté amoureux, le jeune homme après guerre se rend compte que, désiré pour son physique, il évolue dans un monde sans sentiment, piloté par l'intérêt, la cupidité, l'acquisivité. Désarçonné, désabusé, désoeuvré, irrésolu, oisif, le personnage ne comprend plus pourquoi on bouge autour de lui. « Y a-t-il des circonstances atténuantes à votre activité, du moins ? » demande-t-il un jour ingénûment à sa mère. Mais dans son entourage, on ne le comprend plus. Alors il se contente de contempler « sa maison vide et illuminée ». « Abandonné » affectivement comme le qualifie Colette à la fin du récit, le jeune homme passe son temps à attendre quelque chose qui ne vient pas. Pour combler l'ennui, prenant en chaque circonstance un « plaisir de passant assis dans un square », il se contente d'observer le monde de haut (« tu n'es pas à part, lui dit son épouse, tu es au-dessus de tout ») et laisse filer le temps jusqu'à ce qu'il en prononce lui-même la fin. C'est pathétique mais très touchant. Et, évidemment, cela est admirablement écrit.
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