"C'est l'instinct maternel, toutes les femmes le possèdent."
"Et moi?" s'interroge Marina face à son petit Marco qui lui pompe toute énergie faute du lait qu'elle n'a pas.
Mario,son mari, lui parle sans la regarder, mais n'en pense pas moins:"La dernière des mères.Un cas désespéré."
"Je n'y arriverai jamais." se persuade celle qui, désirable, faisait tourner les têtes dans les fêtes.
Un mois à la montagne pour retrouver le sommeil et calmer l'enfant? Pourquoi pas! Seule à seul!
Et la voilà à se morfondre avec son bébé brailleur, au dessus de l'appartement de son propriétaire Manfred, le guide.
-Bonjour.
-Bonjour.
Ca claque sec, comme une roche, détachée d'une corniche, dont l'écho se répercute au fin fond d'une faille.
Manfred, peu loquace, est beau, mais son visage sillonné de rides parle de l'abandon de sa mèredans son enfance, du départ de sa femme et des enfants qu'il ne voit plus(encore que, bon débarras!).
"Un solitaire".
D'ailleurs ses frères et lui c'est du pareil au même "des hommes qui font fuir les femmes".
Voilà Marina intriguée.
"Il ne s'étouffe pas avec le drap sur la figure?" s'inquiète la fille de la pâtisserie face à la poussette.
Chuttt!!!
Le mois s'éternise.L'enfant grandit.Les chuttt!! aussi.
Enfin,dans la tête de Marina, lorsque l'enfant lui crie "Maman va-t-en" et qu'elle le met en danger en s'évadant dans des rêveries,des regrets,des souvenirs d'avant.
"Le gosse pleure,elle hurle".
Du vin. Elle a bu et le petit qui est tombé ne se réveille pas.Vite les urgences!
Le passé gifle Manfred avec cette mère qui n'en est pas une et une étrange relation ambigue va s'installer entre eux.
"Une femme qui agit comme ça avec mon fils, moi,je lui en colle une".
L'amour sera-t-il plus fort que la haine?Peut-on réparer l'indicible du genre toutes les femmes qui couchent sont des putes?Une relation faussée peut-elle se reconstruire?
Avec des mots dépouillés, secs comme ces montagnards bourrus cloitrés dans leurs retranchements, Cristina Commencini se met tour à tour dans la tête de Marina et de Manfred pour extirper les non-dits qui pourrissent la vie.
Mario, le mari a-t-il son mot à dire?
Chacun cache des blessures, même Marco dont le crane est recousu!
Un beau livre à la fois tendre et dur.
A signaler que
Quand la nuit de
Cristina Comencini (auteur de plusieurs romans et scénariste qui a organisé à Rome le rassemblement des femmes anti Berlusconi) a été sélectionné avec
Côme de
Srdjan Valjarevic et Les mille et uns jours des Cuevas de Juan Manuel Florensen, pour le prix des lecteurs varois 2011 qui sera attribué lors de la fête du livre du Var les 18,19 et 20 novembre prochains.