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3,67

sur 84 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un wagon de RER qui surgit hors de la nuit ,
Court vers la banlieue au galop ...

A bord, ce ne sont pas des héros , juste des hommes et des femmes que le hasard a réuni pour un bref instant mais qui ressemble à une petite vie en raccourci, et qui même s'ils s'épient , restent chacun dans leur bulle .

Ce trajet dans un paysage gris et pluvieux où tout se fond et s'obscurcit , bercé par le ronronnement des roues, troublé par le reflet sur la vitre qui renvoie une image déformée, scrutateur sans pitié, déclenche pour chaque passager une rétrospection pour la plupart douloureuse, c'est le moment où les souvenirs affluent , parfois anciens , de ceux qu'on avait eu du mal à enfouir et qui reviennent comme une gifle .

Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie, chacun se pose la question et entraine le lecteur dans cette même interrogation ?

Anne Collongues par petites touches donne la parole à ces 7 passagers : des vies chaotiques, des événements tragiques et au bout, souvent des impasses.

Beaucoup de mélancolie dans ce huis clos muet .

Puis, au fur et à mesure que les voyageurs avancent vers leur destination, le rythme s'accélère, les récits se bousculent, se mélangent, s'entrechoquent , on range fébrilement ses pensées comme on rangerait ses bagages avant l'arrivée imminente sur le quai, fort des résolutions prises, une lueur d'espoir ou le bout du tunnel , on n'en saura pas plus et c'est bien comme cela.

Le lecteur aussi débarque sur le quai, un peu ébouriffé par ce moment intime , un peu triste aussi d'avoir quitté ce wagon mais un autre roman l'attend, un nouveau départ vers une destination inconnue ...
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Belle maîtrise pour ce premier roman. Une langue fluide, des personnages fouillés à la psychologie fine, un fil conducteur original. Je me suis régalée, portée par le talent narratif de l'auteure qui dessine à l'aide de traits fins un petit monde de gens ordinaires et pourtant singuliers. Vous, moi, ceux que nous côtoyons tous les jours. Passionnant.

Un wagon de RER, quoi de plus impersonnel ? Sur fond de paysages de banlieues-dortoirs, on s'y croise sans se voir, on y affiche un masque qui tient les autres à distance, on y est anonyme parmi les anonymes. Et pourtant, derrière les visages lisses et fermés, il y a des vies, des désirs, des souffrances. Sous les bonnets et les casques audio, des pensées affluent, s'agitent, s'étirent. Dans ce wagon, ils sont sept passagers, ne se connaissent pas, empruntent ce train pour des raisons et dans des états d'esprit éminemment différents. Marie, Laura, Alain, Cigarette, Chérif, Liad, Franck. Au gré des mouvements et des arrêts, leurs esprits vagabondent et leurs vies défilent entre volonté de fuir, espoir de renouveau, tristesse, regrets, peurs, envies d'ailleurs.

Ce wagon les rassemble pour un court moment et leur offre une sorte de sas de décompression, une parenthèse hors du temps et loin de leurs contraintes si pesantes. Comme un refuge. L'occasion de faire le point, de repenser à ce qui aurait pu être, à ce qui peut encore être, pourquoi pas ?

Anne Collongues nous offre un concentré d'humanité en posant un regard juste sur toutes ces vies rassemblées et pourtant livrées à elles-mêmes. Car chacun se retrouve seul face à ses choix. La communauté n'est qu'une illusion. Chacun peut sentir sur ses épaules un fardeau de culpabilité qu'il est seul à supporter. Au cours de ce trajet, certains destins pourront peut-être se modifier, des décisions se prendre, mais la solitude, elle, demeure.

Même si le sujet et le traitement sont très différents, je n'ai pu m'empêcher de penser pendant toute ma lecture au livre de Pierre Charras, Dix-neuf secondes qui continue à résonner en mois malgré les années. Je retrouve ici cette façon de soudain donner vie à celui qui nous semble anonyme au point que nous ne le regardons même pas. Celui avec lequel nous partageons pourtant la même planète. Cette façon aussi d'interroger le principe de destin. Et si… ?. Et si, dans ce wagon, quelqu'un avait parlé avec Marie ?...

