J'ai lu "
La fin de Chéri" juste après "
Chéri" et j'ai trouvé le style plus abouti (il s'est passé plusieurs années entre les deux
romans) et plus fouillé, mais aussi moins vivant, moins léger. En fait, malgré les personnages qui restent les mêmes, les deux
romans sont complètement différents parce que la première guerre mondiale est passée par là, que ce soit pour les personnages comme pour la romancière. Je ne sais plus où j'ai lu que Colette avait une écriture "impressionniste", qu'elle était capable de poser une ambiance par petites touches : c'est tout à fait le cas dans les deux
romans, et on pourrait dire en quelque sorte qu'elle passe avec "
Chéri" d'un tableau évoquant l'univers de
Berthe Morisot à un autre, dans "
La Fin de Chéri", évoquant davantage
Marcel Gromaire, plus réaliste, plus sombre et noir. Entre les deux
romans, il y a eu la Grande Guerre, et malgré son déni, Fred Peloux l'a subie de plein fouet. Sa rencontre avec Léa (que l'on n'aperçoit que le temps d'une scène et n'est plus l'héroïne) n'est que le révélateur de ce "choc des tranchées" qu'il éprouve. Après celle de la Belle Époque, l'ambiance de l'après-guerre est admirablement bien retranscrite, mais je ne peux m'empêcher de garder une préférence pour "
Chéri" parce que Léa de Lonval est un personnage fabuleux !