Mitsou ou Comment l'esprit vient aux filles

Sur les conseils d'une amie, me voici plongée dans les affres de l'amour…
Courte pièce de théâtre qui se lit d'une traite.
Je n'ai pas vraiment accroché au style , un peu vieillot malgré un thème encore tout à fait d'actualité.
Ce ne sera pas encore cette fois que j'apprécierai Colette à sa juste valeur

Mais comment un roman écrit en 1919 peut-il être encore si moderne ?

Difficile de décrire Mitsou, parce que Colette ne s'embarrasse pas du genre. Elle commence par une pièce de théâtre (avec ses didascalies assez drôles), puis bifurque vers un roman épistolaire. Au trois quart du roman, elle fait intervenir un narrateur pendant la scène de la rencontre, puis retourne jusqu'à la fin au format épistolaire.

J'ai aimé cette alternance, parce que les différents genres littéraires choisis par Colette sont à chaque fois ceux qui correspondent le mieux pour narrer l'histoire.

Mitsou, jeune femme de 24 ans, est actrice de music hall. Elle est plutôt sérieuse, sans spontanéité et partage sa vie depuis trois ans avec un quinquagénaire que l'on pourrait qualifier d'ennuyeux.
La vie de Mitsou bascule quand par un jeu de hasard comme il existe au théâtre un lieutenant doit se cacher dans sa loge.
Ils se plaisent, il retourne à la guerre, ils s'ecriront.

Au fil des lettres, l'attirance devient plus forte. Par de jolies tournures de phrases, ils se livrent et ils s'aiment.
Oui mais quand vient la rencontre, c'est le coup de foudre pour l'une et la désillusion pour l'autre.

Et je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec les moyens de rencontre aujourd'hui, avec ces applications et ces réseaux sociaux qui permettent d'échanger et de se livrer par écrit avant de se rencontrer.
Mitsou, c'est un nom de scène. Elle nous le dit, on ne saura jamais son vrai prénom. le lieutenant bleu, c'est Robert mais il n'utilisera jamais son prénom dans leur correspondance. C'est Mitsou et le lieutenant bleu, deux pseudos, deux avatars qui se parlent et s'imaginent.

Comme il est facile d'idéaliser l'autre, quand on ne le connaît qu'à travers des échanges bien tournés. le lieutenant bleu vit mal la rencontre : il ne la trouve pas très futée, ne la trouve belle que quand elle est triste, il a envie de dormir au lieu de l'aimer, il n'aime pas son appartement. Il veut partir en courant mais il se sent obligé par toutes les belles choses qu'ils se sont dites.

Il filera au petit matin et lui fera porter une lettre prétextant un départ imminent. Mitsou le sait, ses sentiments ne sont pas partagés et c'est d'ailleurs cette dernière lettre du livre (la réponse de Mitsou) qui est la plus intéressante du roman. Mitsou qui parait simple mais qui a l'intelligence du coeur, le troisième sens de l'amour a compris qu'elle ne le reverrait plus jamais malgré les promesses de son lieutenant bleu.
Plus futée que prévue la petite, fallait-il pour cela qu'elle rencontre l'amour ?

2 pièces courtes sur le thème de l'amour, la fidélité et la conscience morale. Toujours une belle écriture.