Avec beaucoup de finesse, ce livre nous parle de notre solitude au milieu de la multitude. Et laisse planer un fin voile de tristesse sur ces quelques destinées à peine entrevues. C'est joliment fait, très convaincant et sacrément agréable à lire.

« On peut essayer d'interpréter les apparences, y associer des occupations, des caractères, mais ce que chacun pense, ressent, rêve, toute cette agitation invisible, cela reste mystérieux et inaccessible, aussi intime soit l'autre (…). »
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Au gré de récentes lectures de critique sur Babelio, j'ai découvert le terme de "littérature blanche". Si j'ai bien compris, "Ce qui nous sépare" en fait partie.
Un soir, région parisienne, dans une rame de RER ...
Sept passagers ...
Aucun ne se connaît, aucune parole ne sera échangée ...
Et pourtant, tous sont si proches.
Proches les uns des autres, à travers un simple regard échangé, les préjugés sur ce jeune homme basané qui vient de monter dans le wagon, les gestes nerveux de tel autre, l'apparente mélancolie de cette jeune fille ...
Proches de nous, aussi, surtout. Qui n'a jamais fait cette expérience, de s'imaginer la vie de compagnons d'un instant ... Ou de se demander ce que son voisin de banquette pense, de ma lecture, de ma barbe de trois jours, de mon sourire béat ...
Anne Collongues, dans ce court roman, excelle à donner vie à ses personnages, à leurs pensées. Par petites touches imperceptibles, par saut de puce d'un personnage à l'autre, elle décrit une humanité vibrante, pleine de douleurs, de petites joies aussi. Même si il faut bien reconnaître qu'il vaut mieux ne pas être trop mélancolique avant de prendre ce RER ...
Mais malgré cette tristesse qui s'installe, par la grâce de mots ciselés par l'auteur (l'autrice ?), c'est la vie qui s'étale devant nos yeux. Parce que Anne Collongues décrit notre humanité.
Et on laisse à regret les passagers, sans avoir de réponse à toutes les questions, les interrogations qui sont les leurs ...
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Un très beau roman, très bien mené, sur un voyage en RER via le regard de sept personnages. Chacun ont leurs préoccupations, certains veulent s'enfuir, s'échapper, d'autres se préparent pour un moment particulier. L'écriture est très fluide, Anne Collongues parvient à nous faire rentrer dans ce même wagon et on se retrouve au milieu de ces personnages, on les observe, on les observe s'observer, c'est un très bon moment. Leurs pensées s'entrecroisent parfois, on passe d'un personnage à un autre, en toute simplicité et fluidité. Un excellent premier roman !
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Anne Collongues a écrit un roman à lire comme on écouterait une chorale. Les voix des personnages s'élèvent, parfois en solo, parfois intimement mêlées avec une grande virtuosité. Tantôt forte, tantôt mezzo-voce, les voix des sept passagers nous donnent à entendre une chanson souvent poignante dans ce RER quittant Paris, la nuit, pour une lointaine banlieue.

La première a monté dans la rame est Marie, une très jeune femme aux joues encore rondes de l'enfance. Elle s'est précipitée dans ce train comme si sa vie en dépendait. Elle fuit des pleurs de nourrisson, un homme qui s'éloigne, une vie qui a déjà le goût du regret. Les autres passagers ne voient d'elle que sa jeunesse et sa beauté, que la douceur de son visage endormi. Elle ne voit pas arriver Alain, un homme passionné par l'astronomie, qui a choisi de venir habiter Paris pour ne plus voir les étoiles. Ces fichues étoiles qui osent encore briller quand pour lui le monde s'est arrêté. Plongé dans sa grille de sudokus, il ne s'est pas rendu compte que Cigarette, une femme dans la quarantaine, une longue brindille qui semble préférer l'ombre à la lumière, les a rejoints.

le RER continue sa course et c'est au tour de Chérif de monter, "drapé" de sa panoplie de caillera , indispensable pour s'intégrer dans la cité. Il est inquiet, guette sans cesse un sms de Céline. Ce qu'ils ont fait risque de se payer cher. Laura arrive, l'allure chic et pleine d'assurance d'une chargée de communication, un vrai mensonge sur pattes.Elle s'est créée un personnage, par peur d'être jugée inintéressante, insignifiante. Liad, un jeune Isralien, débarqué le matin même de sa ville natale, la regarde, lui, avec admiration. Liad, c'est un peu le "Usbek" de Montesquieu. Il découvre la France par un froid soir d'hiver, au travers des passagers de ce RER. Il ne manque au choeur que Franck, la cinquantaine au bord de l'explosion, à la fois victime et bourreau, enlisé dans la routine, dérouté par la distance grandissante entre lui et sa famille.

