Résidence de l'ambassadeur d'Allemagne à Paris, l'hôtel de Beauharnais est célèbre pour le fascinant portique égyptien qui en orne la façade principale depuis 1803. Il se dévoile désormais pleinement au sein d'une monumentale monographie qui couronne dix années de recherches et de restauration conduites pour l'Ambassade d'Allemagne par le Centre allemand d'histoire de l'art à Paris. Riche de nombreux essais, une première partie retrace l'histoire du bâtiment, de sa construction en 1713 par le très en vogue architecte Germain Boffrand à sa transformation en ambassade durant le XIXe siècle, sans omettre son acquisition en 1803 par la future Impératrice pour le compte de son fils Eugène. Si l'hôtel a certes connu des mutations, il est loin d'être un palimpseste juxtaposant les styles. Il a su conserver une remarquable homogénéité :
Louis XIV en façade, l'Empire en son sein. « Dans le théâtre austère de la fin du Grand Siècle se joue à l'évidence une remarquable pièce napoléonienne », souligne
Alexandre Gady dans l'essai qu'il consacre à la première période de l'histoire de l'hôtel. Cet exceptionnel témoignage du style Empire se découvre pièce après pièce dans la deuxième partie de l'ouvrage, du vestibule au salon cerise en passant par la salle du trône et le bureau de l'ambassadeur, jusqu'au boudoir turc, témoignage unique aujourd'hui de la mode orientaliste sous le Consulat. On soulignera enfin la remarquable campagne photographique qui a été menée pour donner naissance à cet ouvrage.
Par
Olivier Paze-Mazzi, critique parue dans L'Objet d'Art 531, février 2017