le RER avance dans le noir et les sept personnages, rassemblés dans la rame, sont autant de solitudes qui se côtoient. le RER avance dans le noir et les personnages aussi. Pratiquement tous "patinent' dans leur existence et la chanson d'Anne Collongues a des accents de saudade...

Pas d'effets de style dans ce roman, mais une observation attentive de chaque personnage, une construction par petits détails qui nous fait pénétrer au rythme des stations qui défilent, dans l'intimité de ces silhouettes fatiguées que tout semble séparer.

Un beau roman choral





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Dans « Ce qui nous sépare » Anne Collongues imagine des vies dans ce RER qui chaque soir traverse la banlieue parisienne. Des vies qui se croisent et se percutent sans se parler, sans se toucher, alors qu'il leur manquerait juste une étincelle d'humanité pour se rencontrer…
Bien sûr, à la lecture des premières lignes de ce premier roman, j'ai pensé à celui de Pierre Charras « Dix-neuf secondes » qui décrit ces rencontres, ces instants de vie avec tellement d'acuité et de réalisme que lorsqu'on qu'on l'a lu et qu'on prend le RER pendant des heures chaque jour, on ne regarde plus jamais autour de soi de la même façon.
Dans le wagon, il y a Marie, jeune maman, elle ne supporte plus les pleurs de son bébé, elle aime Gaétan plus que tout mais semble anéantie face à ce quotidien tellement éloigné de ses rêves d'adolescente. Il y a Cigarette, elle n'a pas su saisir sa chance et partir au loin avec celui qu'elle a aimé un jour, il y a si longtemps, depuis elle aide ses parents à tenir le bar PMU, parce qu'elle ne sait pas dire non, parce qu'elle ne rêve pas d'un ailleurs à conquérir. Il y a Cherif, il a su saisir l'occasion et le job qu'on lui a proposé pour se sortir de la cité, celle où pourtant règne une forme de solidarité. Il y a Liad, il arrive d'Israël et rêve d'une autre vie, sans fusils et sans armes. Il y a Alain, lui vient d'arriver à Paris et sort d'un tunnel affectif mais va retrouver celle qui lui redonnera l'espoir. Il y a Franck, il rejoint son pavillon, là, il se sent incompris, mal aimé, isolé.
En fait, dans ce wagon, des solitudes, des espoirs déçus, des attentes se croisent sans jamais se rencontrer, silence, peur de l'autre, de ce qu'on imagine ou qu'il projette mais qu'il n'est pas forcément, et qui nous laisse seul avec nos doutes, nos interrogations, nos solitudes. Des destins se forment, se décident, s'interrompent, face à la ville et au paysage qui défile, au quai tellement vide même quand il est peuplé de voyageurs qui attendent, face à la nuit qui défile à la fenêtre. Et le lecteur de se dire, et si ? Et si quelqu'un avait parlé, si les lèvres s'étaient entrouvertes, si un sourire s'était esquissé, si seulement un regard avait effleuré, si les mots s'étaient échappés, auraient ils suffit pour changer un destin ?
Voilà un beau premier roman, porté par une superbe écriture toute en finesse et en détails, Anne Collongues explore des sentiments et dévoile des décors, des mouvements, montées, descentes, sonneries stridentes, démarrages, et silences, tous très visuels, comme dans un film qui se déroulerait là, sous nos yeux.
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Il y a des livres qu'on n'ose pas trop ouvrir, la peur de ce qu'on va y lire, et la peur de ce qu'on y découvrira, peur d'être un peu trop chamboulée.
Et puis, l'aventure des "68" c'est aussi ça. Partir à l'inconnue et se lancer. Donc j'ai commencé la lecture à petits pas, en essayant de m'immiscer doucement dans cette voiture de RER. Pas facile de se retrouver avec tous ces gens qui regardent, observent, dorment...
J'ai découvert des tranches de vie sombres, belles, bouleversantes, compliquées mais toujours imbriquées de manière plutôt jolie. Chacun a son histoire qui se complète un peu avec celle du voisin ou qui cherche un lien qu'elle ne trouvera jamais. Mais peu importe, l'éphémère est la caractéristique des transports en communs !
J'ai trouvé ce livre très bien écrit même si au départ il m'a fallu me familiariser avec les nombreux personnages. Les mots, les phrases nous emportent dans le tourbillon du voyage, s'activent quand on prend de l'accélération et ralentissent quand on freine.
Anne Collongues a le mérite de décrire avec brio les psychologies de personnages tourmentés. Elle éclaire certains actes, certaines pensées pour que le lecteur soit envouté et omniprésent dans l'analyse. On ressort en se disant qu'on comprend certains mécanismes mis en place par les protagonistes de ce livre
J'ai passé un bon moment de lecture.
Lien : http://leslecturesdelailai.b..
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Un joli premier roman choral où des vies et des pensées s'entrecroisent dans la promiscuité d'un wagon.
Une plume à suivre pour les prochaines publications!
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Un roman choral en huis clos

L'histoire se déroule en huis clos dans un RER qui part de Paris vers la banlieue.
Sept passagers montent à différents arrêts. Chacun est dans ses pensées sans parler à son voisin, sans même le regarder ou à peine de façon fugace.

On comprend vite que certains sont à un tournant de leur vie ou viennent de vivre un drame comme Alain, passionné de nature et d'étoiles qu'il contemplait au télescope, qui maintenant habite au milieu du béton et comme Laura qui quitte son travail plus tôt tous les mardis pour se rendre dans une clinique.

Certains peinent à rentrer chez eux, c'est le cas de Franck qui se sent exclu dans sa famille auprès de sa femme et de ses deux enfants ados dans une maison où il y a l'impression que personne ne l'attend. de même Cherif craint de rentrer chez lui et dans son quartier après l'erreur qu'il a commise, il craint des représailles de la part de son frère et de sa bande d'amis dans laquelle il a pourtant tout fait pour se fondre, quitte à simuler.

Après une rencontre importante dans sa vie, Liad vient à Paris après trois années de service militaire en Israël. Ne supportant plus les pleurs de son bébé et le regard que son compagnon porte désormais sur elle, Marie a fui son domicile. Cigarette a été contrainte de revenir aider ses parents au bar PMU de son enfance.

Dans ce roman à la douce mélancolie, au milieu de descriptions de bribes de paysage aperçues par les vitres du train, il est question de culpabilité, de regrets, de non-dits, de manque d'assurance, de vie qu'on s'invente parce qu'on se sent minable, de désir de rebondir...

Dans ce roman d'introspection choral en espace clos, les histoires, sortes de petites nouvelles, se succèdent et s'enchevêtrent joliment vers la fin. Elles nous content en peu de mots les histoires de personnages solitaires et attachants dont la psychologie est finement analysée, des personnages qui restent dans l'esprit après avoir fermé le livre. Une belle découverte.

Un livre à lire idéalement lors d'un voyage en train.



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Je viens de refermer ce livre, que j'ai totalement découvert par hasard, au gré de mes vagabondages en brocante. Et j'ai très envie de dire qu'il m'a beaucoup plu.

Pour un premier livre, c'est une réussite ! Et comme je suis convaincue qu'on se rencontre avec les livres, celui-ci m'a chopée au tournant. Tout est simple, l'écriture, l'histoire, le style, mais cette simplicité me touche. D'autant plus que si vous prenez le RER, vous reconnaîtrez ce questionnement de savoir pourquoi cette personne assise dans le carré d'à côté a ce regard dans le vague, vers où va celle qui vient de monter en courant au dernier moment du sifflement des portes.

Ce livre raconte les destins qui se croisent sans réelles interactions entre eux, mais la vie n'étant simple pour personne, "ce qui les sépare" ne les rapproche-t-il pas ? J'ai beaucoup aimé le style de fin du roman, cet entrelacs de vies, et il est difficile de quitter ces personnages au rythme de leur descente du train.

Je retiens le nom de cette auteure, que j'aimerai lire de nouveau j'en suis sûre.
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